Élections communales : quel est le bilan de la majorité PS-MR-Ecolo à Ath ?

À l'approche du 13 octobre, on fait le point sur la dernière législature commune par commune.
La mandature 2018-2024 marque un tournant majeur et la fin de l'ère Duvivier. Après avoir été l'homme fort de la cité des Géants, Marc Duvivier est évincé de la liste du Parti Socialiste (PS) peu avant les élections. Déterminé à poursuivre son engagement politique, il crée alors sa propre formation, la Liste Athoise. Malgré un score solide de 31 % des suffrages, il ne parvient pas à obtenir la majorité absolue, ouvrant la voie à une nouvelle configuration politique.
Peu avant les élections, deux clans se créent au niveau des socialistes, expliquant en partie les résultats du scrutin 2018. Le PS reste par ailleurs le premier parti même s'il perd 5 sièges. Appelé à Ath par la section locale, c'est finalement Bruno Lefèbvre, ancien bourgmestre de Chièvres qui remporte l'écharpe maïorale avec seulement 162 voix d'avance.
La nouvelle majorité : PS-MR-Ecolo

Avec ses 11 sièges, le PS n'a d'autres choix que de s'entourer. Bruno Lefèbvre se lance alors dans une tripartite composée du MR et d'Ecolo, chacun disposant de quatre sièges. Avec un total de 19 sièges sur 29 au total, la tripartite s'assure une majorité confortable face à la Liste Athoise.
Si les premières années de mandature sont assez stables sur le plan purement politique, 2023 marque un premier changement dans l'hémicycle et plus particulièrement au sein de l'opposition. Trois conseillers de la Liste Athoise, qui n'ont jamais caché leur appartenance aux Engagés, décident de se désolidariser du parti et de siéger comme indépendants. Début 2024, c'est dans les rangs du MR que des tensions éclatent. L'échevine Nathalie Laurent démissionne de son poste d'échevine pour siéger comme indépendante. Elle sera remplacée dans ses fonctions par Florence Pottiez.
Une priorité : redresser les finances de la ville
La mandature 2018-2024 a été marquée par une rigueur budgétaire sans précédent, imposée par une situation financière délicate. En collaboration avec le Centre régional d'aide aux communes (CRAC), la majorité met en place un plan de gestion strict. Des efforts sont demandés dans tous les services, mais la ville doit affronter la crise du Covid et la guerre en Ukraine qui influent sur le prix des matériaux notamment. En 2021, la Ville adhère au plan Oxygène, afin d'équilibrer le budget. Grâce à une gestion rigoureuse, la dette passe de 80 millions d'euros à 60 millions, soit une diminution de 25 %.
Mais cette trajectoire financière a aussi des répercussions sur les services publics à commencer par l'enseignement qui est l'un des premiers secteurs à devoir faire des économies. Les cours de néerlandais non-subsidiés sont arrêtés et la ville met en vente deux écoles vétustes, celle d'Houtaing et celle de Moulbaix.
Durant la mandature, la ville se sépare aussi de plusieurs biens communaux, dont le parking souterrain de l'Esplanade.
Des mesures d'économie qui créent aussi des tensions notamment autour de la zone de police. Le sujet revient régulièrement sur la table du conseil et crispe majorité et opposition. Dans ce dossier, deux philosophies s'affrontent : d'un côté la logique budgétaire et une réalité économique compliquée et de l'autre, les réalités de terrain avec des effectifs policiers soumis déjà à de nombreuses normes. La confection du budget 2024 est complexe et l'avenir s'annonce compliqué. Des choix devront être opérés.
Des investissements malgré une marge de manoeuvre réduite
Malgré des finances serrées, la majorité PS-MR-Ecolo a su maintenir un certain nombre d'investissements importants et ce grâce à une recherche accrue de subsides et des choix réfléchis.
Niveau enseignement, ce sont plus de 2 millions d'euros qui sont investis. Trois nouvelles classes sont construites à Arbre, tandis que l'école de Ghislenghien fait l'objet d'une rénovation complète. Les enfants bénéficient également désormais de soupe gratuite.
Au rayon petite enfance, alors que le bâtiment de la crèche des Coccinelles en face de la gare était vétuste, une solution a été trouvée à la rue du Fort. La majorité s'est lancée dans la création d'une nouvelle structure pour rapatrier à la fois les Coccinelles, mais aussi pour étendre la capacité d'accueil. 26 lits supplémentaires sont ainsi créés.
Le gros projet de cette mandature est sans nul doute la rénovation de la piscine communale. Débutés en février 2021, les travaux ont duré un an et demi pour un investissement de près de 5 millions d'euros, subsidié à hauteur de 2,1 millions. Cette rénovation permet d'offrir un outil plus fonctionnel et adapté aux nageurs, mais aussi de réduire la consommation énergétique de 30 à 40%.
Un projet qui a pu bénéficier du travail de la régie communale autonome créée en 2020. Cette RCA travaille aussi au niveau de l'abattoir communal et a décroché des subsides non-négligeables. Si l'avenir de l'abattoir revient régulièrement sur la table du conseil, des travaux de mise en conformité notamment ont été réalisés sous cette mandature.
La ville s'investit aussi au niveau de l'environnement et de l'énergie. Grâce à des investissements dans les biens communaux comme la pose de panneaux photovoltaïque ou encore la modernisation de l'éclairage public, des économies non négligeables sont effectuées. L'extinction de l'éclairage publique la nuit permet une économie de 15%. La propreté publique devient aussi le fer de lance de la nouvelle majorité. L'installation de poubelles de tri, de PAV supplémentaires ou encore de cendriers en centre-ville contribuent à l'amélioration de l'environnement. La majorité axe aussi son travail sur la sensibilisation et la prévention organisant différentes actions.
Des initiatives pour lutter contre les inondations ont également vu le jour, avec la création de zones d'immersion temporaire à Rebaix notamment.
Mobilité douce et participation citoyenne
La majorité a également mis l'accent sur la mobilité douce, avec la création de pistes cyclables et de liaisons cyclables ou encore de "rues scolaires", des initiatives qui visent à sécuriser les abords des écoles. Cependant, certains projets tels que le RAVeL d'Ormeignies a suscité le débat entre majorité et opposition. Cette voie lente a été jugée trop coûteuse du côté de l'opposition La Liste Athoise.
Autre dossier qui a cristallisé les tensions entre majorité et opposition : le réaménagement de la place de Lorette et la volonté de créer un parc urbain. Ce dossier, bien que pas encore concrétisé, soulève toujours des débats passionnés sur son utilité et son coût.
La participation citoyenne a été un autre axe fort de cette mandature. La Ville a lancé son premier Programme Communal de Développement Rural, un cadre qui permet de mieux intégrer les citoyens dans les projets de développement local. Des conseils consultatifs ont également vu le jour. En 2023, la Commission citoyenne du folklore, composée de 60 membres a été créée afin de se pencher sur la question sensible de l'évolution du personnage du Sauvage.
Une fin de mandature sous le signe du changement
En juin 2024, Bruno Lefèbvre, fraîchement élu député wallon, doit faire un choix. N'étant pas en position de cumul, il décide finalement de céder sa place de bourgmestre à Florent Van Grootenbrulle, échevin au sein de la majorité. Bruno Lefèbvre garde par ailleurs un oeil attentif sur les dossiers athois et continue de participer aux séances des conseils communaux en tant que président de séance.
D'autres projets ambitieux sont en cours, tels que la création d'un port de plaisance le long du canal de la Dendre, le réaménagement du plateau de la gare et la construction d'un nouveau bâtiment pour regrouper les services techniques de la Ville.
La mandature 2018-2024 d'Ath aura donc été marquée par une recomposition politique majeure, une gestion rigoureuse des finances publiques et des projets structurants pour l'avenir de la ville. Si la majorité PS-MR-Ecolo a su relever certains défis, elle a également suscité des tensions, notamment autour de projets controversés et des coupes budgétaires.
A.D.