Budget de la zone de police d'Ath : «Quel que soit le choix, ce sera un renoncement»

Budget de la zone de police d'Ath : «Quel que soit le choix, ce sera un renoncement»

Budget de la zone de police d'Ath : «Quel que soit le choix, ce sera un renoncement»

Entre logique budgétaire et réalité de terrain, la confection du budget 2024 de la zone de police est complexe. Il n'a toujours pas été voté.

Ce mercredi soir, le budget de la zone de police est à nouveau revenu la table du conseil communal d'Ath. Cette fois, en plus du vote des douzièmes provisoires, une présentation claire de la situation a été effectuée tant par le commissaire Thierry Ducarme que par le directeur financier Florent Botte. Le budget n'a cependant pas été soumis au vote. Il faut dire que la situation budgétaire est critique, et l'enjeu est de taille : préserver le plan Oxygène, essentiel pour la survie financière de la ville et dans un même temps permettre à la police de fonctionner de manière efficace.

Comme tous les services, cette entité consolidée de la ville doit en effet aussi faire des efforts et fournir un plan de gestion. Initialement, la ville voulait diminuer la dotation communale à 100€/habitant, mais a du se résoudre à revoir sa copie. Elle a donc accepté de remonter la barre à 140€/habitant sachant qu'actuellement le montant est de 160€/habitant.

Deux logiques s'opposent

Mais la situation est loin d'être facile. Deux philosophies s'opposent. D'une part, la réalité des chiffres exposée par le directeur financier et d'autre part, la réalité de terrain présentée par commissaire Thierry Ducarme. "On est d'accord pour mettre en oeuvre ce plan de gestion", a affirmé le commissaire. Des sacrifices ont d'ailleurs déjà été consentis. La zone de police ne remplacera pas certains postes, comme celui d'un commissaire, et sept agents CALOG ne seront pas renouvelés. Toutefois, Thierry Ducarme a aussi rappelé que des choix ont dû être opérés et des services ont été réduits comme la fermeture de l'accueil le week-end, la suppression des équipes de renfort l'après-midi ou encore la diminution des contrôles radar. La marge de manoeuvre de la zone de police est aussi très étroite étant donné qu'elle doit aussi répondre à un certain nombre d'objectifs opérationnels.

Le gel du budget bloque également certains investissements, notamment un projet de panneaux photovoltaïques, qui aurait pu être amorti en neuf ans.

Il y a un vrai risque de mettre à mal notre plan Oxygène !

Florent Botte, directeur financier de la ville, a ensuite pris la parole pour expliquer clairement la situation financière. Selon lui, la confection du budget est techniquement prête depuis 2023, mais le problème réside dans les prévisions quinquennales déséquilibrées. "Il y a un vrai risque de mettre à mal notre plan Oxygène", a-t-il alerté, soulignant que les finances de la ville reposent sur un fragile équilibre. Si on s'en tient au budget 2024, la dotation communale pour la police s'élèverait à 4 172 000 euros, soit 140 euros par habitant, mais cette somme est loin de suffire pour combler le déficit structurel de 723 000 euros. Il faudrait donc puiser dans le fonds de réserve ordinaire un peu plus de 680 000€.

"Les mesures proposées par la zone de police sont intéressantes, car elles sont structurelles et ont des effets sur le long terme. Mais malheureusement, dans un contexte purement budgétaire, elles sont insuffisantes pour équilibrer les prévisions annuelles à moyen terme", déplore Florent Botte.

Si pour les prochaines années, on pourra encore compter sur le fonds de réserve, la situation devient particulièrement préoccupante à partir de 2027. Les prévisions budgétaires montrent un déficit de 227 440 euros cette année-là. Cependant, le fossé se creusera les années suivantes, avec un déficit prévu de 1,2 million en 2028 et 1,5 million en 2029. Dans ces conditions-là, le CRAC (Centre régional d'aide aux communes) a déjà exprimé de sérieuses réserves sur sa capacité à maintenir le plan Oxygène estimant que la ville ne serait plus dans les conditions pour l'obtenir. "Il faut donc absolument rééquilibrer la trajectoire budgétaire de la ville et de ses entités consolidées", a exprimé le directeur financier.

Une zone pluri-communale : la solution ?

Face à cette impasse, plusieurs pistes ont été évoquées. Une augmentation de la dotation communale, qui pourrait atteindre 206 euros par habitant d'ici 2029, représenterait un effort budgétaire de plus de 8,5 millions d'euros par rapport au budget 2023. Cependant, cette option est loin de faire l'unanimité. L'autre solution, réduire les dépenses, se heurte à des normes strictes encadrant les effectifs de police, ce qui complique toute marge de manoeuvre. "On doit agir dans un contexte qui est très normé", a rappelé Florent Botte, ajoutant que 85 % des dépenses concernent le personnel.

La fusion des zones de police est également revenue sur la table. Le conseiller Vincent Béroudia (PS) a interpellé le commissaire Ducarme sur cette possibilité, lui demandant s'il ne serait pas plus judicieux de créer une zone pluri-communale. Bien que Thierry Ducarme ne rejette pas l'idée, il prévient que ce processus prendrait du temps et devrait être mûrement réfléchi. "Une fusion ne pourra pas s'opérer n'importe comment", a-t-il souligné. "Il faut se mettre avec des gens qui ont les mêmes affinités. Aujourd'hui, il y a déjà des synergies avec la zone des Collines, Sylle et Dendre et la zone de Leuze-Beloeil, mais si vous fusionnez ces zones, vous avez un mammouth. C'est un monstre, c'est cinq fois la zone de police de Tournai", a exprimé Thierry Ducarme. Florent Botte a également exprimé des réserves, notant que si cette option pourrait générer des économies à long terme, les bénéfices à court terme, dont Ath a cruellement besoin, seraient inexistants.

Si vous fusionnez ces zones, vous avez un mammouth !

Ludivine Gauthier (PS), conseillère communale, s'est d'ailleurs inquiétée de la qualité des services si la fusion des zones venait à se concrétiser. Le commissaire Ducarme a tenté de la rassurer, affirmant qu'une fusion n'affecterait pas la qualité des services, bien que l'organisation doive évoluer.

De son coté, Bruno Montanari, très sensible à la question, a regretté que cette présentation arrive si tardivement. Le conseiller d'opposition de la Liste Athoise estime que cela aurait pu éviter beaucoup de discussions lors des différents conseils communaux.

Un audit externe a été commandé pour évaluer la situation et proposer des solutions viables, mais une chose est certaine : que ce soit par une augmentation des dotations ou une réduction des effectifs, des choix difficiles devront être faits. Comme l'a résumé Florent Botte en conclusion : "Quel que soit le choix, ce sera un renoncement".


A.D.