Tournai : la motion du PTB contre la venue de l'ambassadrice israélienne au jardin des Justes a été votée

Tournai : la motion du PTB contre la venue de l'ambassadrice israélienne au jardin des Justes a été votée

Tournai : la motion du PTB contre la venue de l'ambassadrice israélienne au jardin des Justes a été votée

La motion a été votée par l'opposition tandis que la majorité a choisi de s'abstenir.

Ce n'est pas une surprise. Après la longue saga politique qui a divisé majorité et opposition, et même les différents partenaires de majorité, la question de la venue de l'ambassadrice d'Israël à l'inauguration du Jardin des Justes est revenue sur la table de conseil. "Nous avons décidé de maintenir cette proposition de délibération, même après l'annonce du désistement de l'ambassadrice d'Israël. Et ce pour une raison fondamentale : cette invitation n'a pas été retirée par la Ville, elle a simplement été déclinée par la représentante d'un État actuellement accusé de crimes contre l'humanité. Si l'ambassadrice décide de revenir sur sa décision, elle sera accueillie au nom de la ville. Et d'autre part, la question politique reste entière. Il est évident que nous devons honorer ces Tournaisiennes et Tournaisiens qui, dans l'ombre, ont pris tous les risques pour sauver des enfants juifs de la barbarie nazie. Ces héros ordinaires ont choisi l'humanité contre la peur, la solidarité contre la haine, la désobéissance civile contre l'ordre injuste", a expliqué Eléonore van den Bogaert lors de la présentation de la motion du PTB qui a été maintenue malgré le refus de venir de l'ambassadrice.

"Notre proposition est simple et digne : nous demandons que le conseil communal vote le retrait officiel de cette invitation, afin de marquer clairement que la Ville ne cautionne ni de près ni de loin la politique du gouvernement israélien, que jamais elle n'aurait dû envisager une telle officialisation et qu'elle ne le refera pas. Ce vote est une manière de restaurer la dignité de notre ville. Une manière de dire que, pour Tournai, la mémoire des Justes ne peut pas être instrumentalisée par un État qui viole aujourd'hui les principes même qu'ils ont défendus au péril de leur vie. Ce vote est aussi une réponse à toutes celles et ceux qui se sont mobilisés depuis deux semaines les associations, les syndicats, les citoyens et citoyennes et qui ont fait entendre un message fort : Tournai ne veut pas se rendre complice, même symboliquement, d'un régime d'apartheid", a-t-elle ajouté en demandant aux élus Ecolo, de prendre position clairement sur la problématique.

Pour Joachim Chajia, le point est désormais caduque puisque l'invitation a été refusée. "Si la visite n'avait pas annulé sa visite et que vous aviez maintenu ce point, c'est clair, nous aurions soutenu ce point. (...) Pour nous, toute invitation d'un représentant de l'État israélien tant que son chef de gouvernement sera poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité sera non-avenue, impossible, inacceptable. Et c'est une affirmation ferme que le groupe Ecolo vous donne aujourd'hui. On ne transigera jamais avec l'extrême droite et, dans le même ordre d'idées, on refuse les amalgames. On pourrait se dire que cette décision est prise contre les Israéliens, pas du tout. C'est pas une décision qui est prise contre les Israéliens, c'est une décision qui est prise contre le gouvernement d'extrême droite. d'Israël et qui est poursuivi par l'ONU pour crimes de guerre."

Paul-Olivier Delannois fustige aussi le comportement de la majorité et n'hésite pas à tacler le choix politique opéré par le collège. "Je n'irai pas par quatre chemins, vous avez été lamentables. En premier lieu, Madame la bourgmestre, j'ai envie de vous demander mais ce qui vous a pris. Car, que ce soit délibéré ou involontaire, votre attitude est tout bonnement incompréhensible. La situation sent le souffre et vous vous plaisez à y ajouter de l'essence . Ce n'est pas simplement une erreur stratégique. C'est une faute politique. (...) En soulignant ce fait, vous espérez secrètement alimenter l'idée que tout ce brouhaha n'est en fait qu'une conséquence de mon travail et vous avez insinué que c'était une obligation d'inviter l'ambassade puisqu'il était question de mettre en lumière des Justes parmi les Justes. Quand vous étiez ministre, j'avais parfois détourné vos initiales MCM en "mentir c'est maladif". Madame la bourgmestre, svp, ne rejouez pas la même pièce dans cette enceinte."

Autre cible de l'opposition, la position des Engagés tournaisiens. "Monsieur Brotcorne dit être d'accord sur le fond, mais pas sur la manière. Justement : en démocratie, la manière est le fond. Quand on s'associe officiellement à une présence diplomatique, on envoie un message. Et aujourd'hui, ce message est la validation d'actes d'une grande cruauté et d'une violence inouïe", a évoqué la cheffe de file du PTB. Paul-Olivier Delannois est encore plus dur suite aux déclarations de l'échevin du Patrimoine. "Monsieur Brotcorne et sa famille politique sont tout autant responsables que vous. Vous ayant écouté monsieur Brotcorne , je dois bien avouer que je n'ai pas compris grand-chose ni à vos arguments, ni à vos explications. Vous êtes à Tournai responsable d'un mouvement " les engagés " Mais dites moi, engagés pour quoi, engagés pour qui, engagés pour quelles causes ? Engagés pour la pierre ? À Tournai, en Belgique, dans le monde, il est aussi indispensable de s'engager pour l'être humain. Hier, vous étiez cdH, dois-je vous rappeler ce que signifiait le H ? Vous le savez certainement que j'ai une passion pour le cyclisme. En terme d'image, je vous dirai que vous êtes le Joop Zoetemelk de la politique . Vous êtes peut-être trop jeune pour l'avoir connu. C'était l'éternel second qui, comme on le disait à l'époque, suçait la roue de son adversaire, le grand Eddy. Cependant, c'était le grand Eddy. Si j'ai un conseil à vous donner, ce serait peut-être d'exister un peu de par vous même car les moutons de Panurge ont tous connu le même épilogue."

Des mots qu'a très peu apprécié Benjamin Brotcorne. "Nos concitoyens sont en train d'assister à une caricature de la politique. Une caricature de la politique qui consiste à chacun jouer un rôle bien défini dans ce grand cirque que nous lui donnons l'impression de constituer. Je suis vraiment triste pour les concitoyens qui doivent assister à ce spectacle. Pourquoi je suis triste? Mais parce que chacun d'entre nous prend la parole pour se faire le défenseur d'une cause en mettant des sanglots dans la voix, en y mettant toute sa pugnacité et toujours en montrant du doigt l'autre, l'adversaire, l'autre partie qui doit endosser tous les maux du monde, toutes les toutes les toutes les toutes les comment dire les péchés quels termes employés et je crois que nos concitoyens doivent être particulièrement lassés d'assister à un si triste spectacle." Pour le chef de file des Engagés tournaisiens, il ne s'agit que de politique politicienne.

Après les échanges venus de part et d'autre de l'hémicycle, Marie Christine Marghem a tenu à revenir sur la temporalité des événements en rappelant qu'en effet il y avait eu différents débats au sein de la majorité tournaisienne. "L'ambassadrice a décidé de ne pas venir, elle ne viendra donc pas. Et je peux vous faire savoir que les invitations qui ont été lancées à toute personne intéressée par cette cérémonie et évidemment aux personnes qui vont y être mise à l'honneur et qui ont d'ailleurs été interrogées à ce sujet, ne comportent pas la présence dans le déroulé protocolaire de l'invitation de l'ambassadrice. Les mesures de sécurité seront moindres et ce sera donc bénéfique pour les comptes de la ville. (...) La simplification de ce contexte va apporter la sérénité voulue pour cet événement pour mettre à l'honneur tous ces Justes venus parfois de loin et pour qui il n'était pas possible d'annuler cette cérémonie."

Après encore de nombreuses minutes de débat pendant lesquelles chacun a pu expliquer son point de vue, on a eu droit à un résultat de vote un peu surprenant. L'opposition PS/PTB, sans surprise, a voté pour et la majorité a choisi l'abstention. Le point a donc été validé.


R.R.