La zone de police d’Ath peine à recruter

Les zones rurales ont du mal à rivaliser avec les grandes villes pour attirer de nouveaux policiers.
Jeudi soir, le conseil communal d'Ath a abordé le problème de recrutement dans la police d'Ath en validant l'ouverture de deux postes en mobilité. La zone de police d'Ath n'est pas la seule touchée par cette difficulté : " Il manque 3.600 policiers en Belgique ", précise le bourgmestre Florent Van Grootenbrulle (PS). Pour faire face au problème, la Ville et la police d'Ath ont un plan. " Concrètement, la relève se prépare activement. Trois de nos aspirants terminent leur formation à l'Académie pour nous rejoindre au printemps 2026. En parallèle, nous finalisons la sélection de deux nouveaux lauréats qui débuteront leur propre parcours dès le mois de février suivant. " Les deux postes ouverts devraient, eux, permettre d'attirer des policiers plus expérimentés.
En parallèle, la zone de police a entamé une campagne de promotion sur les réseaux sociaux : " Cela génère des contacts très encourageants ", confie Florent Van Grootenbrulle. " Ces actions immédiates ne sont que la partie visible d'une stratégie de fond bien plus large. Cette vision ne se contente pas de gérer l'urgence. Elle anticipe l'avenir de notre zone de police et prépare activement la relève de son encadrement. Car plusieurs départs importants, je tiens à le dire en toute transparence, sont à prévoir dans les prochaines années. " Le bourgmestre a également lancé un appel : " Il s'adresse d'abord aux policiers d'expérience qui cherchent un nouveau défi. Ath est une zone en pleine refondation et elle vous attend. Il s'adresse ensuite et surtout aux jeunes de notre entité qui veulent s'engager dans une carrière porteuse de sens. "
Pour Pascale Nouls, cheffe de file de la Liste athoise, ce problème soulève plusieurs questions : " Beaucoup de policiers de profession qui habitent à Ath préfèrent se déplacer et aller travailler dans une autre zone de police, vers Enghien ou Bruxelles. On voit qu'il y a des gens qui ont passé les examens, qui se désistent. Quelles sont les causes de refus et de désistement des candidats ? Est-ce qu'il y a déjà eu des audits internes qui pourraient dégager, peut-être, des solutions ? Peut-être que notre zone de police doit réfléchir à redynamiser l'équipe, ou à la rendre plus attractive. " Une piste avancée par Vincent Béroudia (PS) est le fait que les policiers " préfèrent s'éloigner de leur lieu d'habitation pour ne pas être interpellés, dans le cadre de leur vie privée, par des gens à qui ils auraient eu affaire ".
Le nouveau conseiller Fernand Quintin, qui remplace France Créneau chez Les Engagés, s'étonne également de la situation : " Dans mon ancienne commune, j'étais au conseil de police. Et il y avait souvent des policiers athois qui postulaient. La zone d'Ath manque-t-elle d'attractivité ? Le fait qu'elle soit monocommunale a-t-il un impact ? "
Pour le commissaire Laurent Dupont, l'argument de Vincent Béroudia est correct : les policiers préfèrent s'éloigner de leur lieu d'habitation. " L'autre argument, à mon sens, est le turn-over. Tous les cinq ans, un policier peut changer d'affectation et donc se retirer et repartir vers autre chose : devenir maître-chien, aller dans un service d'enquête et de recherche Et donc, simplement, comme dans toute la société, chercher du changement et évoluer dans sa carrière. Les grandes villes sont attrayantes également. On ne va pas se mentir, elles le sont parce qu'il y a plus d'opportunités de mobilité en interne, il y a la prime des grandes villes, etc. Les zones plus rurales ne peuvent pas lutter contre cet avantage fiscal. "
S.L.