«Faire porter la charge des investissements sur le dos des communes alors qu’elles sont déjà au sang, ça n’a aucun sens» : le PS d’Ath très critique face au plan stratégique d'Ores
Inquiétudes financières, urgence d’investir dans un réseau saturé, manque d’informations essentielles, les critiques ont été vives à l’égard des intercommunales Ores Assets et Ceneo lors du conseil communal d’Ath.
Les critiques ont été vives lors du dernier conseil communal d'Ath, où les élus devaient se prononcer sur les ordres du jour des assemblées générales d'Ores Assets et de Ceneo, deux intercommunales clés dans la distribution et la stratégie énergétique wallonne.
Dès l'ouverture de la séance, le président du conseil, Bruno Lefèbvre (PS), a annoncé la couleur : son groupe votera contre le plan stratégique 2026-2030 présenté par Ores.
En cause : un manque d'informations essentielles, notamment sur le financement des investissements. "On a évoqué que la Banque européenne d'investissement allait prendre en charge une série d'investissements. Mais aujourd'hui, elle ne prend en charge des investissements qu'à due concurrence d'une participation d'au moins 40% des pouvoirs locaux dans le cadre du financement. Et donc cela voudrait dire que si on va dans les investissements colossaux qui sont prévus par Ores, les communes vont devoir cracher au bassinet dans les mois, voire les années qui viennent, et on ne connaît pas encore les montants", alerte l'élu socialiste.
Pour le PS, impossible de s'engager sans y voir plus clair. "La stratégie énergétique wallonne n'est toujours pas connue puisqu'elle n'est toujours pas passée au gouvernement wallon et donc nous ne connaissons pas les orientations stratégiques en matière énergétique wallonne et la CwAPE, qui n'est quand même pas n'importe quoi dans le modèle d'énergie, n'a pas encore rendu son avis sur le plan d'investissement 2026-2030 d'Ores, ce qui prive les communes des éléments d'appréciation, objectifs et indispensables pour pouvoir marquer un avis positif sur la demande d'accord", déplore-t-il.
Le président de séance, bien que conscient de la nécessité d'une mise à jour du réseau, rappelle également la détresse financière des villes et communes. "Faire porter la charge de ces investissements à nouveau sur le dos des communes alors qu'elles sont déjà au sang, ça n'a aucun sens", déplore-t-il. Selon lui, c'est au gouvernement wallon de prendre ses responsabilités. "Si les communes se saignent, ce sera à nouveau la population qui sera impactée. Et donc soit on sera obligé de retaxer, soit on sera obligé de diminuer l'offre de service à la population".
Des inquiétudes partagées par l'opposition
Les socialistes ne sont pas les seuls à avoir émis des doutes. Laurent Postiau (Les Engagés) estime que les travaux auraient dû être menés beaucoup plus tôt sur le réseau. "On se retrouve dans une situation où le développement économique va devenir assez hypothétique dans les prochaines années", estime le conseiller d'opposition qui dit comprendre la position du groupe PS.
Un constat étroitement partagé par Pascale Nouls, conseillère de la Liste Athosie.
Pour le MR, ce plan va permettre à la Wallonie de ne pas décrocher
Ce n'est pas vraiment une surprise, la majorité s'est divisée sur ce vote. Seul le groupe MR.@th a défendu la stratégie d'Ores. La première échevine, Ysaline Rémy (MR.@th), a rappelé l'importance de garantir la transition énergétique et la capacité d'accueil du réseau. "Voter pour le plan, c'est permettre aux entreprises, promoteurs, PME, citoyens de réaliser leurs futurs projets. Et voter contre, c'est laisser la Wallonie décrocher", affirme-t-elle. Elle a souligné les trois priorités du plan stratégique : investissements massifs, flexibilité du réseau et accès prioritaire à la puissance.
Selon la première échevine, "ce plan responsabilise les acteurs et refuse la politique de surendettement. Il intègre une vision de responsabilisation financière à moyen terme. Pas de fuite en avant sur le surendettement, maintien d'une structure financière viable et refus du modèle du passé où les dividendes ont été distribués sans prudence au détriment de l'outil. C'est un plan qui protège durablement les communes et leurs finances parce que c'est un plan qui garantit une trajectoire soutenable au lieu d'une chute forcée des dividendes dans trois ans".
Ceneo également dans le viseur du PS
Les socialistes ont aussi voté contre le plan stratégique de Ceneo, l'intercommunale spécialisée dans le financement énergétique. "Le plan stratégique de Ceneo stipule explicitement que les communes ne seront pas en capacité de procéder à une recapitalisation en 2029, ce qui démontre que la structure actionnariale ne dispose pas, à ce stade, des ressources nécessaires pour soutenir les ambitions affichées par Ores", explique Bruno Lefèbvre.
Le président de séance évoque également les répercussions que pourrait avoir la vente en one shot de la participation d'Engie pour obtenir une capitalisation de 20 millions d'euros. "En vendant ce genre de structure, nous disons adieu aux dividendes qui aujourd'hui sont très, très bienvenus au sein des communes. Ceneo reconnaît en outre explicitement que les dividendes Engie étaient des revenus réguliers et que leur remplacement par une vente unique prive indéniablement les communes de recettes", détaille-il, précisant que ce plan fait aussi mention de l'incapacité pour Ceneo de répondre financièrement à une seconde capitalisation.
Si les Engagés et la Liste Athoise se sont abstenus sur ces votes, le PTB et Ecolo se sont alignés sur le PS en votant défavorablement. La conseillère Ecolo s'est d'ailleurs réjouie du vote négatif du PS. "Je suis heureuse de constater que le PS ouvre enfin les yeux sur Ceneo. J'étais la seule ici à voter contre au mois de juin. Donc ce sera encore une fois contre", a-t-elle précisé.
A.D.