Leuze : un mouvement de la direction de la prison pour lutter contre la surpopulation carcérale

Ce jeudi en début d'après-midi, les membres de la direction et du personnel sont sortis de leurs murs pour exposer leur inquiétude. Ils espèrent que leur appel sera entendu par le politique.
La carte blanche écrite par Pieter Van Caeneghem, le président de la fédération flamande des directeurs de prison, et par son homologue francophone Vincent Spronck parue ce mercredi dans divers quotidiens a fait mouche : elle a incité les différentes directions des établissements pénitentiaires du pays à exprimer ce jeudi leur inquiétude et à tirer la sonnette d'alarme.
En cause : la situation de plus en plus intenable causée par la surpopulation carcérale, le manque de personnel et de moyens.
"Cette semaine, un nouveau record est tombé : le seuil des 13.000 détenus a été franchi - pour 10.559 en 2019, avant le covid - et 326 citoyens dorment à même le sol dans des cellules belges", écrivent Van Caeneghem et Spronck.
Trop de détenus à la prison de Leuze
Malgré son caractère récent, la prison de Leuze-en-Hainaut est déjà surpeuplée : le dernier chiffres fait état de 376 détenus alors que 312 places étaient initialement prévues. "Récemment, nous avons dû constituer, sur base volontaire, des trios dans des cellules dédiées à deux détenus. Certains détenus sont directement envoyés en cellule sécurisée (cachot) à leur arrivée alors que c'est interdit par la loi. 17 matelas sont aussi à terre", explique un membre du personnel. Un autre poursuit : "Nous ressentons une hausse très forte depuis quelques semaines car nous accueillons des mandats d'arrête en surplus à la prison d'Haren."
Le problème de surpopulation carcérale crée des conditions de détention inacceptables. L'Etat belge a d'ailleurs été condamné à plusieurs reprise pour des traitements dégradants et inhumains.
A cela s'ajoute une surcharge de travail pour le personnel et un accroissement de l'insécurité : "Nous sommes actuellement 185 agents pénitentiaires alors que le cadre en prévoit 203. La difficulté de cohabitation des détenus - jusqu'à 3 dans 9 mètres carrés dans une cellule - engendre des incidents tous les jours. Cette situation est inhumaine pour les détenus et provoque une certaine insécurité pour le personnel", nous précise un autre membre de la direction.
Le soutien de l'administration pénitentiaire
Malgré l'application de la loi d'urgence votée fin juin, la situation reste donc critique et mobilise aujourd'hui les directions des établissements pénitentiaires. Ils sont soutenus par l'administration pénitentiaire : "Nous reconnaissons les efforts déployés et le fait que des solutions soient recherchées à court, moyen et long terme', expose Valérie Callebaut, porte-parole de l'administration pénitentiaire. "Nous devons toutefois constater que la situation d'urgence actuelle n'est pas maîtrisée. C'est pourquoi nous demandons instamment des mesures d'urgence et des moyens supplémentaires. C'est la seule façon de faire face temporairement à la surpopulation en attendant des réformes structurelles."
L'administration pénitentiaire comme la direction de la prison de Leuze parlent d'une voix commune : "Aujourd'hui, nous demandons de l'aide pour maintenir le système à flot. Ce n'est plus une simple demande. C'est un appel à l'aide au monde politique."
F.T.