Urbanisation : entre densification des villes et préservation des campagnes, un équilibre encore difficile à trouver

Urbanisation : entre densification des villes et préservation des campagnes, un équilibre encore difficile à trouver

Comment répondre au besoin croissant de logements sans défigurer nos paysages et assurer le bien-être des riverains ? C’est la question au cœur de l’émission Place publique diffusée hier soir sur notele, en collaboration avec nos confrères de L’Avenir. Pendant plus d'une heure, élus, experts, promoteurs et riverains ont débattu d’un sujet sensible : l’urbanisation en Wallonie picarde.

Face à la démographie qui évolue, au nombre croissant de familles monoparentales ou recomposées, la demande en logements change. "Il faut densifier aux bons endroits et préserver nos campagnes ", a rappelé Simon Varrasse, échevin de l'Urbanisme à Mouscron. Un défi de taille alors que l'horizon du "Stop Béton" est fixé à 2050.

La première partie de l'émission a porté sur la densification des centres urbains. Cédric Dujacquier, représentant du ministre wallon du Territoire, a précisé que " chaque mètre carré en Wallonie doit désormais servir l'intérêt du citoyen ". Accessibilité, transports, proximité des services : autant de critères devenus essentiels pour construire le territoire de demain.

Face aux projets immobiliers, les communes se trouvent souvent en première ligne. " Notre responsabilité est de trouver le point d'équilibre ", a insisté Simon Varrasse, soulignant la nécessité d'un dialogue constant entre autorités, promoteurs et habitants. Même constat à Beloeil, où l'échevin Antony Galand reconnaît "l'importance de négocier pour tenir compte à la fois des besoins en logements et des inquiétudes citoyennes".

Côté riverains, la vigilance reste de mise. Jonas Hanssens, du comité des 3 Herseaux, a rappelé que " plus le projet avance, plus la qualité se perd ". Les habitants réclament donc une vraie place dans les discussions pour ce vaste projet en cours depuis de nombreuses années, au-delà des simples enquêtes publiques.

Aujourd'hui, l'aménagement doit se penser à partir du paysage, de la biodiversité et des réalités locales. " On essaye de travailler sur une forme d'écologie du territoire ", a plaidé l'architecte-urbaniste Bénédicte Grosjean, professeure à l'université de Lille et au Loci à Tournai, soulignant l'importance de la mixité et du lien social. "En Belgique, le modèle urbain du passé n'est plus d'actualité. Il est basé sur l'accessibilité et la mobilité et non sur la densité. Les villes durables compactes que l'on doit bâtir aujourd'hui sont plus complexes à aménager, de par l'ancien modèle", continue Bénédicte Grosjean.

La concertation collective, une nécessité

L'urbanisation des campagnes a ensuite occupé la seconde partie du débat.

La critique envers le poids des promoteurs a également été abordée. " On a l'impression que les enquêtes publiques ne servent à rien ", pour reprendre l'avis d'un téléspectateur. L'invité, Patrick Doutreluigne, de l'entreprise Deback, a défendu sa profession : " Nous nous basons sur les outils urbanistiques et sur les avis des autorités communales. Nous ne souhaitons pas la confrontation, mais la collaboration. "

En conclusion, une piste a retenu l'attention : créer un organe de concertation préalable à tout projet immobilier. Un espace où riverains, élus et promoteurs pourraient dialoguer dès le départ. Une idée qui semble faire consensus et qui pourrait, à terme, apaiser les tensions récurrentes entre les différents concernés autour de l'urbanisation. Certaines communes pratiquent déjà cette démarche.


A.L.


ST