Réforme des médias de proximité : la ville d’Ath vote une motion de soutien à notélé
La motion a été approuvée par tous les partis autour de la table, à l’exception des élus MR qui se sont abstenus.
Lors du dernier conseil communal d'Ath, la majorité PS-MR avait inscrit à l'ordre du jour une motion de soutien à Notélé. Les élus entendaient ainsi manifester leur appui à la télévision régionale dans un contexte d'inquiétudes croissantes face au projet de réforme des médias de proximité porté par la ministre des Médias, Jacqueline Galant. Si le texte a été voté à une très large majorité, une ligne de fracture est apparue au sein de la majorité, les élus libéraux s'étant abstenus.
Le bourgmestre socialiste Florent Van Grootenbrulle, avec son homologue d'Antoing, avait été parmi les premiers à lancer un appel du pied aux bourgmestres de Wallonie picarde et à appeler à une mobilisation. Ce jeudi, il a ouvert le débat avec un plaidoyer en faveur de la défense de Notélé. "C'est bien plus qu'une chaîne de télévision. C'est le miroir de notre Wallonie picarde", a-t-il déclaré, invoquant la mémoire locale, le folklore et le rôle citoyen de la chaîne.
Dans son discours, le bourgmestre a également fait part de ses inquiétudes face à la réforme actuellement sur la table : "La réforme envisagée prévoit un regroupement de structures dans une première phase. Mais que restera-t-il de notre média dans une seconde phase ? ", s'est-il interrogé. Il s'est aussi fait l'écho d'un consensus fort exprimé par la Conférence des bourgmestres de la région : "Notélé n'est pas un modèle à diluer, mais un modèle à dupliquer !"
De son côté, Liam Leurident(PS) a lui aussi insisté sur l'impact de la chaîne, notamment auprès des jeunes : "Quand on est jeune aujourd'hui, il est facile de se sentir invisible, surtout dans les territoires ruraux ou semi-ruraux. Et pourtant, Notélé les rend visibles. Elle couvre leurs projets scolaires, leurs performances sportives, leurs engagements citoyens. Elle crée du lien. Elle valorise ce qui, ailleurs, passerait inaperçu".
Une abstention libérale argumentée
Si cette motion a été inscrite à l'ordre du jour par la majorité PS-MR, les élus MR ont préféré s'abstenir. Serge Dumont, chef de file des libéraux, a tenu à justifier ce choix. Bien que le MR reconnaisse l'importance du rôle joué par Notélé, Serge Dumont insiste également sur la nécessité d'une réforme. "Notélé couvre 23 communes. D'autres médias en couvrent quatre. Il faut mettre fin à ces disparités qui génèrent inévitablement des dépenses publiques excessives", a-t-il précisé.
Il estime que Notélé, comme les autres médias locaux, doit faire des efforts : "Notélé doit absolument présenter un projet budgétaire qui limite et diminue son déficit. Certes, notre média local peut se targuer d'un matériel technologique de pointe, mais il faut arrêter de vivre des seuls subsides de plus de 2,5 millions d'euros de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de plus d'un demi-million en points APE venant de la Région wallonne. Notélé doit essayer de s'autosuffire. Il y a les rentrées, la régie publicitaire et le car technologique que même des télés locales ou nationales nous envient. Ce car pourrait être loué à d'autres médias et non plus prêté".
Un soutien unanime de La Liste Athoise, du PTB, d'Ecolo et des Engagés
Les autres formations politiques siégeant dans l'opposition ont quant à elles exprimé un soutien clair à Notélé. Stéphane Delfosse (La Liste Athoise) a lancé un cri d'alerte sur la disparition progressive de la Wallonie picarde dans les politiques régionales : "Je peux déjà vous dire qu'il n'y aura pas de fusion TéléMB-Notélé. À court terme, c'est l'absorption, et à moyen terme, c'est la disparition de Notélé. Pourquoi ? Tout simplement parce que, depuis quelque temps, tous partis confondus, on remarque que la Wallonie picarde existe de moins en moins pour les formations politiques".
Le conseiller a aussi lancé un appel aux politiques : "Notélé, ce n'est pas une télévision de deuxième ou troisième division. La deuxième et troisième division, on la retrouve peut-être là où on ne s'y attend pas. Donc, c'est à vous de jouer, messieurs les élus, à un niveau supérieur, parce que le jeu en vaut la chandelle. Mais j'ai très peur que cette chandelle ne se transforme en cierge mortuaire".
Le jeu en vaut la chandelle. Mais j'ai très peur que cette chandelle ne se transforme en cierge mortuaire
Pour Pierre Capelle, conseiller de La Liste Athoise et administrateur de Notélé, il s'agit avant tout de défendre un patrimoine commun . "Notélé est un acteur public essentiel qui donne la parole aux citoyens, aux associations, aux communes, aux invisibles", a-t-il déclaré après avoir rappelé la genèse de ce média.
Une vision partagée par le groupe des Engagés : "C'est d'une richesse indispensable qu'il faut évidemment défendre", a précisé Laurent Postiau.
Enfin, Esther Ingabire (Ecolo), qui avait elle aussi introduit une motion de soutien, a tenu à élargir le débat au pluralisme médiatique, partageant son inquiétude pour la presse locale en général. "On a appris récemment que le groupe Rossel Presse a annoncé l'achat du groupe Vers l'Avenir, ce qui aura sans doute une répercussion sur la pluralité et la diversité de la presse régionale. Cela s'inscrit dans un contexte plus global de crise pour la presse écrite".
Finalement, cette inquiétude quant à la pluralité des médias, ainsi qu'un point sur les synergies établies par Notélé avec d'autres médias, ont fait l'objet d'un ajout au texte initial de la motion.
Note de la rédaction
Dans son allocution, Serge Dumont, chef de file des libéraux, avance des arguments que nous nous devons de rectifier. Contrairement à ce que M. Dumont affirme, notélé est bel et bien à l'équilibre financier depuis plusieurs années, grâce à un contrôle strict et rigoureux de ses coûts. Les comptes ont d'ailleurs été présentés en toute transparence lors de l'assemblée générale du 2 avril dernier. Ils sont également publics et disponibles à la Banque nationale.
Concernant les sources de financement,notélé dispose d'un modèle économique diversifié reposant sur quatre piliers : un subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un financement de la Région wallonne et du Fédéral pour les aides à l'emploi dans le secteur non marchand (15,5 emplois sur 38), le soutien des communes et les recettes privées liées à la régie publicitaire.
Notélé compte ainsi 130 annonceurs locaux fidèles, à qui elle offre une visibilité tant en télévision qu'en digital. Elle est aussi l'un des seuls médias de proximité (MDP) à générer des revenus publicitaires pour d'autres MDP.
En ce qui concerne les moyens techniques, et plus particulièrement son car de captation, il convient de souligner que Notélé le loue à d'autres médias. Ainsi, Notélé preste pour la VRT, la RTBF, RTL, mais aussi pour des opérateurs français ou encore Mediapro (captation de matchs de football en division 1).
A.D.