PFAS : les citoyens qui ont bu l’eau du puits de Chièvres ont bien été surexposés aux PFOS, PFOA et PFHxS

1094 personnes ont participé à la 2e vague de prises de sang.
Ce lundi, les résultats globaux et les conclusions ont été publiés par l'ISSeP, l'Institut scientifique de service public concernant le 2e biomonitoring PFAS destiné à la population ayant consommé l'eau contaminée aux PFAS du puits de Chièvres.
Alors que 1836 habitants de Chièvres, Ath, Beloeil et Leuze avaient participé au 1er biomonitoring, seuls 1094 citoyens ont réalisé une nouvelle prise de sang.
Les enfants moins contaminés que les personnes âgées
Globalement, les résultats d'imprégnations des 19 composés PFAS recherchés dans le sérum mettent en évidence que les jeunes enfants (6-11 ans) et les adolescents (12-19 ans) sont moins contaminés que les adultes (40 ans et plus). Un constat similaire a pu être fait pour les participants ayant reçu un prélèvement au bout du doigt ; les enfants de moins de 3 ans étant les moins contaminés alors que les enfants de 6-11 ans sont les plus contaminés. "Cette observation corrobore les résultats de l’étude BMHWal en population générale wallonne et d’autres études européennes, et peut s’expliquer par le caractère bioaccumulatif des PFAS. Par ailleurs, les concentrations en PFAS sont aussi généralement plus basses chez les femmes que chez les hommes, quelle que soit la catégorie d’âge", peut-on lire dans le rapport.
46% au-dessus du seuil supérieur
Près d'un citoyen sur deux ayant participé a des résultats supérieurs au second seuil de 20 g/l, au-delà duquel il y a un risque accru d'effets indésirables sur la santé. La majorité des résidents, 53,2%, ont une valeur somme PFAS NAS comprise entre 2 et 20 g/l. "En comparaison avec la population wallonne, il apparait que les résidents de la zone de Chièvres des classes d'âges 12-19 ans, 20-39 ans et 40-59 ans sont significativement plus nombreux à avoir une somme NAS 20g/l que la population générale wallonne, quel que soit le sexe."
Concernant les PFOA et PFOS, considérés comme les plus nocifs, les valeurs sont bien supérieures à Chièvres que dans le reste de la Wallonie. "52,3% des résidents de la zone de Chièvres dépassent la valeur HBM I du PFOA et 42,5% dépassent la valeur HBM I du PFOS. Ces dépassements sont plus importants que ceux observés dans la population générale wallonne, où il a été déterminé que 8,2% et 10% de la population 12-59 ans dépassent respectivement les valeurs HBM I du PFOA et du PFOS. Des différences significatives entre les imprégnations des résidents de la zone de Chièvres et de la population générale wallonne sont principalement observées pour 3 composés PFAS, à savoir le PFOS linéaire, le PFOA linéaire et le PFHxS linéaire. Les concentrations en PFOS linéaire et PFOA linéaire mesurés dans le sérum sont 1,5 à 2 fois plus élevées chez les résidents de la zone de Chièvres, quels que soient la catégorie d’âge et le sexe. Concernant le PFHxS, les concentrations mesurées dans le sérum des résidents de la zone de Chièvres sont 6,2 à 13 fois plus élevées que celles mesurées dans la population générale wallonne, quels que soient la catégorie d’âge et le sexe considérés. »
Ces analyses démontrent une surexposition aux PFOS, PFOA et PFHxS de la population de la zone de Chièvres en comparaison à la population générale wallonne. "Dans la zone de Chièvres étudiée, il est probable que l'eau de distribution ait été une source d'exposition pour les résidents. Cependant, actuellement, aucune preuve scientifique ne permet d'affirmer que l'eau de distribution est la seule responsable des taux d'imprégnation mesurés de cette étude."
J.C.