Pollution de l'eau aux PFAS : la ville d'Ath va se constituer partie civile
À l'instar d'autres communes comme Chièvres ou encore Braine-le-Comte, qui ont entrepris des actions judiciaires, la ville d'Ath entend aussi défendre les intérêts de sa population.
Le conseil communal d'Ath a pris une décision importante ce lundi soir en votant à l'unanimité la constitution de la ville en partie civile dans l'affaire de contamination de l'eau potable aux PFAS.
Une partie du territoire d'Ath, incluant les villages d'Ormeignies, Villers-Notre-Dame et Moulbaix, est en effet alimentée totalement ou partiellement par le puits n°1, à l'origine de la contamination. "Bien que le problème semble avoir été pris en charge, notamment par la mise en place de filtres à charbon, cela reste un dommage pour la population et pour la ville, contrainte de gérer cette situation depuis des mois", a expliqué Bruno Lefebvre, président du conseil communal.
À l'instar d'autres communes comme Chièvres ou encore Braine-le-Comte, qui ont entrepris des actions judiciaires, la ville d'Ath entend aussi défendre les intérêts de sa population. Une enquête judiciaire est d'ailleurs déjà en cours, menée par le parquet du procureur du Roi, ainsi qu'une enquête parlementaire.
"L'action en réparation greffée à la procédure pénale, puisque c'est de cela dont il s'agit, donne la possibilité à un tiers préjudicié de prendre connaissance du déroulement de l'instruction et, le cas échéant, de faire valoir ses observations, voire de demander des devoirs d'enquête complémentaires", justifie la ville d'Ath. Outre les informations liées à l'instruction, la ville d'Ath pourra aussi formuler des demandes de réparation le cas échéant.
Une démarche votée à l'unanimité
Du côté des partis de l'opposition, cette démarche a été saluée de manière unanime. Stéphane Delfosse, chef de file de La Liste Athoise, a salué la démarche en insistant sur son indépendance par rapport aux autres communes concernées : "C'est une excellente initiative. Je pense que c'est beaucoup plus satisfaisant de cette manière-là, parce qu'on ne connaît pas exactement la responsabilité des villes."
Esther Ingabire, conseillère communale Ecolo, a pleinement soutenu cette initiative, soulignant néanmoins une autre problématique : l'absence d'analyse des eaux de surface, notamment sur la Dendre orientale (ruisseau La Brune). "Ce cours d'eau traverse directement la zone testée et longe le site de la Régie provinciale Hainaut Sécurité à moins de 500 mètres. Pourtant, aucune analyse n'a été réalisée, alors même que le puits n°1 de Chièvres, situé en aval, a été identifié comme un cluster en concentration de PFAS", a-t-elle réagi. La mandataire écolo a alors plaidé pour une action conjointe à plusieurs niveaux de pouvoir afin de garantir une évaluation complète de la qualité de l'eau. "Peut-être qu'une intervention du Contrat Rivière Dendre auprès de la tutelle permettrait de renforcer cette démarche et d'assurer une information claire et complète aux citoyens et aux agriculteurs concernés", a proposé Esther Ingabire.
Une suggestion entendue par le président du conseil, qui a affirmé qu'"elle ne restera pas lettre morte".
À l'issue des débats, le conseil communal a validé cette décision à l'unanimité.
A.D.