Ath : deux motions déposées contre l'abandon du projet de redéploiement des TEC

Le conseiller PS, Liam Leurident, ainsi que la conseillère d'opposition Esther Ingabire (Ecolo) déplorent l'abandon de ce projet et veulent faire bouger les lignes.
Lors du dernier conseil communal d'Ath, l'abandon du projet de redéploiement du réseau TEC dans la région est revenu au coeur des débats. En décembre dernier, le TEC avait annoncé sa décision d'abandonner ce redéploiement en raison de la baisse des moyens financiers. L'annonce avait été vécue comme une douche froide par les élus locaux, tant la réforme promettait une amélioration substantielle de l'offre de transports pour les citoyens d'Ath et de ses villages, mais aussi au vu de l'implication de la population dans tout le processus, via la consultation populaire Mobili.
C'est dans ce contexte que le conseiller socialiste Liam Leurident a introduit une motion incitant l'OTW (Opérateur de Transport de Wallonie) et le ministre de la Mobilité, François Dequesnes (Les Engagés), à reconsidérer leur position. Le jeune mandataire a ainsi souligné les besoins exprimés par la population, mais aussi le rôle central d'Ath comme pôle d'attractivité régional. "Ath est un pôle d'attractivité majeur, avec ses nombreux établissements d'enseignement, son centre urbain dynamique, sa gare ferroviaire fréquentée par 1,69 million de voyageurs annuels, et son hôpital", a-t-il précisé, avant d'insister sur le fait que ce redéploiement apporterait aussi de nombreux bénéfices : meilleure fluidité du trafic, meilleure qualité de l'air, meilleure mobilité et répercussions positives sur le tissu commercial.
Une problématique chère également aux écologistes. Ainsi, la conseillère d'opposition Esther Ingabire avait elle aussi introduit une motion similaire. Sans chercher à réitérer tout le débat, elle soulignait par ailleurs "des convergences malgré nos différences". Si elle a rappelé que Ronny Balcaen, l'ancien échevin de la Mobilité douce, s'était fortement investi dans le projet Mobili, elle s'est dite déçue de la tournure prise par ce dossier. "L'abandon ou le soi-disant report de ce projet est vraiment une réelle déception pour une commune semi-rurale comme la nôtre. Parce qu'en fait, il va priver notre population de nombreuses opportunités et va accentuer l'isolement de nos villages. Une problématique qui a déjà été soulevée par l'enquête menée auprès des jeunes. Ce plan, il aurait offert un service inédit pour les TEC dans notre région, tout en améliorant la connexion avec l'offre SNCB", a-t-elle défendu.
Un prétexte aux joutes politiques ?
Si l'objectif affiché par ces deux motions semblait converger, la discussion a pourtant pris une tournure politique. Philippe Duvivier, conseiller des Engagés, a salué la motion tout en rejetant sur l'ancien gouvernement la responsabilité de l'échec du dossier. "Ce n'est pas une décision du ministre Dequesnes, mais les conséquences d'un contrat de gestion inadapté du ministre Henri (Ecolo)", a-t-il argumenté.
"On peut expliquer son point de vue autour de la table du conseil communal, ça fait partie de la démocratie. On ne peut quand même pas invoquer des contrevérités. Le budget est un budget qui est voté annuellement par le Parlement wallon. Cette année, les Engagés et le MR ont décidé de réduire le budget de l'OTW et donc de réduire à néant le travail qui avait été fait pendant plus d'un an par la ville d'Ath et par la population", a d'emblée répliqué Bruno Lefèbvre, président du conseil communal et député wallon PS.
La passe d'armes s'est poursuivie quelques instants, permettant à Pascale Nouls, conseillère de La Liste Athoise, de dénoncer ce jeu politico-politique, avant d'appeler à des actions concrètes.
L'élue d'opposition a ainsi souligné la nécessité d'un relais efficace : "Est-ce qu'au niveau local, on arrivera à mieux en faisant des motions ? Parce que c'est vers vous, normalement, que le tremplin était", a-t-elle lancé à Bruno Lefèbvre, en référence à son mandat de député régional.
Pour le mandataire régional et président du conseil communal, faire pression est primordial si l'on veut faire bouger les lignes. "On l'a déjà fait, notamment sur la gratuité des TEC, où il était prévu de supprimer la gratuité pour les 12-18 durant cette année. Finalement, comme on a mis beaucoup de pression, ils n'ont pas osé le faire et ont maintenu la gratuité jusqu'à la fin de cette année", a cité en exemple Bruno Lefèbvre.
Dans un ton plus direct, Esther Ingabire a, elle, lancé un appel du pied pour le moins explicite : "Certains partis, pendant la campagne, ont promis d'être des relais efficaces Autant transformer ces promesses en actions concrètes maintenant."
La motion a finalement été votée à l'unanimité.
A.D.