À Antoing, Heidelberg Materials veut capturer 800.000 tonnes de CO2

Heidelberg Materials a présenté, hier soir, son projet Anthémis aux riverains. Objectif : capter 800.000 tonnes de CO2 par an grâce à une unité pionnière de capture et de stockage.
Heidelberg Materials a dévoilé ce jeudi 21 novembre, lors d'une réunion d'information préalable, son projet de décarbonation pour l'usine d'Antoing.
L’ancienne CBR, aujourd’hui Heidelberg, est au cœur d’un projet inédit dans l’industrie cimentière : capter et stocker le CO2 émis par la production de clinker, un procédé incontournable mais très polluant.
« Un projet d'envergure industrielle »
Si la captation de CO2 n'est pas nouvelle, c'est la première fois qu'elle sera mise en œuvre à une telle échelle industrielle. Ce projet inédit, baptisé Anthémis, vise à réduire les émissions de 800.000 tonnes de CO2 par an.
« À ce jour, aucune cimenterie européenne ne dispose d'un tel permis. Nous voulons redéfinir les standards » explique Frédéricq Peigneux, responsable des affaires publiques.

En couleurs, les futures extensions de capture de CO2 sur le site d'Heidelberg Materials Antoing.
L'installation de cette unité nécessite un permis global qui inclura l'usine actuelle, et une enquête publique qui est ouverte du vendredi 22 novembre jusqu'au 6 décembre pour permettre aux citoyens de formuler leurs remarques.
Le permis est double pour Heidelberg Materials. En plus de l'installation CO2, l'entreprise renouvelle le permis de l'usine qui se finit en 2028.
Des promesses... et des interrogations
Les riverains présents lors de la réunion ont exprimé plusieurs préoccupations sur le projet Anthémis.
Le hall de matières combustibles « semble vraiment s'agrandir » indique un résident de Brunehaut, qui a des craintes sur l'impact de cette extension sur la circulation.
En réponse, Romain Janus, directeur du site, a rappelé que 98 % des matériaux sont transportés par voies fluviales, tout en reconnaissant que les combustibles continuent d'arriver en camion, une situation que l'entreprise espère améliorer. « On se rend compte qu'il y a pas mal de charroi ». Heidelberg a justement été interpellée par les communes d'Antoing et Tournai à ce sujet.
D'autres habitants se sont plaint des camions non bâchés qui sortent de l'usine, une pratique que Heidelberg dit vouloir limiter en sensibilisant davantage ses fournisseurs externes.
Le ton s'est également levé vis-à-vis du financement de cette extension. « S'il n'y a pas de projet de décarbonation, il y aura des surcoûts liés aux émissions» et donc aux produits, explique Frédéricq Peigneux. L'entreprise espère donc bien un soutien financier public pour son projet.
Un chantier technologique et sociétal
Pour Heidelberg, le projet pourrait faire baisser de 1% les émissions nationales belges et consolider l'avenir de l'usine.
Le transport du CO2 capté s'appuiera sur un pipeline reliant le site à des réservoirs sous-marins en Norvège, via un partenariat avec Equinor.
Le projet Anthémis devrait également avoir des retombées positives sur l'emploi local, selon les représentants d'Heidelberg Materials. La construction et l'utilisation de l'unité de capture de CO2 nécessiteront des profils techniques qualifiés, ingénieurs et experts.
Le projet, encore à l'étape des études d'ingénierie, devrait aboutir à une décision finale en 2026, avec une mise en service envisagée pour 2030. D'ici là, Heidelberg devra convaincre non seulement ses partenaires industriels, mais aussi les citoyens locaux. « Ce n’est qu’en dialoguant avec les habitants que nous pourrons avancer de manière durable » a souligné Sarah Lemestré, chargée de communication d'Heidelberg Materials.
Eva Penel