«Les Européens n'ont pas inventé la bière», John Christian Kavakure évoque la tradition brassicole africaine
Le maître brasseur des Brasseries de Flobecq était l'invité de l'émission Zone Franche.
Originaire du Burundi, John Christian Kavakure a beaucoup accompagné sa grand-mère aux champs. Et quand l'eau venait à manquer, elle lui faisait boire un peu de sa cervoise artisanale. "Enfants, elle nous montrait comment choisir ses matières premières, comment réaliser le trempage, comment malter le sorgho. Ce sont des choses qu'on m'a apprises par après à l'université", raconte-t-il avec un sourire.
Autre influence de jeunesse qui a planté en lui le rêve de devenir brasseur, ce sont les travailleurs de Heineken, l'un des plus gros employeur du pays. "On voyait ces gens avec un tee-shirt marqués "Primus" et un porte-clefs à la ceinture, et on les prenait pour des demi-dieux. Je me disais qu'il fallait un jour que je travaille là-bas", évoque John Christian. Aujourd'hui, outre son excellente réputation de brasseur et de chercheur en Belgique, il a fait construire la première brasserie locale au Burundi, un véritable accomplissement au regard de ses rêves d'enfant.
Ma grand-mère m'a tout appris de A à Z, j'ai simplement complété ces connaissances en Belgique
Envoyé en Belgique par les pères jésuites en 1993 pour fuir la guerre, il y a entamé des études d'ingénieur qu'il poursuivra avec brio. Malgré cela, son début de parcours chez nous n'a pas été facile. "Nous en tant que noirs, on devait travailler à 500% par rapport aux autres étudiants. Et même une fois sortis des études, nous devions faire les choses différemment. Je ne trouvais pas de boulot alors que j'étais le premier de ma promotion, alors j'ai fait beaucoup de recherche." Après avoir travaillé une douzaine d'années sur différents projets avec des grands groupes brassicoles, il atterri à Flobecq en 2014 où il est embauché pour relancer une brasserie locale.
Flobecq, c'est mon autre Burundi
Cette première expérience a rapidement capoté, suite à des désaccords au sein de l'entreprise. Mais John Christian Kavakure ne se laisse pas facilement abattre, et avec le soutien de quelques acteurs de la région il relance en 2018 une entreprise qu'il baptisera "Les Brasseries de Flobecq". Solidement ancré dans sa seconde patrie, amoureux de son patrimoine mais aussi fermement rattaché à ses origines, il nous livre son parcours de vie atypique avec une énergie communicatrice.
J.Cr.