Pollution aux PFAS : le Dr John Pauluis (Société Scientifique de Médecine Générale) interpelle les ministres de la Santé et les décideurs politiques

Pollution aux PFAS : le Dr John Pauluis (Société Scientifique de Médecine Générale) interpelle les ministres de la Santé et les décideurs politiques

Pollution aux PFAS : le Dr John Pauluis (Société Scientifique de Médecine Générale) interpelle les ministres de la Santé et les décideurs politiques

La Société Scientifique de Médecine Générale déplore le manque de proactivité sur la problématique des perturbateurs endocriniens et le manque de concertation avec le monde médical.

Peu de temps après avoir eu connaissance des résultats du biomonitoring PFAS dans la région de Chièvres, la cellule environnement de la SSMG (Société Scientifique de Médecine Générale) a adressé un courrier aux ministres de la Santé et décideurs politiques. Par la voix du Dr John Pauluis, responsable de la cellule, la SSMG déplore que la problématique des perturbateurs endocriniens n'ait pas été anticipée plus tôt. "Notre cellule sensibilise les professionnels de santé depuis plus de 20 ans sur les perturbateurs endocriniens et apparaît donc comme une référence en matière de recommandations de santé environnementale. Nous déplorons le fait que ces problématiques ne soient prises au sérieux qu'en temps de crise, trop tard", peut-on lire dans le courrier.

Alors que de nombreux citoyens se posent des questions et s'inquiètent du taux élevé de PFAS dans leur sang (pour rappel, 28,8% des citoyens ayant participé au biomonitoring dépassent le seuil-santé des 20 ng/l, la SSMG dénonce un manque de concertation et d'informations quant au suivi des patients. "Les recommandations du Conseil Scientifique Indépendant ont été faites malheureusement sans concertation de la première ligne, et sans études sur leur applicabilité par manque de temps", poursuit la lettre.

Aujourd'hui, les médecins s'interrogent sur le suivi à effectuer. "Qui tester? Quel suivi médical proposer aux patients à large échelle ? Par exemple, il n'existe pas de directives sur le dépistage du cancer du sein (Bandelette urinaire ? Échographie ? Scanner ? Tous les combien de temps ? Remboursé ?) quelles normes pour le profil lipidique à 9 ans, quelles mesures si dépassement ?", voilà autant de questions émises dans ce courrier qui aujourd'hui ne trouvent pas de réponses auprès du corps médical. "Le risque de surmédication est énorme. Il est temps que les décideurs en santé travaillent sur la question afin d'établir des recommandations nationales claires à appliquer par les professionnels de la santé sur le terrain".

L'allaitement maternel à proscrire ?

Une autre question soulevée dans ce courrier concerne l'allaitement maternel. Cette interrogation avait d'ailleurs été posée par plusieurs citoyens lors de la réunion qui s'est tenue à Vaudignies le 26 juin dernier. Si la présidente du Conseil scientifique indépendant sur les PFAS, Corinne Charlier, estimait que selon les études connues actuellement sur le sujet, l'allaitement maternel restait bénéfique même en cas de contamination aux PFAS, le SSMG se montre plus sceptique sur la question. "En l'absence de normes concernant la teneur en PFAS dans le lait maternel qui serait acceptable pour la santé du nourrisson, nous sommes démunis par rapport à cette situation qui mérite d'être investiguée : quelles sont les sources d'exposition au PFAS ? L'allaitement ou une autre source ? À partir de quel taux de contamination de la maman ou de son lait maternel faudrait-il suggérer une autre forme d'allaitement ? Certains PFAS peuvent passer dans le lait maternel, et dépasser les normes de potabilité, et chez les mères les plus exposées, le bénéfice de l'allaitement peut être remis en cause".

Il serait légitime et prudent de proposer à toutes femmes allaitantes dans des régions qui ont été exposées à des taux élevés de PFAS dans l'eau de doser gratuitement les PFAS dans leur lait maternel

Le SSMG propose d'ailleurs d'appliquer le principe de prudence. "Nous pensons qu'il serait légitime et prudent de proposer à toutes femmes allaitantes dans des régions qui ont été exposées à des taux trop élevés de PFAS dans l'eau de doser gratuitement les PFAS dans leur lait maternel. Cela pourrait rentrer dans le cadre d'une étude et être mis en lien avec les chiffres du biomonitoring et des questionnaires d'exposition", explique le Dr Pauluis.

"Nous sommes face à un exemple frappant démontrant les conséquences sanitaires d'une pollution environnementale, nous regrettons que malgré les signaux d'alarmes dans les pays voisins, et même le nôtre (usine 3M en Flandre), cette problématique n'ait pas été traitée avec plus de proactivité et d'implication du monde médical", conclut le Dr John Pauluis.


A.D.