Bléharies : la commune arrivera-t-elle à récupérer ce qu’elle a investi en revendant le Tartuffe ?

Bléharies : la commune arrivera-t-elle à récupérer ce qu’elle a investi en revendant le Tartuffe ?

Bléharies : la commune arrivera-t-elle à récupérer ce qu’elle a investi en revendant le Tartuffe ?

La commune espère faire une opération blanche suite à la vente de ce bâtiment acquis en 2018.

Le dossier du Tartuffe, suite et bientôt fin ? Par le passé, le bâtiment abritait un café, une agence de tiercé et, pour finir, une épicerie. Il y a quelques années, la commune avait acheté l’immeuble pour 80.000 euros. De nombreux projets avaient été imaginés : des logements, une Maison de Tourisme ou encore un magasin de produits locaux.

Pour y parvenir, le collège communal a proposé ce bâtiment dans l’appel à projet “Tiers lieux ruraux” de la Région wallonne. En janvier dernier, Pierre Wacquier annonçait que la commune n’avait pas été retenue. Très rapidement, le bourgmestre avait dit vouloir vendre le bâtiment. Lors du conseil, il disait : “nous n’aurons pas les finances pour poursuivre. (...) Nous avons demandé au comité d’acquisition de refaire une évaluation pour le remettre sur le marché.” Selon lui, c’est un acte de bonne gestion et la commune “ne perdra pas un centime dans l’opération”.

Quelques mois plus tard, c’est désormais la phase de mise en vente qui est arrivée sur la table du conseil communal. Le prix a été fixé à 85.000 euros. Le collège demande aussi le droit de saisir une agence immobilière afin de vendre au mieux ce bâtiment. Cette mise à prix surprend du côté de l’opposition qui demande le montant total de la facture depuis l'acquisition du bien. “On l’a acheté 80.000 euros puis on a demandé l’expertise d’un architecte, ça nous revient donc à combien”, s’interroge le conseiller IC Michel Hurbain.

Pierre Wacquier a clarifié les sommes investies depuis 2018. “L’architecte a coûté 35.633 euros. Sa mission a été jusqu’à l’obtention du permis, ce qui veut dire aussi que le futur acquéreur pourrait - je mets au conditionnel - disposer de ce permis. (...) Et ça, c’est un fameux atout pour la vente.”

Michel Hurbain n’est pas le seul à s'interroger du côté du groupe Intérêts Citoyens. Pierre Gérard est revenu, lui-aussi, sur l’ensemble des dépenses engendrées mais aussi sur l’impact que le temps a pu avoir sur la bâtisse. “Le bien s’est dégradé en 4 ans. Le comité d’acquisition l’estime à 65.000 euros. Alors, pourquoi faire une mise à prix 30% plus élevées ?” s’interroge-t-il. Le bourgmestre justifie le choix par les conseils donnés par l’architecte et rassure sur l’état de l’immeuble. “On l’a toujours dit, ce bâtiment a une chance. Il a de grandes baies ouvertes et une excellente toiture, ce qui veut dire qu’il est sec. (...) C’est un bâtiment qui permettra à un investisseur de l’utiliser à bon escient.”

Du côté de Nadya Hilali et François Schietse, on se pose quelques questions notamment par rapport aux subsides octroyés à l’époque de l’achat et qui ne seraient pas arrivés dans les comptes communaux suite à un retard dans la procédure par le collège communal. Pour rappel, Brunehaut avait reçu un subside de 343000 euros dans le cadre des “sites à réhabiliter”.

Les deux conseillers indépendants regrettent eux-aussi les sommes qui seront perdues à la suite de cette opération immobilière. François Schietse a pointé la légalité du point mis à l’ordre du jour en se référant à la circulaire Furlan de 2016. “Cette dernière dit qu’à partir du moment où on demande un avis au comité d’acquisition, cette mission d’estimation doit être accompagnée dès le départ d’un engagement du donneur d’ordre, c’est à dire nous la commune, de confier une mission globale de l’estimation à la passation de l’acte. (...) C’est le comité d’acquisition qui doit s’occuper de la vente et non pas une agence immobilière. (...) J’ai dit aux autres conseillers communaux de ne pas voter un point qui n’est pas légal.” Des attaques dont se défend le bourgmestre avant de passer au vote. La majorité dans sa quasi-totalité a voté pour, le groupe IC et la conseillère USB Audrey Chevalis se sont abstenus et c’est un vote contre pour Nadya Hilali et François Schietse.


Rémy Ravaux