«Il avait cette capacité à ne jamais perdre courage et à en donner aux autres» : retour sur l'oeuvre de l'abbé Jean-Yves Pollet, décédé il y a trois mois

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«Il avait cette capacité à ne jamais perdre courage et à en donner aux autres» : retour sur l'oeuvre de l'abbé Jean-Yves Pollet, décédé il y a trois mois

Le 22 août dernier, l'abbé Jean-Yves Pollet s'est malheureusement éteint. En 1981, il avait créé la Ferme Saint-Achaire à Mouscron, un lieu d'accueil qui a offert un cadre humain à de nombreuses personnes.

Avec sa fibre d'architecte, l'abbé Jean-Yves Pollet a redonné vie à un lieu complètement inhabitable en créant la Ferme Saint-Achaire en 1981. "Il s'agit d'un lieu d'hébergement pour 14 sans-abris, qui y vivent pour une période indéterminée de quelques mois à plusieurs années, explique Etienne Dispa, l'actuel directeur de la Ferme. C'est en même temps un projet d'économie sociale dont le but est de remettre en activité des personnes un peu éloignées du marché de l'emploi mais qui veulent s'activer". Notamment par le biais de bûches de bois de chauffage coupées et livrées chez les gens. "L'aspect fondamental de cette action n'est pas seulement l'hébergement, glisse Jacques Vandenschrik, ancien président de la banque alimentaire du Hainaut Occidental. Mais également le respect de l'autre, une valeur transmise par l'abbé Pollet. Je ne compte plus le nombre de personnes qui lui doivent leur rétablissement social ou leur vie".

Frédéric Dor, dit Fredo, est devenu l'un des résidents en 1993, après avoir vécu dans la rue et en maisons d'accueil. "L'abbé m'a donné une deuxième chance que j'ai saisie, dit-il. Un jour il m'a proposé un contrat à mi-temps, puis à 3/4 et maintenant j'ai un temps plein à la Ferme". Etienne Dispa précise que Frédéric est un exemple type d'émancipation : "Sur 30 années il est devenu un collaborateur efficace. C'est un expert de vie, son message auprès des habitants de la ferme est très impactant. C'est pour nous un exemple parfait de réinsertion".

L'homme avant le prêtre

Si Jean-Yves Pollet était bien sûr quelqu'un de religieux, qui célébrait les messes et baptisait, il était avant tout un homme d'action. "Pour lui, la foi c'était concret, reprend Etienne Dispa. Ce n'étaient pas des paroles mais des actes. Et c'est ce qu'il se passe au quotidien à la Ferme". L'abbé avait également le sens de la fête. Très vite, il a réuni les sympathisants du projet pour partager un moment ensemble fin août lors des fêtes champêtres. Il célébrait également Noël à la Ferme. Il a commencé avec un tout petit groupe à faire un réveillon convivial avec les habitants, avant d'ouvrir aux amis du projet à minuit pour célébrer la messe de Noël. Une formule rapidement devenue populaire. "On a commencé dans la chapelle de la ferme mais ça a tout de suite été trop petit, disait-il en 2002. On a ensuite occupé d'autres endroits jusqu'à cette grange construite cette année".

Et même dans les moments compliqués, Jean-Yves Pollet gardait le moral. Il ne s'est jamais laissé abattre, même pas lors de l'incendie de la grange en 2019. "Il avait cette capacité à ne jamais perdre courage et à en donner aux autres", explique Etienne Dispa.

Un héritage à pérenniser

Le décès de l'abbé, le 22 août 2025, a touché tous ceux qui l'ont côtoyé. "Notre ville perd une figure spirituelle et humaine importante, a déclaré la bourgmestre de Mouscron, Ann Cloet (Les Engagés). Mais son héritage restera vivant dans les nombreux fruits de son action". Etienne Dispa : "On a une équipe très dévouée qui a gardé les valeurs de l'abbé Pollet. Je n'ai aucune crainte, on a de très belles personnes dans nos comités qui veulent pérenniser les oeuvres de Jean-Yves".


L.C.