Enghien augmente la taxe sur le traitement des déchets et supprime les sacs-poubelles gratuits

La gestion des déchets a été l'un des grands thèmes de la campagne lors des dernières élections communales à Enghien. La liste Générations avait en effet dit qu'elle voulait revoir la gestion des déchets et prendrait langue avec Ipalle si elle obtenait le maïorat. Le vote de la taxe sur le traitement des déchets était donc attendu.

Sébastien Russo, échevin en charge de la gestion des déchets (Génér'actions), a fait le point sur la gestion des déchets à Enghien, rappelant que les ordures ménagères sont ramassées en porte-à-porte deux fois par mois et également collectées via les PAV. Les papiers et cartons sont ramassés en porte-à-porte une fois par mois ou via le recyparc. Les PMC sont uniquement collectés via les PAV ou le recyparc. Et le verre via les bulles à verre ou le recyparc. "Il y a 18 îlots de tri en PAV. Ils peuvent collecter les déchets organiques, les PMC et les résiduels. L'accès pour les organiques et les PMC est gratuit. Et pour les résiduels, une partie des ouvertures est comprise dans la taxe forfaitaire et on peut acheter des ouvertures supplémentaires."

Au niveau des PMC, la Ville d'Enghien a été confrontée à un problème de capacité. "Il arrivait qu'à certains moments les gens les laissaient à côté des PAV qui étaient remplis. On a trouvé une solution en installant des compacteurs à trois endroits critiques : l'Avenue Champ d'Enghien, au cimetière de Petit-Enghien et à la rue des Six Jetons. Nous avons aussi pu avoir un ramassage supplémentaire le samedi. Nous avons mis en place des caméras, qui nous ont permis de sanctionner 250 personnes. Ces solutions ont eu pour conséquence une diminution des dépôts sauvages au niveau des PAV."

Depuis 2020, Enghien est ville pilote dans la collecte des PMC. Ces déchets ne sont plus ramassés en porte-à-porte, mais uniquement via les PAV et le recyparc. "J'estime que c'est un choix regrettable. Car depuis 2020, le pilote n'a pas trouvé de passagers ni de copilote. Nous sommes la seule commune de Wallonie picarde, et même de Belgique, je pense, à ne plus avoir de ramassage. C'est surtout regrettable, car cela cause des difficultés pour les personnes âgées."

Durant la campagne, Générations avait donc promis de discuter avec Ipalle pour revoir la collecte des déchets. "C'était une de nos premières actions, de rencontrer l'intercommunale pour renégocier le ramassage des PMC. Ipalle n'était pas enthousiaste de renégocier le marché, car cela allait impacter les autres communes. Nous sommes allés voir du côté de l'intercommunale du Brabant wallon et la réponse a été négative", explique Sébastien Russo. "Si l'on devait revenir à un ramassage des PMC à domicile, on devrait abandonner celui des PAV. On estime que cela coûterait 15 euros de plus pour les habitants. Aujourd'hui, ce sont des coûts que l'on ne peut pas supporter. En plus, si on arrête le ramassage par les PAV, FostPlus nous demandera des comptes, car il faudrait sans doute payer les installations qui ont été réalisées."

Lors de la campagne électorale, Générations avait réalisé un sondage auprès des Enghiennois, ceux-ci étaient favorables à un ramassage des PMC à domicile, Mais sans en payer le prix. "Nous pensons consulter à nouveau la population, via un référendum en proposant différentes solutions et voir ce que la population en pense."

L'échevin de la Gestion des déchets a également fait le point sur le nombre de déchets produits à Enghien. "Au niveau des organiques, on a vu une grosse augmentation en 2024 avec l'obligation de sortir les déchets organiques des résiduels. La quantité de PMC est en augmentation constante. Depuis 2020, on peut y mettre beaucoup plus de plastiques. Quant aux résiduels, la descente se poursuit." Par rapport à la collecte des résiduels, en 2022 et 2023, 80 % étaient récoltés en porte-à-porte et 20 % en PAV. En 2024, cela bouge très légèrement avec 77 % en porte-à-porte et 23% en PAV. Les Enghiennois sont plutôt bons élèves en matière de production de déchets. "Nous sommes meilleurs que la moyenne régionale. En Wallonie picarde, seules les communes de Celles, Rumes, et Brunehaut font mieux."

Avec tous ces éléments, la majorité a dû mettre sur pied le coût-vérité, qui comprend une partie forfaitaire (la taxe que tout habitant paie) et la partie variable (l'achat de sacs-poubelles ou d'ouvertures de PAV). "La mauvaise nouvelle, c'est qu'il y a une augmentation du coût Ipalle de 14,5 %. À chaque nouvelle mandature, Ipalle adapte significativement les coûts. On subit cette augmentation sans pouvoir intervenir. Le coût par habitant passe de 65,33 euros/habitant à 74 euros/habitant", explique Marc Vanderstichelen. "Il faut pouvoir absorber cette augmentation. Mais il y a une deuxième mauvaise nouvelle. Quand la taxe nous a été présentée l'année dernière, les calculs étaient erronés. On avait surévalué le nombre de ménages par rapport au nombre d'habitants. Le coût-vérité était en fait de 94,5 % au lieu de 97 %. On a un différentiel de 2,5 % à rattraper. On a donc une augmentation totale par rapport à 2025 de 17 %", explique le bourgmestre Marc Vanderstichelen.

Une augmentation de 12 % pour un isolé

La proposition du collège est de favoriser les ménages qui gèrent leurs déchets. "C'est notre leitmotiv. On veut minimiser la taxe forfaitaire et récupérer le cout-vérité par le coût variable. C'est une grande différence par rapport à ce qui se pratiquait avant. On supprime les chèques pour les sacs-poubelles de la ville. Cela a un impact administratif et cela permet d'avoir une taxe forfaitaire plus basse." La suppression des sacs-poubelles gratuits sera compensée par une augmentation des ouvertures de PAV. Autre changement : les familles de 5 personnes auront désormais le tarif de 4 personnes.

La nouvelle taxe forfaitaire passe ainsi à 69 euros pour les isolés, 136 euros pour les ménages de 2 personnes, 175 euros pour les ménages de 3 personnes et 186 euros pour les ménages de 4 personnes et plus. La collecte en porte-à-porte est maintenue toutes les deux semaines. Le prix du sac passe lui de 1,70 à 1,90 euros pour le sac de 60 litres et de 0,85 à 0,95 euros pour le sac de 30 litres. Le nombre d'ouvertures de PAV augmente donc : 15 ouvertures pour les isolés, 20 pour les ménages de 2 personnes, 30 pour les ménages de 3 personnes et 35 pour les ménages de 4 personnes et plus.

Dans l'opposition, Bénédicte Linard d'Ecolo, comprend que "la taxe vous met mal à l'aise. Car dans votre programme, vous avez défendu plein de choses et vous vous rendez compte aujourd'hui que la réalité fait que les belles promesses ne marchent pas en matière de déchets. La réalité aujourd'hui, c'est donc que vous augmentez la taxe forfaitaire de 12 % pour les isolés, c'est beaucoup. Le prix des sacs va augmenter de 10 %, et les ouvertures de PAV augmentent de 30 %! "

Pour Marc Vanderstichelen, la taxe augmente, "mais on devait l'augmenter de 17 % et on a diminué de 5 % par rapport à ce qu'on devait faire. On n'a pas le choix, Ipalle augmente son coût de 14,5 %. On fait le maximum pour épargner les Enghiennois."