Bailleul : que peut faire la commune face à la disparition de la bourloire ?

La bourloire devrait prochainement laisser place à un projet immobilier.
Ce lundi soir, lors du conseil communal d'Estaimpuis, un sujet est venu sur la table, celui de la disparition prochaine de la bourloire à Bailleul. Cette dernière serait remplacée par un projet immobilier.
Inquiétude du côté de l'opposition
La conseillère de l'opposition pour le groupe "Ouverture", Chloé Tratsaert, s'est en effet inquiétée quant au futur de ce "lieu emblématique" qu'elle qualifie de patrimoine local. "Un pan de notre patrimoine historique et populaire s'efface, au moment même où le jeu de bourle vient d'être reconnu comme élément du Patrimoine culturel immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le symbole est fort et amer", a-t-elle expliqué.
Pour Chloé Tratsaert, il y a un manque de motivation concernant la recherche de solutions. "La commune a-t-elle tout mis en oeuvre pour sauver la bourloire ? Des contacts ont-ils été pris avec la Région wallonne pour explorer toutes les pistes de subvention ou d'acquisition ? A-t-on envisagé un partenariat avec les associations locales ou le monde associatif pour maintenir, sous une autre forme, cette activité traditionnelle à Bailleul même ? Nous comprenons les contraintes budgétaires et la complexité de ce type de dossier, mais nous parlons ici d'un symbole identitaire fort pour notre commune, d'un lieu de convivialité et de transmission."
"Préserver la mémoire de la bourle, c'est aussi préserver l'âme populaire d'Estaimpuis", a-t-elle conclu.
Evelyne Verschuren, conseillère pour "Les Engagés", a elle aussi pris la parole concernant ce sujet : "Cette bourloire est dans le domaine privé, les autorités communales auraient-elles pu anticiper les choses en rachetant le bâtiment ? Il est indéniable que ce genre d'établissement fait partie de la vie d'un village, c'est un espace de convivialité et de transmission de traditions qui contribue à l'identité locale et nous ne pouvons que regretter cette démolition. Une marche arrière étant impossible, avez-vous pensé à une alternative pour demain ? Nous avons cru comprendre qu'un projet pourrait prendre place dans les futurs locaux de l'ancienne salle paroissiale de Néchin. Qu'en est-il ?"
Le collège soucieux mais impuissant
Le bourgmestre Frédéric Di Lorenzo a assuré que le collège ne prenait pas cette histoire à la légère, mais que le champ des possibles quant aux solutions était assez restreint : "Il est important de rappeler avant toute chose que la bourloire appartient à un propriétaire privé. Dès lors, celui-ci reste libre d'en disposer comme il l'entend et de la vendre au prix qu'il souhaite. Ce caractère privé justifie également que le collège ne dispose pas de toutes les informations, ni de la possibilité d'intervenir comme nous l'aurions souhaité, et il n'est certainement pas de notre ressort d'empêcher la vente... Cependant, soucieuse de préserver cet élément de notre patrimoine et de soutenir les clubs de bourle, l'USC d'Estaimpuis a repris, en accord avec le propriétaire, un bail d'un an sur l'ensemble du bâtiment. Cela nous a permis de mettre à disposition la bourloire aux clubs afin qu'ils puissent terminer leur championnat dans de bonnes conditions. Cette période a également servi à évaluer la situation économique du lieu et à analyser la viabilité d'un tel établissement à long terme."
Concernant enfin le peu de motivation de la majorité ressenti au sein de l'opposition, le bourgmestre s'en est défendu en expliquant les différentes actions qui avaient déjà été entreprises : "Je peux vous assurer de celle-ci par les actes entrepris par le collège depuis plusieurs mois, en ayant multiplié les courriers et échanges avec différentes instances à ce sujet (dont l'IEG, les Rouches Bourleux, le Musée du Folklore de Mouscron), afin d'encourager les initiatives et appuyer les demandes visant à protéger la bourloire de Bailleul, notamment en soutenant la demande de la conservatrice au Musée du Folklore Vie Frontalière pour inscrire le jeu de bourles à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous nous sommes par ailleurs déplacés, pas plus tard que ce week-end, à la bourloire de Dottignies, afin de marquer notre soutien à ce sport et d'échanger avec eux sur les différentes difficultés et solutions possibles à sa perpétuation."
E.H.