Le groupe Rossel (NordEclair) et IPM (Le Courrier de l'Escaut) regroupent leurs activités

Le groupe Rossel (NordEclair) et IPM (Le Courrier de l'Escaut) regroupent leurs activités

Le groupe Rossel (NordEclair) et IPM (Le Courrier de l'Escaut) regroupent leurs activités

Les groupes de presse Rossel et IPM ont annoncé, ce lundi 23 juin, leur volonté de regrouper leurs activités afin de faire face aux transformations du secteur de la presse en Belgique francophone.

Dans un communiqué commun, les deux entreprises familiales expliquent vouloir "veiller à la pérennisation du journalisme professionnel indépendant" dans un contexte qu'elles qualifient de "bouleversé" : transition numérique, arrivée de l'intelligence artificielle, recul des revenus publicitaires au profit des plateformes internationales, et fin de la concession postale pour la distribution des journaux.

Une structure à trois pôles éditoriaux

Le projet prévoit que la holding de la famille le Hodey (IPM) entre au capital du groupe Rossel par l'apport de ses activités de presse. Les deux groupes conserveraient cependant une organisation éditoriale en trois entités :

  • Rossel & Cie, qui continuerait à éditer Le Soir et Le Soir Magazine ;
  • IPM Presse, avec La Libre Belgique, La DH-Les Sports, Moustique, Télé Pocket et Paris Match Belgique ;
  • Un nouveau pôle regroupé sous Groupe Sudmedia, qui comprendrait L'Avenir, les titres régionaux de SudInfo (La Meuse, La Nouvelle Gazette, La Province, Nord Éclair, La Capitale), ainsi que Ciné Télé Revue, Le Journal des Enfants, Vlan et 7 Dimanche.

Les rédactions resteraient autonomes, avec des chartes internes censées garantir l'indépendance rédactionnelle. Le communiqué affirme que le pluralisme des opinions resterait un pilier central du projet.

Mutualisation des moyens

Au-delà de l'aspect éditorial, les deux groupes prévoient une rationalisation des moyens technologiques et commerciaux : investissements conjoints dans les outils numériques et développement d'une plateforme d'abonnement commune à l'ensemble des titres.

Ils évoquent aussi la volonté de renforcer l'attractivité de leur offre publicitaire pour compenser la perte de revenus face aux géants du numérique.

Des garanties demandées sur le pluralisme

La ministre des Médias, Jacqueline Galant, a réagi à l'annonce de ce projet en exprimant certaines réserves. Après avoir rencontré les dirigeants des deux groupes le 20 juin, elle a indiqué avoir demandé "des garanties claires quant au respect du pluralisme des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles et à la préservation de la diversité des titres". Elle reconnaît que "le rapprochement entre deux groupes privés n'est, en soi, pas problématique", mais souligne que son rôle est d'"être garante du pluralisme et de veiller à ce que ce projet ne porte atteinte ni à la diversité des titres, ni à la qualité de l'information". Le gouvernement, assure-t-elle, restera "particulièrement vigilant" quant aux suites du dossier.

Une opération soumise à validation

Rossel et IPM présentent cette fusion comme une réponse à la fragilisation économique du secteur, ainsi qu'aux mutations des habitudes de consommation de l'information, de plus en plus dominées par les réseaux sociaux.

Les deux groupes restent cependant prudents quant au calendrier : le projet doit encore obtenir l'approbation des autorités belges de la concurrence.

Ensemble, Rossel et IPM représentent la majorité de la presse quotidienne francophone en Belgique. Ce rapprochement soulève donc aussi des questions sur la concentration des médias et la diversité des voix dans le paysage médiatique belge.


T.D.