Rumes : l’avenir du célèbre Capt'ain entre les mains du collège communal
Le permis d’exploitation du Capt’ain, célèbre discothèque installée à La Glanerie depuis le début des années 90, arrive à son terme. À quelques jours de la décision du collège communal, riverains, autorités et propriétaires ont débattu de l’avenir du site.
La demande ne prévoit aucun agrandissement de l'activité mais a néanmoins soulevé de nombreuses inquiétudes, lors d'une réunion d'information organisée ce mercredi 16 avril. « Les relations entre les riverains, l’administration et les propriétaires n’ont pas toujours été un fleuve tranquille », a résumé le bourgmestre Michel Casterman, en ouverture de séance.
Des nuisances persistantes mais en baisse
Lors de la réunion, plusieurs riverains ont évoqué des nuisances sonores, la présence de détritus, ou encore des comportements problématiques liés à l’alcool ou à la drogue aux abords du site et jusque dans le village de La Glanerie. « Dimanche à 3h du matin, on entendait encore la musique, j’ai été réveillé par des gens qui dansaient », rapporte l’un d’eux. D’autres soulignent un mieux depuis la crise sanitaire du coronavirus, avec une baisse sensible des bruits et des débordements.
Les chiffres fournis par la police donnent matière à réflexion : 58 interventions en 2022, 53 en 2023, et 51 en 2024, hors contrôles de routine sur la chaussée.. Plusieurs faits graves ont également marqué ces dernières années, dont des accident sur la voirie impliquant des conducteurs alcoolisés sortant de l'établissement. Depuis le début de son mayorat, Michel Casterman fait état de cinq décès liés à des incidents survenus aux abords de la discothèque.
Plus récemment, le 19 janvier 2025, un client en partance du Capt'ain a percuté les armoires électriques ainsi que la clôture d'une habitation à l'entrée de Rumes, coupant le réseau wifi pendant plusieurs jours pour une centaine de riverains. La boite de nuit n'a pourtant pas de levier. Elle ne peut légalement détenir les chauffeurs alcoolisés explique le chef de la sécurité, en poste depuis 1998.

Le 19 janvier 2025, en début de matinée, la Zone de Secours de Wallonie picarde est intervenue à l’entrée de Rumes, après qu’un automobiliste a raté le virage et terminé sa course tout droit dans les boites électriques.
« Vous semblez subir les événements que génère votre propre établissement » s’interroge alors le bourgmestre à l’attention de la propriétaire, présente lors de la réunion.
Les préconisations des autorités
L’enquête publique, clôturée le 26 mars dernier, a permis la formulation de plusieurs remarques et avis de la population. D’autres instances, également présente à la réunion, ont délivré leur avis, c’est notamment le cas de la zone de police, qui évoque des « nuisances importantes à la fermeture », des problèmes de sécurité routière, mais reste favorable à la continuité du dancing avec des propositions comme une limitation de vitesse à 30 km/h sur la chaussée de Montgomery et la fermeture anticipée à 6h de l’établissement, à l'instar du ZooClub à Barry. Car selon les forces de l’ordre, l’amplitude horaire actuelle favoriserait un effet d’appel. Les fêtards d’autres établissements de la région se rassembleraient ainsi entre 6h et 8h à La Glanerie pour continuer la fête.
Face à ce qui ressemblait vers la fin à un réquisitoire, la direction du Capt'ain tente de convaincre. Le responsable sécurité rappelle l'étroite collaboration avec les forces de l'ordre, malgré des moyens légaux limités pour lutter contre les stupéfiants. Les équipes de sécurité privée n'ont en effet pas le droit de procéder à des fouilles. Quant à la propriétaire, elle affirme que « le but n’est vraiment pas d’embêter les riverains », et propose elle-même de revoir les horaires : « Fermer à 6h nous arrangerait aussi économiquement » mais elle craint que les jeunes trainent dans les alentours et réveillent les riverains si cette mesure est appliquée. Une chose est claire, la direction du Capt'ain en a marre de se faire pointer du doigt.
Vers une collaboration entre concernés ?
La réunion, qualifiée de « constructive » par le bourgmestre, a aussi été l'occasion d'évoquer des pistes d'amélioration. L'idée d'un comité d'accompagnement, réunissant riverains, commune et gestionnaires du dancing, une fois l'an, a été avancée. Une manière de sortir de la logique de confrontation tous les vingt ans lors du renouvellement du permis.
Le collège communal devra se prononcer sur la demande le 22 avril prochain. Le sort du Cap'tain reste donc pour le moment incertain.
Eva Penel