Ath : les motions en conseil communal sont-elles en train de lasser les élus ?

Ath : les motions en conseil communal sont-elles en train de lasser les élus ?

Ath : les motions en conseil communal sont-elles en train de lasser les élus ?

Trois motions débattues au cours d’une seule séance : ce n’est pas tant le contenu des textes déposés qui a alimenté les discussions, mais bien la légitimité de l’outil en lui-même.

Le dépôt de motions par des conseillers ou groupes politiques est monnaie courante lors des conseils communaux. Il s'agit d'un moyen d'exprimer une position, de proposer une action ou encore d'interpeller une autorité compétente. Mais à Ath, lors du dernier conseil communal, c'est moins le contenu des textes que le principe même de la motion qui a suscité le débat.

Il y a d'abord eu deux motions déposées sur un même sujet : celui de l'abandon du projet de redéploiement des lignes TEC dans la zone d'Ath. Celles-ci ont recueilli l'adhésion de tous les mandataires.

À l'inverse, celle déposée par Thierry Despretz (PTB), concernant le transfert des politiques d'austérité du fédéral vers les communes, a été balayée d'un revers de la main par les conseillers d'opposition, à l'exception d'Ester Ingabire (Ecolo), la majorité s'étant abstenue. Dans cette proposition, le conseiller dénonçait une situation financière de plus en plus délicate pour les communes : "96 % du déficit des communes wallonnes de ces cinq dernières années provient de dépenses que l'État fédéral leur transfère : politique sociale, sécurité, secours et pensions", a-t-il précisé, avant de poursuivre avec quelques chiffres : "80 millions manquent aux zones de police en 2024, l'État ne finançant que 43 % au lieu des 50 % promis ; 45 millions manquent aux zones de secours, avec un financement fédéral de 25 % au lieu de 50 % là aussi une promesse non tenue ; et enfin, 190 millions d'euros en aides sociales depuis 2020, alors que les CPAS doivent compenser les coupes fédérales."

Une motion : quel intérêt ?

Mais au-delà de la teneur des motions, plusieurs conseillers ont exprimé leur malaise face à leur multiplication. Stéphane Delfosse (La Liste Athoise) s'est interrogé sur leur utilité réelle : "On en a vu passer, des motions. Que ce soit en conseil communal et vous, Monsieur le Président, vous en avez vu à Namur et à Bruxelles vous en voyez et vous en verrez encore. J'aimerais bien savoir quel est le pourcentage de motions déposées qui débouchent sur un résultat concret ?" a-t-il questionné. Pour Bruno Lefèbvre (PS), elles conservent toutefois un rôle essentiel : "Je reste convaincu que ça reste effectivement un moyen de pression."

Trop de motions tue la motion

Valentin Vigneron (MR.ath) a été plus critique. Il voit dans cette tendance une instrumentalisation des conseils communaux : "Au fil des séances, une tendance me frappe : notre conseil communal devient la dernière voie de recours d'une opposition en quête d'une démocratie en crise Faute de succès dans leur propre Parlement, certains partis tentent de faire avancer leur programme par le dépôt de motions communales", a-t-il expliqué. Le mandataire estime également que certaines de ces motions n'ont rien à faire au niveau local : "Trop souvent, j'ai l'impression que notre énergie est détournée vers des débats qui relèvent d'autres niveaux de pouvoir. Notre conseil risque de devenir progressivement une succursale de nos parlements, au détriment des véritables enjeux locaux qui devraient être notre priorité", a-t-il regretté, dénonçant notamment la motion déposée par le conseiller PTB sur le transfert d'austérité du fédéral.

Thierry Despretz (PTB) n'a pas manqué de défendre la pratique : "Je trouve cela essentiel. Cela alimente le débat démocratique. Cela permet aussi de faire remonter des idées qui sortent de notre conseil communal, car on les envoie aux personnes concernées, aux décideurs", a-t-il argumenté, avant de questionner : "Quel autre moyen voyez-vous pour faire parvenir l'avis du conseil communal ?"

Pour le conseiller Serge Dumont (MR.@th), "trop de motions tue la motion". Et alors qu'un projet de motion visant à soutenir le groupe Revolth dans son combat concernant le dossier de la Boucle du Hainaut est sur la table du prochain conseil communal, le libéral propose : "Je vous demande s'il est possible de ne pas soutenir le groupe Revolth par une motion, mais plutôt de le soutenir par un vrai point à l'ordre du jour du conseil communal, avec un vote. Cela ferait une motion en moins et on aurait un point voté démocratiquement."


A.D.