« Quand on m’a dit le nombre de coups de couteau, je n’ai pas compris » : Eric Guisset face à ses juges à la cour d’Assises de Mons
Il est accusé d’avoir assassiné sa compagne Engie Boucq d’une quinzaine de coups de couteau à Antoing en 2023.
Eric Guisset est en aveu des faits qui se sont déroulés le 4 août 2023 au domicile d'Engie Boucq, rue Joly 14 à Antoing. Ce jour-là aux alentours de 16h30, les policiers découvrent la victime baignant dans son sang, recouverte par une couette sur le sol de son salon. Elle respire encore faiblement, mais décédera des suites de ses blessures. Des traces de pas ensanglantées sont observées dans l'habitation, un couteau maculé de sang retrouvé dans la cuisine. Le corps d'Engie Boucq présente 16 plaies issues de coups de couteau, ainsi que des traces visibles de coups au visage.
« Ne fais pas ça, je ne vais pas pouvoir profiter de ma dernière soirée »
La police a été alertée par la cousine d'Eric Guisset, à qui il a avoué son acte au téléphone, quelques minutes après l'avoir commis. Lorsqu'elle a parlé d'appeler les secours, il lui a demandé de ne pas le faire afin de pouvoir profiter de sa "dernière soirée" au bar avant d'être emprisonné.
Dans les minutes qui suivent, les forces de l'ordre procèdent à l'interpellation d'Eric Guisset dans un établissement d'Antoing où il avait ses habitudes. D'après les témoignages des tenanciers et de clients de plusieurs établissements locaux, l'homme leur a expliqué qu'il venait boire ses derniers verres avant d'être arrêté. Les policiers le trouvent alors dans un état d'ébriété avancé. La victime et l'accusé souffraient tous deux d'une addiction sévère à l'alcool, ils s'étaient rencontrés lors d'une cure de désintoxication en 2022.
Le procès d'Eric Guisset a débuté ce lundi 31 mars à la cour d'Assises du Hainaut. Dans sa lecture de l'acte d'accusation, l'avocat général François Demoulin a donné les détails des déclarations de l'accusé. Le menuisier de formation de 54 ans, originaire d'Ath et domicilié auprès du cpas d'Antoing, explique s'être violemment disputé avec la victime le jour des faits. Après plusieurs échanges de coups, lors d'une dispute concernant leur consommation d'alcool respective, Eric Guisset explique avoir saisi un couteau pour la menacer. Il dit se souvenir d'avoir frappé Engie Boucq, sans savoir combien de fois.
Nombreux actes de violences conjugales
Lors de son interrogatoire par la présidente Martine Baes, Eric Guisset semble calme et ne présente aucune difficulté à s'exprimer. Il répond facilement aux questions sur ses difficultés de parcours, de la mort de son père aux cures de désintoxication, en passant par la perte de son travail et les injustices qu'il estime avoir subi de la part de nombreuses personnes. Il s'étend sur les mauvais coups qui lui ont été joués, le fait qu'il n'a jamais cessé d'être actif et sa répugnance pour la drogue.
Par contre, lorsqu'il s'agit de reconnaître ses torts, l'accusé est beaucoup plus évasif. Lorsque la présidente cite par le menu toutes les plaintes déposées par ses précédentes compaganes, souvent pour des actes de violence et des menaces, Eric Guisset dément ou dit ne pas se souvenir des faits. L'une d'entre elles a dit avoir été attaquée au couteau, ce que l'accusé réfute, malgré sa confirmation dans une précédente déposition.
" Elle est venue me chercher misère "
Lorsqu'il s'agit de retracer la journée des faits, les explications se font de plus en plus confuses. Après avoir rappelé qu'Engie Boucq avait appelé à plusieurs reprises les services de police la veille pour se plaindre de menaces de mort, Martine Baes interroge l'accusé sur le déroulé de la journée. "J'étais installé tranquillement dans ma chambre, j'avais bu quelques verres de Ricard et elle est venue me chercher misère", raconte Eric Guisset. A plusieurs reprises, ses explications semblent en décalage avec les éléments de l'enquête, notamment à propos de sa présence dans les bars des environs plus tôt dans la journée.
"Je suis quelqu'un de très calme, mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin"
L'accusé explique avoir reçu plusieurs coups de la part de la victime, qu'il décrit comme violente à son égard. La présidente a rappelé qu'il ne présentait aucune lésion importante lors de son examen par un médecin après les faits. "J'ai complètement perdu la tête", explique Eric Guisset, "nous étions en pleine bagarre de rue. J'avais pris un couteau pour qu'elle s'écarte et je lui ai donné des coups. Je ne sais plus bien combien, ni comment". Aucune explication précise ne sera donnée sur la manière dont les seize coups de couteau, dont trois dans le dos, ont été assénés. Une question importante est restée sans réponse : pourquoi aucune trace de sang n'a été retrouvée sur ses vêtements, alors qu'il affirme l'avoir frappée pendant une bagarre au sol?
S'adressant aux enfants d'Engie Boucq, présents dans la salle, il a exprimé des regrets, assurant qu'il ne se pardonnerait jamais son geste. La défense, pour sa part, a mis en évidence le fait que personne n'avait interrogé l'accusé sur ses intentions avant les faits, question importante puisqu'il est accusé d'assassinat. Eric Guisset a répondu en rejetant les alléguations selon lesquelles il aurait menacé de mort sa compagne la veille du drame. Dans les prochaines étapes du procès, le jury entendra les différents experts et témoins.
J.Cr.