Évolution du personnage du Sauvage en Diable : «Est-on prêt à solliciter à nouveau une reconnaissance de l'UNESCO ? C'est non» pour le bourgmestre d'Ath, Bruno Lefèbvre

Si le personnage a donc évolué, les autorités communales athoises veulent maintenant laisser la polémique derrière eux pour se reconcentrer sur le folklore et la fête.
Il y a deux semaines, la Commission Citoyenne du Folklore a approuvé la proposition du groupe de travail concernant le personnage du Diable (ex-Sauvage) de la Barque des pêcheurs napolitains. Ainsi, le personnage arborera désormais des cornes, perdra ses chaînes et sera grimé de noir et de rouge. Cette nouvelle apparence devra d'ailleurs être avalisée en conseil communal du 26 mars prochain. L'évolution du personnage doit à présent permettre de se recentrer sur le folklore. "J'espère que cela mettra fin à une polémique dont le commencement ne date pas de 5 ans, mais dont les premières péripéties datent de la Seconde Guerre mondiale, puis dans les années 60 et d'autres encore au fil des décennies. Ce processus aura dans ce cas mis 80 ans pour aboutir. Nous sommes tous d'accords. Nous avons besoin de retrouver une Ducasse paisible et non une Ducasse qui rime avec division, manifestations, tensions internes et externes" s'est exprimé le bourgmestre, Bruno Lefèbvre.
Cette évolution du personnage est survenue après un an de travail au sein de la commission. Un travail de longue haleine qui a permis à différents points de vue de se confronter pour finalement arriver à un consensus.
Plus de demande de reconnaissance auprès de l'UNESCO
Le personnage du Sauvage, pointé du doigt pour son caractère raciste, avait finalement conduit l'UNESCO a retiré la Ducasse d'Ath de son patrimoine culturel immatériel de l'humanité (revoir notre émission spéciale ici). Et pourtant, ce long processus d'évolution du personnage avait débuté à Ath. Pour le bourgmestre, c'est clair, la ville d'Ath ne sollicitera pas une nouvelle demande de reconnaissance auprès de l'UNESCO : "Nous n'avons pas besoin de cet organe international pour faire connaître notre fête. Tenir sa parole est fondamental pour les gens de la cité. Nous juger à des milliers de kilomètres sans nous avoir laissé le temps de la réflexion et de la concertation nous a laissé un goût amer qui restera encore longtemps dans nos mémoires".
Une évolution nécessaire
Par ailleurs, cette évolution du personnage semblait inéluctable au vu des nombreuses plaintes externes et internes reçues par UNIA, l'institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination et défend l'égalité en Belgique. "Leur position par rapport à la légalité a évolué : le fait de répéter la sortie du Sauvage sans changement d'année en année témoigne d'une intention de racisme. Et donc, rentre dans le domaine de ce qui est pénalement punissable. Les organisateurs de la Ducasse et les protagonistes seraient donc susceptibles d'être traduits devant un tribunal" a précisé le bourgmestre.
Bruno Lefèbvre a conclu en espérant laisser désormais la polémique de côté : "retrouvons notre fête, retrouvons ce qui nous rassemble ! Mesurons l'essentiel de ce que nous chérissons dans cette fête".
A.D.