Le projet de canal Seine-Nord en danger ?

Le gigantesque projet européen du canal Seine-Nord, dans lequel s’intègrent les nombreux aménagements récents et à venir sur la Lys et l’Escaut, pourrait être remis en cause par l’arrivée à la tête de l’exécutif français du député-maire du Havre, Edouard Philippe.
Emmanuel Macron vient de l’annoncer, Edouard Philippe sera le prochain Premier ministre français. L’homme s’est à plusieurs reprises montré très critique envers le projet du canal Seine-Nord qui devrait permettre de relier le port du Havre, ville dont il est le maire, avec le réseau fluvial du Benelux. Or c’est bien dans l’attente du creusement de ce gigantesque canal de 106 km que les différents aménagements de nos voies fluviales ont démarré il y a déjà plusieurs années. Le réseau Lys-Escaut est en pleine transformation afin de permettre le passage de péniches de gros tonnage -4500t- en provenance de France ou des Pays-Bas.
"On a déjà la Manche"
Ce gigantesque projet, sur les rails depuis plusieurs dizaines d’années, a déjà été retardé maintes fois. Avec cette nomination, il risque de prendre un nouveau coup dur. Lors d’une rencontre organisée au Havre fin 2015, Edouard Philippe avait déclaré : "Je n’arrive pas comprendre l’intérêt qui s’attache à la construction d’un canal parallèle à la mer. Une voie d’eau Nord-Sud, existe déjà : cela s’appelle la Manche, l’une des autoroutes maritimes les plus fréquentées au monde, et qui fonctionne assez bien." Il estime que les fonds publics investis dans le creusement du canal seraient bien plus efficient s’ils servaient à valoriser le port du Havre et d’autres ports maritimes.
Il estime également que le faible impact écologique vanté par les défenseurs du projet est à relativiser, puisque "100% des bateaux qui livrent de la marchandise en Europe arrivent par le sud. Par définition, ils passent d’abord par Le Havre avant d’atteindre les grands ports du Nord. Que ces conteneurs aient vocation à aller à Paris ou à en partir, aller directement au Havre évite le voyage Paris-Anvers ou Paris Rotterdam par la route ou par la voie fluviale."
Lys-Escaut : un cul-de-sac ?
Pour autant, Edouard Philippe ne se dit pas totalement opposé au développement du transport fluvial et entend bien l’argument du re-développement économique des régions post-industrielles du nord de la France et de Belgique. Mais une chose semble sûre, le projet Seine-Nord ne risque pas de voir le jour sous son mandat, en tout cas pas dans sa forme actuelle. Quid donc de l’élargissement de l’Escaut et de la Lys, de la modification du Pont des Trous ou encore des fameuses plates-formes bimodales qui fleurissent sur leurs rives ? Il est sans doute encore trop tôt pour le dire, mais de nombreux regards seront braqués vers cet homme dans l’attente de ses premières décisions.
Nous reviendrons très prochainement sur cette actualité dans l'un de nos JT.
J.Cr.