« La boussole de notre mandature » : Ath dévoile son Plan stratégique transversal

Attendu de longue date, le Plan stratégique transversal (PST) de la Ville d'Ath a finalement été présenté ce jeudi soir, lors de la dernière séance du conseil communal de l'année. Ce document-clé fixe les grandes orientations politiques de la majorité pour la période 2024-2030. Présenté par l'échevin en charge du PST, Jessy Keldermans (PS), accompagné d'Olivier Raulier, chef de cabinet du bourgmestre, le plan est le fruit d'un an de travail ayant mobilisé des centaines de collaborateurs communaux.

Dès l'entame de son exposé, l'échevin a tenu à justifier le calendrier. "Le code de la démocratie locale prévoit un délai indicatif et non impératif. On a choisi le bon moment pour poser de bonnes bases", a-t-il expliqué. Il a également souligné que les ressources administratives avaient été fortement sollicitées par un autre dossier majeur. "On a pas attendu d'avoir un plan de gestion pour se mettre au travail. On a mobilisé une capacité stratégique énorme pour sécuriser la reprise de notre abattoir communal, un enjeu supra communal important pour l'emploi, les circuits-courts et l'économie régionale".

Qualifié de "boussole de la mandature", le PST traduit les intentions politiques de la majorité en objectifs concrets et en actions opérationnelles. Il s'articule autour de cinq axes majeurs.

- Axe 1 : Assurer une gestion responsable et durable de la ville

La majorité entend poursuivre l'assainissement des finances communales, avec un objectif affiché de réduction de la dette de 25 %. Le plan prévoit également de faire évoluer Ath vers une "ville intelligente", notamment par le déploiement de l'intelligence artificielle et l'installation de dispositifs de vidéoprotection.

- Axe 2 : Renforcer la cohésion sociale, l'inclusion et la solidarité

Cet axe vise à garantir l'accès aux droits fondamentaux pour l'ensemble des citoyens. Parmi les priorités figurent le logement de qualité et abordable, avec la création d'un observatoire du logement afin d'établir un diagnostic précis, la promotion des crèches d'entreprises, le développement du dispositif "sport sur ordonnance" et le renforcement des collaborations avec l'hôpital EpiCURA.

La majorité prévoit également la mise en place d'un point de contact unique (PCU) à l'horizon 2026 pour mieux accompagner les demandeurs d'emploi, ainsi qu'une amélioration de l'accueil des familles.

- Axe 3 : Favoriser l'attractivité et le dynamisme économique

L'objectif est de renforcer le rayonnement de la commune et de soutenir le commerce local. Cela passera notamment par la redynamisation de la rue de Gand, le lancement de pop-up stores, le développement d'une halte fluviale et d'un port de plaisance, ainsi que par le maintien de la " très haute qualité " de la Ducasse d'Ath.

- Axe 4 : Développer un cadre de vie de qualité, durable et sécurisé

Cet axe englobe l'aménagement du territoire, la sécurité et la mobilité douce. Il prévoit l'élaboration d'un schéma de développement communal (SDC) dans un délai de cinq ans afin de planifier l'avenir du territoire, la création d'une task force "sécurité et qualité de vie" pour coordonner la lutte contre les incivilités et la délinquance routière, ainsi que le développement des axes cyclo-piétons.

- Axe 5 : Investir dans l'éducation, la jeunesse, la culture et le sport

La Ville souhaite promouvoir le sport pour tous, avec l'ambition de décrocher une troisième étoile du label "Commune sportive". Parmi les projets annoncés figurent également la création d'un nouveau terrain de football à Meslin et la mise en place d'une maison de jeunes.

Dans le domaine de l'enseignement, la majorité poursuit la distribution quotidienne de potage gratuit dans les écoles et le projet de labellisation "cantine durable". Sur le plan culturel, elle ambitionne la mise en place d'un jumelage européen et la multiplication des boîtes à livres dans les villages et les faubourgs.Parmi les projets phares du PST figure aussi la restauration du carillon de l'église Saint-Julien.

Un plan orienté vers la durabilité

Si la liste des actions n'est pas exhaustive, le PST se veut résolument orienté vers la durabilité, avec 17 objectifs liés au développement durable. Ceux-ci concernent principalement la lutte contre les inondations, via la plantation de haies, l'installation de fascines et une collaboration renforcée avec le monde agricole.

La Ville s'engage également à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici 2030, notamment par la mise à jour du cadastre énergétique de son patrimoine communal et la poursuite du passage à l'éclairage LED sur l'ensemble du territoire. Mobilité douce, tri des déchets et végétalisation des espaces publics figurent également au programme.

"N'avez-vous pas peur de perdre le Nord ?" : une opposition en demi-teinte

Dans les rangs de l'opposition, les réactions ont été contrastées. Esther Ingabire (Ecolo) a salué l'intégration transversale des enjeux écologiques et la priorité accordée à la lutte contre les inondations, tout en soulignant les défis en matière de mobilité. "Quand on parle du plan communal de mobilité, je me dis qu'il faudrait une politique ambitieuse. Nos équipes de mobilité sont très talentueuse mais en général, la plupart des communes font appel à des bureaux d'études parce que je pense qu'il ne faut pas surcharger nos services, parce qu'une commune de notre taille parle d'un investissement énorme".

La conseillère a également appelé à repenser la mobilité sous l'angle différent. "Dans ce PST, on parle aussi d'une mobilité visant à améliorer les déplacements pour tous les publics, y compris les personnes à mobilité réduite, les aînés et les familles. J'aimerais juste rappeler qu'en fait, il faut penser la mobilité pour les personnes à mobilité réduite. Parce qu'une fois qu'on pense à la mobilité pour les personnes à mobilité réduite, en fait, elle convient à tout le monde".

Elle a toutefois regretté un manque de considération pour les villages, tant en matière de mobilité que de travaux de voiries.

De son côté, Thierry Despretz(PTB) a salué les ambitions liées à l'accès au logement, notamment la remise en fonction de logements vides et les aides aux propriétaires, tout en se montrant vigilant quant à leur mise en oeuvre. "Je resterai très vigilant face aux assouplissements annoncés pour les promoteurs immobiliers. Si le marché, la fameuse main invisible fonctionnait si bien sans régulation stricte, nous ne serions pas en pleine crise du logement", a-t-il déclaré.

Stéphane Delfosse, chef de file de la Liste Athoise, s'est interrogé sur la faisabilité du plan. "Vous l'indiquez dès le début, il s'agit d'une boussole. Alors qui dit boussole dit direction à suivre. Et moi je me demande si à un moment donné, vous n'avez pas peur de perdre le Nord ?", a-t-il questionné. Évoquant les incertitudes liées aux décisions fédérales et régionales pesant sur les finances communales, il a ajouté : "Je ne voudrais pas que ce PST qui pourrait se traduire en Programme Super Tentant ne se transforme en Projet Sans Thune". Face à cela, il a d'ailleurs proposé la mise en place d'un monitoring annuel afin d'évaluer concrètement l'avancement des projets.

Fernand Quintin, pour Les Engagés, a abondé dans ce sens, qualifiant le PST de catalogue de bonnes intentions. "Il y a de très nombreux projets qui vont être initiés mais qui n'auront pas l'occasion d'être réalisés durant les cinq ans", a-t-il précisé. Il a pointé quatre faiblesses majeures : "le manque de hiérarchisation dans ces différents objectifs, le manque de mesures concrètes pour expliquer comment atteindre ces objectifs, le fait que la commune n'a pas toujours la main mise pour pouvoir réaliser ses objectifs et enfin le budget".