«Rien n’a été donné. Tout devra être mérité.» : Éric Domb réagit à la polémique du subside à Pairi Daiza
Le fondateur de Pairi Daiza a souhaité donner sa version et expliquer, selon lui, "ce que signifie vraiment construire quelque chose en Wallonie."
Le parc animalier de Cambron-Casteau va recevoir un subside de 11,5 millions d'euros de la part de la Wallonie pour soutenir son projet de parc aquatique. Un montant qui a énormément fait réagir tant sur les réseaux sociaux que du côté de certains groupes politiques, notamment au sein du PS où la députée tournaisienne Dorothée De Rodder s'est étonnée qu'"une entreprise qui a réalisé en 2024 un bénéfice de 16 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 138 millions d'euros et qui a augmenté son dividende de 7%" reçoive un subside.
La réponse d'Éric Domb
Depuis quelques semaines, le fondateur de Pairi Daiza, Éric Domb, a pris l'habitude de s'exprimer en son nom via la page Facebook du parc. C'est via cette "Voix du Jardin" qu'il a souhaité répondre à la polémique.
Éric Domb est tout d'abord revenu sur les débuts difficiles du parc, encore appelé à l'époque Paradisio. "Cet hiver-là, je savais que nous rouvririons au printemps. Je ne savais pas si nous survivrions jusqu'à l'automne suivant. (...) Voilà l'origine de Pairi Daiza, un geste de ténacité dans un hiver où rien ne promettait la suite." 30 ans plus tard, plus de 30 millions de visiteurs ont franchi les portes de Pairi Daiza. "Je ne prends pas ce chiffre comme une réussite. Je le vois comme un témoignage, celui de personnes qui reviennent, qui amènent leurs enfants, qui confient un morceau de leur vie au Jardin. C'est cela, pour moi, la seule vraie mesure de ce que nous faisons."
Rien n’a été donné. Tout devra être mérité.
Éric Domb a souhaité ensuite remettre en contexte la décision de la Wallonie d'octroyer à Pairi Daiza un subside : "la prime dont il est question n'est pas une faveur. Elle n'est pas décidée à la tête du client. Depuis des années, la Wallonie applique un mécanisme identique pour toutes les grandes entreprises qui créent une nouvelle activité, investissent massivement et s'engagent à créer des emplois durables. En 2023, sous le gouvernement Di Rupo III, l'administration a autorisé le début d'un investissement de 106,16 millions d'euros pour une nouvelle activité économique, un centre aquatique et la création de 275 emplois directs. Le dossier définitif a été introduit le 4 juin 2024, toujours sous ce même gouvernement. Il a été examiné par l'administration sur base d'une grille de critères que ce gouvernement avait lui-même fixés, retombées économiques, innovation, efforts de recherche et développement, création et qualité de l'emploi. Sur cette base et uniquement sur cette base le taux de l'aide a été calculé, 10,83 %. Pas plus. Pas moins. Et toujours sous conditions strictes. Le gouvernement suivant n'a rien "offert". Il a simplement entériné la proposition de son administration comme il le fait pour tous les dossiers conformes aux règles. Et l'aide dont on parle tant n'a pas été versée. Pas un euro. Elle ne pourra l'être qu'une fois les travaux achevés et seulement si toutes les conditions sont remplies. Rien n'a été donné. Tout devra être mérité."
"A ma place que feriez-vous ?"
Sur l'utilisation du mot "cadeau" de la part du gouvernement wallon, Éric Domb s'offusque au nom de des travailleurs de Pairi Daiza. "Quand un mot injuste circule, ce ne sont pas des bilans qu'il atteint. Ce ne sont pas des chiffres. Ce sont eux, leur engagement, leur fierté, leur dignité. Et cela je ne peux pas non plus le passer sous silence."
Avant de se poser la question de l'avenir : "Aujourd'hui, à 65 ans, une question se présente. Le choix le plus simple serait de partir, tout céder, effacer les dettes qui me restent et quitter ce lieu en silence comme quelqu'un qui se détourne d'un rêve qu'il aime encore mais qu'il n'a plus la force de défendre. L'autre choix serait de continuer. Continuer malgré l'injustice, malgré les attaques, malgré l'usure des années, malgré ce sentiment certains jours de revoir l'homme de l'hiver 9495, seul dans un Jardin désert, cherchant la force d'un nouveau printemps. Si je continue, ce n'est ni par orgueil ni par obstination. C'est pour ceux qui travaillent ici, ces merveilleux compagnons de route qui portent le Jardin dans leurs gestes quotidiens, dans leurs efforts, leurs matins froids, leurs soirs trop longs et dont la fidélité silencieuse m'oblige plus que n'importe quelle règle écrite. C'est aussi pour nos visiteurs, ceux qui viennent poser un peu de leur vie entre les arbres, chercher une respiration, une beauté, un apaisement parfois même une manière de se réparer sans le dire."
B.D.