« On nous demande des plans de gestion pour la législature et on change les règles en cours de route » : la réforme des APE inquiète l’échevine des Finances à Ath
Au niveau de la commune d’Ath, 196 équivalents temps plein sont concernés par les APE (Aides à la promotion de l’emploi) pour un budget qui représente 3,5 millions d’euros.
La réforme des aides à la promotion de l'emploi actuellement sur la table du gouvernement wallon inquiète les villes et communes. À Ath, le conseiller d'opposition Stéphane Delfosse (La Liste Athoise) a d'ailleurs interpellé la majorité lors du dernier conseil communal sur les conséquences que pourrait avoir une diminution de ces subsides sur les finances communales.
En réponse, Ludivine Gauthier, échevine des Finances et du Personnel communal (PS), n'a pas caché son inquiétude. "Nous sommes tombés un peu de haut, puisqu'il y a une économie de 87,7 millions d'euros qui est faite sur l'ensemble des entités, que ce soit par la réduction ou la suppression des points APE", a précisé l'élue socialiste, rappelant aussi qu'une première vague a déjà été entamée cette année par la non-indexation des points APE.
Si l'échevine a rappelé que ces points concernaient des secteurs essentiels (le sport, la culture, les accueillantes d'enfants, les écoles et l'aide sociale), elle a souligné l'impact de la mesure sur la commune. "Sur 347 équivalents temps plein, ce sont 196 équivalents temps plein qui sont concernés par ces points APE, et donc un budget qui représente 3,5 millions d'euros", a-t-elle précisé avant de détailler les services impactés : 18 personnes sur 35 emplois à la Maison culturelle (soit un budget de 900 000 euros), 14 personnes au sein de l'Office du tourisme (soit un budget de 500 000 euros) et 40 équivalents temps plein au CPAS (soit un budget de 1,2 million d'euros).
De son côté, Jessy Keldermans, échevin de l'Emploi et de l'Égalité des chances (PS), a aussi apporté quelques précisions. "Dans les effectifs de la ville d'Ath, ce sont 104 femmes qui travaillent sous contrat APE et qui contribuent chaque jour au bon fonctionnement de nos services. En tant que progressiste, je refuse d'accepter qu'on ajoute à leur charge mentale et professionnelle une inquiétude supplémentaire", a-t-il relaté, avant de s'interroger sur la situation des familles monoparentales, souvent portées par des femmes seules. Pour lui, cette réforme "menace la stabilité de ces travailleuses, mais aussi l'équilibre de nombreuses familles".
Un impact substantiel sur les finances communales
Si à Ath, la vigilance budgétaire est de rigueur, elle devra l'être encore davantage au regard de ces nouveaux défis. Une situation qui exaspère l'échevine des Finances. "Je suis un peu révoltée par rapport à la situation puisqu'on nous demande en début de législature de faire un plan de gestion qui doit tenir la route sur l'ensemble de cette législature, et finalement, on change les règles du jeu en cours de route", déplore Ludivine Gauthier.
L'échevine a d'ailleurs mis en garde sur la situation budgétaire de la ville. "Il ne faut pas trop se réjouir des bonis que l'on peut constater à l'heure d'aujourd'hui, parce que je crains que finalement la situation soit pire que ce que l'on connaît aujourd'hui", a-t-elle détaillé.
Il ne faut pas trop se réjouir des bonis que l'on peut constater à l'heure d'aujourd'hui, parce que je crains que finalement la situation soit pire que ce que l'on connaît aujourd'hui
De son côté, Jessy Keldermans a rappelé l'origine de ce mécanisme créé par la Région wallonne dans les années 90 pour lutter contre le chômage structurel. Un dispositif qui a subi plusieurs réformes, comme l'a rappelé l'échevin. "Le dispositif souffrait de plusieurs écueils qui ont été corrigés en 2022. Il était nécessaire d'apporter plus de clarté et d'équité. On ne parlait plus de boost à l'emploi, mais d'un changement de modèle pour le maintenir. Les effets non souhaités étaient donc régulés. Je rappelle que l'Union des villes et communes de Wallonie a exprimé de fortes préoccupations concernant la réforme des APE, soulignant qu'elle met en difficulté les finances communales et menace la qualité des services publics locaux", a-t-il expliqué, avant de préciser que "l'Union des villes et des communes de Wallonie (UVCW) demande une compensation adéquate pour garantir la pérennité des missions communales".
Une dernière phrase qui inquiète davantage le conseiller d'opposition Stéphane Delfosse, qui craint que "la compensation vienne tout simplement des communes elles-mêmes ou alors qu'il faudra se séparer de membres du personnel". Le conseiller de la Liste Athoise insiste aussi pour que les personnes concernées soient rassurées, car les inquiétudes sont vives.
Le président de séance, Bruno Lefèbvre, a lui conclu en précisant que le souhait de la majorité était de maintenir l'emploi quoi qu'il arrive. "Les discussions budgétaires à venir seront extrêmement importantes", a-t-il insisté.
A.D.