Ellezelles : les licenciements à la Maison Vivante du Pays des Collines interpellent l’opposition

Pour rappel, deux employés de la Maison du Pays des Collines ont été remerciés début octobre.
C'est une histoire qui a fait grand bruit il y a quelques semaines du côté d'Ellezelles : celle du licenciement, avec effet immédiat, de deux employés de la Maison Vivante du Pays des Collines. Une des raisons évoquées par l'ASBL est d'ordre financier. Suite à cette décision, l'opposition a vivement réagi sur les réseaux sociaux et a remis le sujet sur la table lors du conseil communal de ce mardi.
Un communiqué commun en prélude du conseil
Un communiqué de presse commun a d'ailleurs été envoyé avant le conseil, dans lequel le PS, le MR et Écolo Plus 7890 ont exprimé leur inquiétude. "Les trois partis ont chacun pris la parole en séance, avec des interventions distinctes mais concertées en amont, traduisant une même préoccupation : la méthode, le manque de transparence et l'impact humain des licenciements immédiats de M. Stéphane Deroubaix et M. Eddy Manise, deux visages familiers et appréciés de la vie touristique et associative du Pays des Collines."
Les trois partis ont ensuite rappelé l'implication des deux personnes concernées au sein de la Maison du Pays des Collines l'un depuis 22 ans, l'autre depuis 5 ans. Pour preuve : les différentes activités menées ces derniers mois, telles que l'émission de la RTBF Mon plus beau village, la Chasse aux Sorcières de cet été ou encore Collinaria.
"Les trois groupes d'opposition tiennent à rappeler qu'ils ne s'opposent pas à l'idée d'un projet touristique rénové et ambitieux pour Ellezelles, mais à la manière dont celui-ci est aujourd'hui conduit. (...) Au-delà des chiffres et des structures, Écolo, le PS et le MR rappellent que le tourisme local repose avant tout sur des personnes : celles qui accueillent, informent et transmettent la passion de notre territoire aux visiteurs."
Ils appellent donc le Collège communal et le Conseil d'administration de l'ASBL PGI "à reconsidérer cette situation avec humanité et bon sens. Une solution humaine doit être trouvée, permettant, si possible, la réintégration de ces deux agents dans le futur projet de la Maison Vivante du Pays des Collines."
Le PS interpelle le collège
Lors du conseil communal de mardi soir, PS, MR et Écolo ont alors interrogé la majorité via des questions écrites. Et si celles de ces deux derniers partis politiques ont dû être discutées à huis clos, celle du PS était publique.
Fabrice Desterke, conseiller PS, s'est ainsi interrogé sur plusieurs points : "Vous dites que le projet de la Maison Vivante est ambitieux. Est-ce ambitieux de licencier les deux personnes qui connaissent le mieux les réalités touristiques ellezelloises ? (...) Quant à la direction dont vous parlez, un vent favorable nous a signalé que la personne était déjà connue. C'est surprenant, sachant qu'aucun appel à candidatures, aucune offre d'emploi n'a été publiée. Ou peut-être va-t-on assister, comme bien souvent, à un appel à candidatures tronqué, dont l'issue est connue à l'avance, avec l'engagement de personnes proches de la majorité. Est-ce à dire également qu'une seule personne va porter le projet et travailler là ? Un couteau suisse qui fera l'accueil, les visites, l'administratif ? Quoi qu'il en soit, du personnel de terrain sera nécessaire. Peut-être que ces personnes sont déjà connues de vous ? (...) Enfin, et je terminerai par là, il y a le fond dont je viens de parler et la forme. Ce n'est pas la première fois que les méthodes de licenciement au sein de cette structure sont interpellantes, avec une brutalité que ne méritent pas les agents. Les préavis auraient pu être prestés et, vu leur âge, un outplacement aurait pu leur être proposé. Mais là, ils ont été traités comme les pires des voleurs, de manière froide et irrespectueuse. Certes, un licenciement ne peut être annoncé à l'avance, mais en sachant ce qu'ils ont enduré depuis le début du chantier et ce qu'ils ont quand même produit comme attractivité touristique, c'est inhumain. La levée de boucliers des Ellezellois suite à cette annonce devrait je l'espère vous faire réfléchir."
Jean-Baptiste Deramée, échevin du Tourisme et administrateur délégué au sein de l'ASBL PGI, a tenu à clarifier certaines choses : "Vous avez joué votre rôle d'opposition, très bien. Nous n'avons jamais rejeté les propositions et les remarques de ce qu'on appelle plus souvent la minorité, d'ailleurs. Il est tout à fait normal de réagir, pour les travailleurs et pour ceux qui les soutiennent. Néanmoins, nous n'apprécions pas les slogans populistes, les phrases chocs pour émouvoir, et surtout les contre-vérités, qui ont été entretenues, relayées (encore aujourd'hui) et développées par la plupart d'entre vous. Vous avez jugé avant de savoir, en entretenant l'aigreur autour d'une situation qui, quoi que vous en pensiez, nous affecte également."
Jean-Baptiste Deramée a ensuite évoqué la responsabilité de chacun : "Je vous rappelle que tous, et depuis très longtemps, vous auriez pu intervenir si les choses vous paraissaient mal emmanchées. Certains étaient conscients que l'ASBL demandait des dizaines de milliers d'euros pour fonctionner. Et tous, vous pouviez vous positionner avant que n'arrive cette subite vague de questions. À propos du respect des travailleurs : pourquoi aujourd'hui surfez-vous sur la vague supposée d'indignation collective que vous alimentez vous-mêmes, alors qu'il y a trois ans, au moment du premier licenciement, personne n'a réagi ? Vous vantez les mérites des deux licenciés. Les agents précédents n'en avaient-ils pas ? À propos du bien-être des travailleurs : vous évoquez des circonstances de travail déplorables et des choses qu'ils auraient dû endurer Pourquoi ne pas avoir soulevé le supposé problème plus tôt ? Nous sommes ouverts aux remarques et aux conseils."
Concernant la future direction, l'échevin du Tourisme dément : "Les vents favorables plus couramment appelés ragots, auxquels la responsabilité politique m'empêche d'être sensible vous ont rapporté des informations fausses. Par ailleurs, vos insinuations selon lesquelles le processus d'engagement serait irrégulier, et que des personnes seraient recrutées par copinage, en dépit des examens, des évaluations et des compétences, sont profondément blessantes pour tout le personnel communal."
Enfin, Jean-Baptiste Deramée a déploré les slogans chocs utilisés par l'opposition, tels que "La Maison non vivante du Pays des Collines".
Un communiqué en réponse
Plus tard dans la soirée, un communiqué de la Liste du Bourgmestre a été envoyé et publié sur les réseaux. Une réponse, en quelque sorte, à celui transmis plus tôt dans la journée par les trois partis de l'opposition.
"La Liste du Bourgmestre comprend l'émotion que suscite ce sujet, mais ne peut accepter les sous-entendus mensongers et les insinuations malveillantes qui ont circulé ces derniers jours. Elle s'étonne aussi que l'opposition ait publié un communiqué de presse sur les débats du conseil communal quatre heures avant celui-ci. (...) Contrairement à ce qui a été insinué, il ne s'agit ni d'un règlement de comptes, ni d'une décision idéologique, mais d'une réorganisation nécessaire pour préparer l'avenir de la Maison Vivante du Pays des Collines. Les deux agents ont reçu toutes les indemnités légales, soit plus de 130 000 euros au total, ainsi qu'un accompagnement professionnel (outplacement). (...) L'opposition d'aujourd'hui aurait eu tout le loisir d'agir hier. Par ailleurs, comme annoncé à plusieurs reprises, l'ASBL PGI sera refondue pour en faire une ASBL communale avec représentations en fonction des résultats électoraux. (...) Le projet de la Maison Vivante du Pays des Collines poursuit son chemin, avec sérieux et ambition : un lieu de culture, de tourisme et de convivialité, porté par les citoyens, les associations et les bénévoles. Un plan financier, travaillé avec des experts et l'administration de manière continue, sera bientôt présenté au conseil communal. Trois personnes y seront prochainement dédiées à la coordination, à l'accueil et à la programmation culturelle. (...) Nous condamnons avec force les insinuations qui laissent entendre que des agents communaux auraient été engagés par copinage. (...) Les recrutements sont réalisés de manière transparente, légale et professionnelle, sous le contrôle du directeur général et du service des ressources humaines. (...) La Maison Vivante du Pays des Collines n'est pas un slogan, c'est un projet concret, collectif et durable", peut-on lire.
E.H.