L'évêque de Tournai Guy Harpigny espère que le nom de son successeur sera connu en juin prochain
Agé de 77 ans, Guy Harpigny souhaite passer le flambeau depuis plusieurs années.
À la suite du décès du pape François, Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, est revenu ce samedi sur le plateau du Midi35 sur l'héritage du souverain pontife et évoque l'avenir de l'Église.
Quelle empreinte le pape François laissera-t-il dans l'Église catholique ?
Guy Harpigny : Il a marqué une rupture avec ses prédécesseurs par son style de vie, sa manière de faire et son contact direct avec les gens. François n'a pas modifié la doctrine de l'Église, mais il a changé la manière d'aborder des questions difficiles. Il ne s'agissait plus de rappeler ce qui est permis ou interdit, mais d'accompagner les personnes en situation de fragilité. Une de ses grandes idées était que " le réel est plus important que les idées ", et je crois que c'est très vrai.
Vous faites allusion à son engagement en faveur des réfugiés ?
G.H. : Oui, et aussi à son attitude face aux personnes vivant des situations matrimoniales complexes, aux homosexuels... Il n'y avait pas de condamnation dure, mais une volonté d'accompagner chacun dans son cheminement.
Certains de ses propos, notamment sur l'avortement, ont néanmoins été très critiqués. Quel regard portez-vous là-dessus ?
G.H. : C'est vrai, certaines paroles ont été très dures, notamment lors de son passage en Belgique. Cela reste un regret. On dit que c'est dans son tempérament latino-américain. En même temps, il rappelait un principe fondamental de l'Église : la protection de la vie, surtout celle de ceux qui ne peuvent pas se défendre. Mais ce message aurait pu être formulé autrement.
Quel profil espérez-vous pour son successeur ?
G.H. : Avant tout, quelqu'un de proche des gens. Sinon, le pape devient une figure lointaine que l'on n'écoute plus. Ensuite, une personne ayant une vision claire de la situation géopolitique mondiale. Et enfin, quelqu'un capable de continuer à accompagner les personnes marginalisées dans la société et dans l'Église.
Est-ce le moment pour un pape d'origine africaine ou asiatique ?
G.H. : Pourquoi pas ? L'Église s'est déplacée vers le Sud. Mais l'essentiel n'est pas l'origine géographique, c'est l'attention aux réalités humaines. L'histoire nous rappelle d'ailleurs que des papes sont déjà venus d'Afrique et d'Asie Mineure dans les premiers siècles.
Un mot sur votre propre avenir : votre succession à la tête du diocèse de Tournai est-elle proche ?
G.H. : J'ai fêté mes 77 ans et j'ai fait valoir mes droits à la pension. Le décès du pape François retarde légèrement le processus de nomination, mais j'espère qu'un nom sortira d'ici le mois de juin.
J.C.