Tournai : les conditions de détention à la prison inquiètent les élus communaux

Depuis de nombreuses années, l'état de la prison de Tournai ne cesse de devenir de plus en plus déplorable. Une situation qui interpelle le pouvoir local. Ce mardi, lors du conseil communal, Paul-Olivier Delannois a déposé une motion pour interpeller la Régie des Bâtiments afin qu'elle agisse le plus rapidement possible en effectuant les travaux nécessaires pour la rénovation de l'établissement pénitentiaire. " _La prison de Tournai a été construite en 1868 selon le modèle Ducpetiaux et possède trois ailes en étoile. Mais l'établissement nécessite des travaux en profondeur. Dans l'aile A, les détenus doivent encore faire leurs besoins dans des seaux hygiéniques. Pour combler cette lacune du siècle dernier, le régime de cette aile est un régime ouvert de 7 h à 20 h pour permettre aux détenus d'aller aux WC communs _", a rappelé le conseiller d'opposition, qui regrette que des travaux soient souvent annoncés sans que rien ne bouge.

Il y a quelques années, lorsqu'il était bourgmestre, Paul-Olivier Delannois a dit avoir été interpellé par ce qu'il a pu y voir. " J'ai découvert une cellule de 9 m² avec 3 détenus dedans, avec un lit superposé, un matelas et un WC à la vue de tous. 9 mètres carrés, c'est ce qu'a obtenu Gaia comme espace minimal pour les animaux de cirque. En plus, les personnes rencontrées étaient en détention préventive. " Actuellement, 235 détenus se partagent une capacité de 185 places, soit une surpopulation de 27 %.

Chaque chef de groupe s'est positionné favorablement sur la motion proposée par le conseiller socialiste. Pour Guillaume Sanders (MR), " les constats dressés dans cette motion sont bien connus et tristement persistants. Il est évidemment nécessaire de pouvoir intervenir le plus rapidement possible pour assurer une dignité de détention aux détenus et aussi pour assurer des conditions de travail bien plus favorables que ce qu'elles sont pour l'instant aux différents agents pénitentiaires. "

Du côté d'Ecolo, Johakim Chajia abonde dans le même sens. " _C'est tout simplement inimaginable en termes de dignité humaine et ça a des impacts très concrets sur la santé mentale de tous. En fait, cette question, on pourrait croire qu'elle n'est pas communale, mais elle l'est. _" Il demande simplement des réponses plus concrètes que de simples courriers envoyés dans les ministères. " Nous, ce qu'on proposerait, c'est finalement de s'inspirer de ce qui a été fait à Mons notamment. Le bourgmestre de Mons a interdit les nouvelles arrivées pour limiter justement la surpopulation carcérale. Je pense que, interpeller c'est bien, on devrait prendre nos responsabilités et mettre des arrêtés concrets pour éviter cette surpopulation." Pour rappel, de tels arrêtés avaient été pris par le passé par l'ancien bourgmestre Paul-Olivier Delannois.

Marie Christine Marghem a rappelé connaître la situation de la prison. Elle y a d'ailleurs fait une visite ces dernières semaines. "Les temps changent, mais la situation ne change pas. Nous voulons voir avancer des réalisations concrètes au-delà d'un budget ou d'une lettre d'intention, et que les responsables ministériels viennent voir tout ce qu'il y a à faire." Elle propose également aux conseillers communaux d'organiser une visite avec eux pour que chacun puisse se rendre compte de la situation.

Suite au vote à l'unanimité de cette motion, les ministres Matz et Verlinden seront donc interpellées par la bourgmestre, qui espère donc que les choses bougeront assez rapidement. En cas d'inaction, elle n'exclut pas de prendre des mesures fortes, comme un arrêté pour limiter le nombre de détenus dans l'établissement tournaisien.