76 ans pour un homme, 81 ans pour une femme : l’espérance de vie en Hainaut reste inférieure à la moyenne wallonne

Hainaut Développement et l’Observatoire de la Santé du Hainaut ont sorti les chiffres clés de notre province.
Ce vendredi, dans le cadre de la publication de la brochure annuelle " Le Hainaut en cartes et en chiffres ", Hainaut Développement et l'Observatoire de la Santé du Hainaut ont présenté les chiffres clés de notre province. Des chiffres qui servent aux services publics pour mener des politiques dans différentes matières comme la santé, l'économie, l'aménagement du territoire, etc.
" Il y a cinq grands enjeux pour notre province ", explique ainsi Aurore Goosens, présidente des deux structures et députée provinciale : " la démographie et l'attractivité résidentielle ; l'emploi et le niveau de vie ; l'économie ; l'aménagement du territoire et la santé. "
Démographie en berne et vieillissement de la population
Au 1er janvier 2024, le Hainaut compte 1.360.000 habitants. " La croissance est moins soutenue qu'ailleurs. Depuis 2012, il y a davantage de décès que de naissances en Hainaut ", explique Arnaud Fleurquin, responsable du service d'information stratégique.
Il y a des différences assez nettes entre les communes au niveau de la croissance démographique. Ainsi, les zones périurbaines connaissent une croissance de population plus forte qu'ailleurs. C'est le cas de l'arrondissement d'Ath, dû à sa proximité avec les bassins d'emploi de Bruxelles. On y retrouve donc de nombreux navetteurs.
Certaines communes sont, par contre, en déclin démographique ; il s'agit principalement de zones rurales, et c'est encore plus vrai pour celles proches de la France.
" On estime que la population pourrait décroître en Hainaut à partir de 2047. C'est dû au vieillissement de la population, qui va s'accentuer en Hainaut. "
Emploi et inactivité : un écart qui persiste
Sur le marché du travail, on compte 64 % de personnes actives entre 20 et 64 ans. Le taux de chômage s'élève à 6 %, tandis que la population inactive qui n'est ni en situation de travail ni en recherche d'emploi (les malades de longue durée, les travailleurs au noir ou encore les pères/mères au foyer) représente 30 %.
" On observe que le taux d'emploi augmente, mais l'écart avec la Belgique et la Wallonie demeure tout de même. Entre 25 et 55 ans, le taux d'emploi reste homogène. Par contre, chez les 20-24 ans, la différence est plus importante à cause du niveau d'instruction plus faible en Hainaut. Et chez les 55-59 ans, l'écart est encore plus marqué. Cela s'explique par des emplois plus précaires dans le secteur non marchand et les services. La carrière y est plus pénible, et donc il y a davantage de maladies chroniques ou d'arrêts avant l'âge de la pension. "
Le taux d'inactivité diminue donc en Hainaut, mais l'écart grandit avec la moyenne wallonne et belge. Et malgré cette diminution, la précarité continue de croître en Hainaut. On compte ainsi 5,1 % de bénéficiaires du RIS (Revenu d'Intégration Sociale) chez les 18-64 ans, tandis que la moyenne wallonne s'élève à 4,4 %.
Et, donnée inquiétante, 30 % de ces RIS en Hainaut sont octroyés à des jeunes entre 18 et 25 ans.
Parmi les solutions pour améliorer le taux d'emploi : la mobilité transfrontalière. Beaucoup de Français viennent travailler chez nous. C'est par exemple le cas à Mouscron et Comines, où plus d'un travailleur sur deux est français.
Par contre, les Hainuyers vont peu en France ; ils se tournent plutôt vers la Flandre. " À Enghien par exemple, 50 % des travailleurs vont en Flandre. "
Économie : une croissance fragile
Au niveau du tissu économique, le Hainaut compte un peu moins de 90.000 entreprises enregistrées à la Banque-Carrefour des Entreprises.
" La croissance est moins soutenue qu'en Wallonie et en Belgique. On a connu une bonne croissance après le Covid, grâce aux différentes mesures prises. Mais on assiste à une diminution du taux de création en 2023. Pour les faillites : augmentation par rapport à 2023, mais il faut relativiser ", tempère Arnaud Fleurquin.
Parmi les communes les plus productives, on retrouve Mouscron et Comines, qui ont un tissu industriel important, notamment dans le secteur agroalimentaire. Mais en Wallonie picarde, c'est dans l'arrondissement d'Ath que le niveau de revenus par habitant est le plus élevé. La zone est moins productive, mais bénéficie des navetteurs qui viennent y habiter.
Un secteur en particulier est en croissance en Hainaut, plus qu'ailleurs en Wallonie : le non-marchand, avec 4 travailleurs sur 10 dans la province.
L'alimentation est le premier secteur en termes d'emploi dans l'industrie en Hainaut, la métallurgie est le deuxième, et la chimie est le troisième.
Par contre, les secteurs de l'information et de la communication ainsi que celui des finances et assurances sont en déclin. Le Hainaut est également en retard dans la recherche et le développement (avant-dernière province au niveau wallon).
Attirer des entreprises tout en conciliant l'attractivité résidentielle et en préservant la superficie agricole et les espaces naturels sera l'un des enjeux des prochaines années en Hainaut. " C'est un équilibre précaire qu'il faut trouver. "
Le rythme de l'artificialisation des sols diminuait depuis quelques années, mais il y a eu une hausse depuis le Covid.
" On part des centres urbains vers les zones rurales. Une solution pour trouver l'équilibre passe par la réhabilitation des chancres économiques, la lutte contre la sous-utilisation du bâti, la division d'anciens logements. La rénovation sera aussi très importante. "
Santé : espérance de vie, maladies chroniques et santé mentale
Au niveau de la santé, Marie Merclinck, chargée de diagnostics socio-sanitaires, a également présenté les tendances de ces dernières années.
" Le vieillissement de la population est similaire à l'évolution en Wallonie, il augmente. Mais les réalités sont très différentes dans les communes. "
À Tournai ou Ath, par exemple, on compte plus de personnes âgées que de jeunes. Cette situation est due à l'allongement de la durée de vie, mais aussi à la diminution de la natalité.
Bonne nouvelle : " L'allongement de l'espérance de vie ne cesse d'augmenter depuis 10 ans, même si on assiste à un ralentissement. Il y a aussi un rapprochement entre l'espérance de vie des hommes et celle des femmes. C'est lié à un rapprochement des modes de vie depuis plusieurs décennies. "
En Hainaut, les hommes ont ainsi une espérance de vie de 76 ans et les femmes de 81,7 ans.
Si cela augmente, cela reste tout de même inférieur à la moyenne belge (-2,1 ans pour les femmes et -3 ans pour les hommes).
Et l'un des facteurs qui joue sur l'espérance de vie, c'est le revenu : " La tendance montre que quand le revenu annuel médian est 1.000 euros/an plus élevé, on a 5 mois d'espérance de vie en plus. "
En Hainaut, on constate une surmortalité par rapport à la Wallonie : +4,3 % chez les femmes et +10 % chez les hommes. Avant 75 ans, cela monte même à +7,6 % chez les femmes et +13 % chez les hommes.
Les trois premières causes de décès sont ainsi les cancers, les maladies de l'appareil circulatoire et les maladies de l'appareil circulatoire (à corriger ici, probablement une répétition à revoir ?).
Plus de la moitié des décès sont causés par des maladies chroniques, donc en partie évitables en adoptant des comportements favorables à la santé.
Au niveau des cancers, les plus fréquents sont celui de la prostate chez l'homme et celui du sein chez la femme.
Suivent, pour les deux sexes, ceux des bronches et des poumons, et celui du côlon et du rectum.
Donnée inquiétante : le dépistage du cancer du sein a fortement diminué depuis la période Covid.
Si les chiffres remontent dans les autres régions, ce n'est pas encore le cas en Hainaut.
Il n'y a même pas une femme sur deux qui se fait dépister en Hainaut entre 50 et 69 ans.
Par rapport à la santé mentale, les chiffres ne sont pas encore très développés, mais le rapport indique qu'en tenant compte à la fois des années de vie perdues (mortalité) et des années vécues avec un problème de santé (morbidité), les troubles liés à la santé mentale représentent le fardeau le plus conséquent parmi l'ensemble des maladies.
Au niveau de la consommation des médicaments, on constate que 16,1 % des Hainuyers consomment des antidépresseurs et 3,7 % des antipsychotiques.
Dans le rapport, on peut également lire que 17,2 % de la population de la province a un statut d'affection chronique ; 5,4 % sont en situation de dépendance pour maladie chronique.
Quant au diabète, on observe une augmentation de la maladie : 6,8 % de la population en souffrait en 2013, le chiffre est passé à 8,9 % en 2023.
" C'est lié à l'augmentation du dépistage, au vieillissement de la population, mais aussi à une augmentation de la prévalence de la maladie, qui démarre chez des personnes de plus en plus jeunes. "
Concernant la santé maternelle et infantile, en Hainaut, le taux de grossesse chez les adolescentes est de 2,4 pour mille chez les 13-17 ans, alors qu'il est de 1,7 en Wallonie et 1,1 en Belgique.
Les proportions de bébés de petit poids de naissance et de bébés prématurés sont aussi des indicateurs importants, à la fois en lien avec des facteurs de risque pendant la grossesse comme le tabagisme ou l'état de santé de la mère, mais aussi en tant que prédicteurs de potentiels problèmes de santé au cours du développement de l'enfant.
On observe que ces proportions sont légèrement plus élevées en Hainaut qu'en Wallonie ou en Belgique.
Le taux de couverture d'accueil de la petite enfance est de 31,7 %, ce qui est inférieur au seuil minimal européen de 33 % et au taux de couverture wallon de 37,3 %.
La disponibilité des médecins généralistes est très disparate sur le territoire hainuyer. En rapportant à la population, on a 1.013 habitants par médecin généraliste en Hainaut, ce qui est moins favorable que l'offre moyenne wallonne.
Autre donnée importante liée à la santé : la pratique du sport.
On observe une diminution de la part des jeunes qui atteignent les recommandations en termes d'activité physique.
Cette diminution n'est pas significative chez les adolescents wallons (on est passé de 21 à 19 %), mais cela signifie qu'environ 8 ados sur 10 n'atteignent pas le minimum d'activité physique.
S.L.