Augmentation de la redevance sur les crèches à Chièvres : «431 000€ de déficit pour les trois crèches en 2024, c'est énorme»

Augmentation de la redevance sur les crèches à Chièvres : «431 000€ de déficit pour les trois crèches en 2024, c'est énorme»

Augmentation de la redevance sur les crèches à Chièvres : «431 000€ de déficit pour les trois crèches en 2024, c'est énorme»

Les taxes et redevances étaient au menu du conseil communal de Chièvres. La majoration de 5€ par jour pour l’accueil en crèche a suscité le débat.

Ce mercredi soir, le conseil communal de Chièvres avait un ordre du jour principalement financier, avec le vote des différentes taxes et redevances pour la période 2026-2031. Parmi elles, la redevance pour l'accueil dans les crèches communales a été au coeur des discussions. Une augmentation de 5 € par jour a été fixée, portant la redevance quotidienne à 20 € par enfant pour les résidents de l'entité et à 25 € pour les enfants domiciliés hors de la commune.

"Si nous devions appliquer le coût-vérité, la redevance serait trois, voire quatre fois supérieure. Il y a donc une majoration, mais celle-ci reste très modérée", a précisé Claude Demarez(Commune En'Vie), l'échevin des Finances.

Cependant, cette augmentation est loin de satisfaire l'opposition socialiste, qui estime qu'elle pèse davantage sur le budget des ménages. "Cela vient ajouter un poids supplémentaire sur le dos des familles qui, l'air de rien, subissent déjà de nombreuses hausses ces derniers temps, notamment l'augmentation au niveau de la plaine du CPAS. Maintenant, ce sont les crèches et aussi les garderies, même si c'est plus symbolique avec 0,50 € ", a souligné Rémy Bette, chef de file du PS.

Manque de places et déficit cruel

Consciente des difficultés, la bourgmestre Zoë Delhaye (Commune En'Vie) a tenu à clarifier la situation actuelle des crèches communales. "Pour 78 naissances par an, nous n'avons que 36 places disponibles dans nos trois crèches", a-t-elle déclaré. Ce manque cruel de places dans l'entité est préoccupant, mais "plusieurs pistes sont actuellement envisagées pour développer l'offre", a assuré la bourgmestre.

Par ailleurs, la redevance imposée aux familles est loin de couvrir le coût réel du service public. "Pour vous donner un exemple, rien que pour les trois crèches, nous accusons un déficit de 431 060 € pour l'année 2024, ce qui est énorme", a expliqué Zoë Delhaye, insistant sur le fait que cette majoration de 5 € était le minimum que pouvait faire la majorité. "En termes de recettes, nous passerons uniquement de 100 000 € à 170 266 €, ce qui représente une majoration de seulement 70 000 € si tout va bien et avec une occupation à 100 %, ce qui n'est vraiment pas énorme".

Le directeur financier, Olivier Gago y Mantero, l'a également confirmé : "Nous sommes actuellement loin du coût-vérité. Nous avons fait l'exercice pour 2024. Le coût d'une journée d'accueil est en réalité de 84 €. C'est complètement impensable de faire payer cela aux parents", a-t-il précisé.

Le coût d'une journée d'accueil est en réalité de 84 €. C'est complètement impensable de faire payer cela aux parents

La bourgmestre a également annoncé que la majorité explorait des alternatives. Suite à une séance d'information organisée par la ministre de la Petite Enfance, Valérie Lescrenier (Les Engagés), un plan a été présenté. Un appel à projets concernant la rénovation de bâtiments a été lancé. "Une réunion est prévue début juillet avec les directrices des crèches", a ajouté Zoë Delhaye.

Le PS reste dubitatif

De son côté, Marie-Claude Leroy (PS) a dénoncé un non-respect des promesses électorales. "Je regrette que votre programme électoral indiquait pas d'augmentation de taxes, et je pense que c'est tromper l'électeur", a-t-elle fustigé. La bourgmestre s'est défendue en expliquant la nuance : "Il ne s'agit pas d'une taxe, mais d'une redevance. Je soutiens donc la parole formulée durant les élections. Il n'y a pas eu d'augmentation de taxe, il y a eu une augmentation de redevance, ce qui est légal étant donné que la redevance doit suivre le coût du service rendu à la population".

Pour Rémy Bette, chef de file des socialistes, d'autres choix politiques auraient pu être envisagés. "Il y avait moyen, dans tout ce paquet fiscal, de peut-être jouer avec des leviers à gauche à droite pour limiter ou créer de nouvelles taxes. Mais moi, quand je me mets à la place du citoyen, du jeune parent, ça fait mal", a-t-il détaillé.

Statu quo pour la plupart des taxes et redevances

Concernant les autres taxes et redevances communales, la majorité d'entre elles reste inchangée. L'impôt des personnes physiques (IPP) est maintenu à 8,8 % et le précompte immobilier à 2 700 centimes additionnels. "Cela fait plus de 30 ans que nous sommes à 2 700", a rappelé Claude Demarez, l'échevin des Finances, soulignant que des communes voisines comme Ath (3 200) et Brugelette (3 000) affichent des taux plus élevés.

Cette stabilité a été saluée par Valérie Voronine, conseillère indépendante, qui y voit un signe fort contre une éventuelle future fusion de communes. "Pour moi, c'est un message positif, car je sais que certains politiques veulent déjà parler de fusion, et je ne veux pas revenir sur ce débat. Mais puisque vous avez mentionné deux communes voisines et que nous ne nous alignons pas, je pense que c'est un message fort que vous pouvez déjà donner à la population", a-t-elle précisé.

L'opposition socialiste s'est quant à elle réjouie de la majoration de la taxe sur les bâtiments inoccupés et/ou délabrés. "C'est cohérent avec ce que nous recherchons, car à l'heure actuelle, le marché immobilier est quelque peu saturé. On se rend compte que parfois, des bâtiments sont inoccupés depuis longtemps, ce qui bloque des jeunes qui pourraient avoir des projets. L'air de rien, cela peut aussi tirer les prix vers le haut", a expliqué Rémy Bette.


A.D.