«Il suffit de trois crises pour tout faire s'écrouler» : faillite de la Brasserie de Brunehaut, l'un des fleurons brassicole de notre région

«Il suffit de trois crises pour tout faire s'écrouler» : faillite de la Brasserie de Brunehaut, l'un des fleurons brassicole de notre région

Avec ses 135 ans d’histoire, la Brasserie de Brunehaut fait partie du patrimoine brassicole de Wallonie picarde. Frappée par des crises successives, elle vient d’être déclarée en faillite.

C’est une histoire magnifique qui a duré 18 ans.

La bière sans alcool n'a pas suffi, après plus d'un siècle d'existence, la Brasserie de Brunehaut met la clé sous la porte. Confrontée à une série de crises économiques et à un marché en mutation, l'entreprise a déposé le bilan et le tribunal de l'entreprise de Tournai a prononcé sa faillite ce mardi 1 avril. Un curateur a été désigné pour gérer la liquidation des actifs, mais l'espoir subsiste : un repreneur pourrait encore sauver ce fleuron de notre région.

Une croissance freinée par des crises successives

Sous l'impulsion de Marc-Antoine De Mees dès 2006, la brasserie avait connu un essor impressionnant. Produisant autrefois 1 000 hectolitres par an, elle avait multiplié sa production par six et signé des accords d'exportation avec plus de 30 pays, dont la Corée du Sud en 2019. La bière devenant un fleuron de notre région à Belgique et à l'international. Mais la pandémie de Covid-19, suivie de la crise économique et de la flambée des coûts de l'énergie, a durement affecté l'entreprise.

Un tournant décisif en 2023

Avec la fusion en 2023, entre Léopold 7 en région Liégeoise et Belgo Sapiens à Nivelles, deux nouveaux actionnaires ont rejoint le capital de la holding anciennement géré par Marc-Antoine De Mees, rebaptisée Regenerative Beer Alliance. Léopold 7 a été mise en faillite il y a une semaine, suivie par Brunehaut, et les autres devraient suivre.

Marc-Antoine De Mees, qui a quitté la brasserie fin décembre, avoue son immense tristesse : "C'est une histoire magnifique qui a duré 18 ans. Nous étions la première brasserie certifiée B Corp en Europe. J'espérais que le bébé puisse continuer, mais il suffit de trois crises pour tout faire s'écrouler."

Reste à savoir si un repreneur pourra redonner vie à cette institution. "Nous avons un outil industriel de qualité et un positionnement unique, sachant qu'on est la première brasserie 100% bio dans le réseau bio belge, français et hollandais", confie l'ancien gestionnaire.

A revoir 09/06/2017 Fil info

Une histoire marquée par des renaissances

Pour rappel, l'actuelle Brasserie de Brunehaut est issue de la reprise, en 1991, de la brasserie Allard Groetenbril de Guignies, qui avait fait faillite l'année précédente, celle de son centenaire. Après une nouvelle mise en liquidation en 2006, elle est reprise par Marc-Antoine De Mees pour 1,5 million d'euros, avec l'ambition de lui faire prendre un virage plus biologique. Dès 2008, elle lançait une bière bio, suivie en 2011 par une bière sans gluten. Une stratégie qui lui a permis d'être reconnue sur la scène internationale, notamment avec la Triple Brunehaut sans gluten, sacrée aux World Beer Awards en 2017.


E.P.


ST