Salvatore Di Perri a tué son frère Silvano à Wodecq : «C’était un enfer pour mon père et ma mère», se défend-il

Salvatore Di Perri a tué son frère Silvano à Wodecq : «C’était un enfer pour mon père et ma mère», se défend-il

Après une énième dispute, Salvatore Di Perri a poignardé son frère. Son procès a débuté ce lundi à la Cour d’assises du Hainaut.

C'est un procès qui découle d'un véritable drame familial qui se tient depuis ce lundi à Mons. Les 12 membres du jury vont devoir se prononcer sur la culpabilité de Salvatore Di Perri. Il est accusé d'avoir tué son frère Silvano à Wodecq le 18 juin 2023.

Ce jour-là, au domicile des parents situé à la rue Neuve, Silvano (32 ans) s'en prend à son père qui l'héberge. Il l'accuse d'avoir détruit un plan de cannabis et menace de lui ouvrir le ventre s'il ne lui donne pas 2.000 euros en guise de dédommagement. Salvatore, l'aîné (48 ans) de la fratrie de 5 enfants, s'interpose. Dans la cuisine, il prend un couteau d'une lame de 12 cm, puis poignarde en plein coeur son frère alors qu'il avait été emmené sur la terrasse. Silvano décédera au CHR de Lille.

A l'arrivée de la police sur les lieux, Salvatore Di Perri a directement avoué être l'auteur du coup de couteau et a expliqué avoir agi "sans réfléchir". Il a également expliqué aux enquêteurs ne pas savoir comment le couteau est arrivé entre ses mains.

On notera qu'il n'y a pas de partie civile dans ce dossier. La victime était alcoolique et toxicomane. De nombreuses traces de substances (GHB, amphétamine, cocaïne, cannabis,) ont été retrouvées dans son organisme. Silvano Di Perri était bien connu de la justice notamment pour son comportement violent envers son père. "Il me frappait avec ses poings comme si j'étais un chien alors que je le nourrissais et le logeais", a témoigné le père aux enquêteurs.

Accusé d'homicide volontaire avec l'intention de donner la mort, Salvatore Di Perri a également un casier judiciaire avec trois dossiers (roulage, trafic de stupéfiants et coups et blessures).

Ce lundi matin, le président du tribunal a interrogé l'accusé sur son parcours de vie. Salvatore Di Perri a expliqué avoir été scolarisé jusqu'à l'âge 19 ans avant d'aller travailler à l'usine. Depuis 2014, il ne travaille plus et est sur la mutuelle. Il a également indiqué avoir fait deux dépressions suite aux séparations avec ses deux compagnes.

Salvatore était régulièrement présent chez ses parents pour s'occuper de sa maman gravement malade. "Je m'y rendais tous les jours avec ma soeur. Au début, pour quelques heures. Ensuite, du matin au soir. En tant qu'ainé, je me devais d'aider ma mère et mon père", précise-t-il.

Concernant son passé judiciaire, il réfute, malgré une condamnation à 80h de travail d'intérêt général, avoir participé activement à un trafic de stupéfiants avec son frère. "On m'a demandé de faire une fois la route. Comme un imbécile, j'ai dit oui. Je n'étais pas d'accord", s'est-il défendu.

Salvatore Di Perri a également été condamné à une reprise pour coups et blessures.

De multiples interventions policière au domicile des parents

La zone de police des Collines a été appelée à de nombreuses reprises au fil des années au domicile de la famille Di Perri pour apaiser des conflits entre Silvano, son père, et ses frères. "Il y avait de grosses tensions entre Silvano et mon père. Il s'en prenait souvent à mon père. Il n'y avait pas une semaine sans problème. C'était un enfer pour mon père et ma mère. Il volait la carte bancaire de mon père la nuit. Pour dormir sur ses deux oreilles, il devait fermer sa chambre à clé. Silvano m'a dit que notre père pouvait crever, qu'il n'en avait rien à foutre", décrit Salvatore Di Perri.

Les tensions ne datent pas d'hier. Plus de 15 ans avant les faits, l'accusé a poursuivi son frère âgé alors de 15 ans avec une pioche. "J'ai pris la pioche pour lui faire peur, lui faire faire un bon sprint", a expliqué l'accusé.

"J'ai vu rouge, je ne voulais pas la mort de mon frère"

Le 18 juin 2023, un énième conflit familial a viré au drame. "Lorsque j'arrive chez mes parents, mon frère Sandro me dit que papa a arraché la plante de cannabis de Silvano", explique Salvatore Di Perri. Pour éviter une nouvelle dispute, Sandro et Salvatore la replantent. Lorsqu'il se lève Silvano s'aperçoit que la plante a été abîmée. "Je l'entends qui change de voix en voyant la plante. Il rentre dans la cuisine. Je suis là. Mon père est assis à table. Il insulte mon père de fils de pute et lui ordonne de lui donner 2.000 euros pour payer les dégâts de sa plante. Il tape du poing sur la table, presque sur la tête de mon père. Je plonge pour qu'il évite le coup-de-poing. Sandro et mon fils ont su mettre Silvano dehors", détaille l'accusé.

C'est à ce moment que Salvatore Di Perri s'est emparé de l'arme du crime. "Je suis essoufflé. Je prends un verre d'eau. Mon frère recommence à s'en prendre à mon père. Je pose mon verre et dans l'élan je prends le couteau. Je suis sorti pour lui faire peur. Dans la mêlée pour essayer de contenir Silvano, le coup de couteau est parti. Je n'ai pas vu où. Ce n'était pas mon intention. J'ai vu rouge."

De leur côté, Sandro et Luigi ont expliqué que la situation se calmait à ce moment-là. "Vu son état d'énervement, il n'était pas à sang frais, je pense. Essayez de maîtriser quelqu'un qui a pris quelque chose. Ce n'est pas évident. Il voulait frapper mon père. Il n'a pas eu le temps. Au moment du coup de couteau, je ne me suis pas rendu compte qu'il avait été touché", ajoute Salvatore Di Perri.

Il était insupportable à l'ainé de cette fratrie de voir son père traité de la sorte. "Je ne voulais pas la mort de mon frère. Je cherche comment je vais expliquer ça à ma petite-fille. Je n'aimerais pas que mon fils s'en prenne à moi. Il faut respecter les personnes âgées. Il faut vivre ce drame pour le comprendre. J'ai parlé plusieurs fois à Silvano. On n'a manqué de rien. Il ne méritait pas ça notre père. On avait des prises de bec avec Silvano, mais je l'aimais comme mes autres frères et soeurs."

Le procès se poursuit ce lundi après-midi avec les témoignages des experts.


J.C.


ST