Tournai : un long débat pour finalement soutenir notélé et la presse écrite
Les différents groupes ne se sont pas mis d’accord sur le texte à voter.
Ce lundi, l'avenir de Notélé et de la presse écrite était à l'ordre du jour du conseil communal de Tournai. Le PS avait ainsi demandé l'ajout d'une motion à l'ordre du jour. " Notélé, c'est bien plus qu'une télévision. C'est un acteur ancré dans notre territoire, qui valorise entre autres la culture, le sport, les initiatives citoyennes et qui informe nos concitoyens sur les réalités de leur quotidien. Elle bénéficie d'un modèle économique stable, d'une gestion saine et de l'engagement des 23 communes de Wallonie picarde. Tournai est surtout le berceau historique de Notélé. C'est ici qu'elle a vu le jour, qu'elle s'est construite, qu'elle s'est développée et professionnalisée", a expliqué Quentin Huart (PS).
Pour le PS, il était aussi important de montrer son soutien à la presse écrite, suite à l'annonce de la fusion des groupes IPM et Rossel, auxquels appartiennent Le Courrier de l'Escaut et Nord Éclair. "Nous exprimons notre vive inquiétude face à la concentration croissante de la presse écrite, en particulier les rapprochements entre IPM et Rossel, qui risquent de réduire la diversité des voix, d'appauvrir le débat démocratique et de menacer l'indépendance des rédactions. Il faut aussi souligner que ces projets de concentration et de rationalisation menacent directement l'emploi."
Les autres groupes politiques ont apporté leur soutien aux différents médias concernés. Jennifer Boucau (Les Engagés) a expliqué les différentes émissions proposées par la chaîne de télévision locale de Wallonie picarde et leur importance dans le paysage audiovisuel. "Notélé, c'est mon média de tous les jours. Notélé ne donne pas seulement la parole aux citoyens et aux élus locaux. Elle couvre l'actualité locale et elle est à nos côtés pour chaque événement, quel qu'il soit. Notélé crée du contenu ancré dans la culture, favorise l'identité locale, et c'est pour cela que nous soutenons entièrement notre média de proximité."
Au PTB, Éléonore Van den Bogaert abonde dans le même sens en évoquant les missions des médias de proximité. " Notélé a offert la parole à tous durant les élections. Grâce à elle, les citoyens et citoyennes ont pu entendre les propositions des différents partis. Si demain Notélé disparaît ou est vidée de ses moyens, qui prendra le relais ? " Du côté d'Écolo, pour Johakim Chajia, les médias locaux qu'ils soient écrits ou audiovisuels sont essentiels. "On le voit aujourd'hui : il y a des fake news à foison sur les réseaux sociaux. Il y a finalement une difficulté pour le citoyen d'avoir accès à une information de qualité. Notélé et la presse écrite locale participent vraiment à cette information de qualité. "
Alors que le MR est souvent plus timide, voire critique, au moment d'aborder la réforme menée par Jacqueline Galant, à Tournai, Guillaume Sanders a souhaité clarifier la position de son groupe. "Je veux d'abord le dire clairement : le MR de Tournai soutient pleinement Notélé, pas seulement parce qu'elle est locale, pas seulement parce qu'elle est historique, mais parce qu'elle est exemplaire", a-t-il expliqué, en évoquant les divers moyens de financement qui permettent au média de proximité local de mener à bien ses missions. "Soutenir Notélé ne signifie pas s'opposer à toute réforme. La réforme n'est pas une attaque contre les médias locaux, c'est une nécessité. Parce que notre paysage audiovisuel est largement fragmenté, et parce que certaines télévisions locales vivent avec une grande majorité de subsides, sans diversifier leurs sources de financement, en allant chercher des recettes privées à l'inverse de Notélé. Parce que l'ère numérique exige des adaptations que seule une vision d'ensemble peut garantir. Le MR de Tournai soutient donc une réforme ambitieuse, responsable et concertée avec les acteurs de terrain. Une réforme qui encourage les bons élèves comme Notélé et qui corrige les déséquilibres, sans uniformiser ni diluer."
On aurait pu croire que la motion serait votée très facilement, et pourtant, ce ne fut pas le cas. Loin de là Pendant près d'une heure, les différents groupes se sont disputés sur les termes de la motion proposée. Un débat aussi long que stérile. Le PS avait proposé un texte propre, mais la majorité a estimé que les conditions n'étaient pas toutes réunies pour accepter le texte en l'état. Les différents chefs de groupe se sont plaints du manque de dialogue et de réponses au moment d'ajouter des amendements. Bref, les échanges ont été houleux tout au long de ce débat. La majorité accusait le PS de vouloir tirer la couverture à lui, et les socialistes, à l'inverse, regrettaient que le terme de "fusion" ne soit pas mis en avant dans le texte soumis au vote.
Mais quel était donc le texte proposé par la majorité ? Il s'agissait de celui voté par l'ensemble des membres de la conférence des élus territoriaux de Wallonie picarde. Alors que certains socialistes se sont prononcés en faveur de ce texte, Quentin Huart regrette que le conseil tournaisien ne se montre pas plus ferme. "Tournai devait aller plus loin. Je pense que ce qui chatouille la majorité, c'est le mot fusion. Vous l'évoquez à demi-mot, en des termes complètement édulcorés, en parlant de rapprochements. Mais les vrais mots, vous ne les prononcez pas."
Après encore de nombreux échanges entre les différents partis, le texte a été soumis au vote. La proposition de modification de motion a été votée positivement par la majorité, le PS a voté contre et le PTB s'est, par contre, abstenu. Au moment du vote de la motion, le groupe mené par Éléonore Van den Bogaert a choisi de rejoindre le vote de la majorité et de se positionner pour, alors que les membres du PS se sont abstenus.
R.R.