Sous-estimation des résultats du biomonitoring PFAS : de nouveaux prélèvements seront réalisés à partir du 24 octobre

Sous-estimation des résultats du biomonitoring PFAS : de nouveaux prélèvements seront réalisés à partir du 24 octobre

Une réunion publique s’est tenue pour expliquer la problématique de la sous-estimation du bio monitoring humain réalisé dans le cadre de la pollution de l’eau aux PFAS.

Ce mardi soir, le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, les représentants de l’ISSeP et de l’AViQ ont tenu une réunion citoyenne concernant la sous-estimation des résultats du biomonitoring humain réalisé dans la zone de Chièvres. «  Fin août, j’ai été mis au courant par l’ISSeP d’un problème dans les résultats des prises de sang. Le 26 août, quand est arrivée cette hypothèse du problème de mesure, on s’est mobilisés avec les différents intervenants pour comprendre ce qui s’est passé », explique Yves Coppieters. Lorsque les examens ont démontré que la problématique s’étendait à l’ensemble des résultats, le ministre a voulu jouer la transparence. « Nous avons communiqué aux autorités locales et à la population. »

Deux solutions ont été proposées au ministre. La première était de trouver un facteur correctif commun, « mais en temps que médecin, ce n’est pas une solution pour moi. L’autre solution est de refaire le biomonitoring. » C’est donc cette solution qui a été retenue. L’ensemble des participants au premier échantillonnage pourra donc se refaire tester.

Pour rappel, 1836 personnes ont participé dans la zone de Chièvres, « 1811 résultats sont sous-estimés. Ce sont ceux qui ont eu une prise de sang. Les enfants, à qui on a fait une piqûre au doigt pour avoir une goutte de sang ne sont pas concernés », précise Ingrid Ruthy, responsable du biomonitoring pour l’ISSeP.

L’ISSep s’est rendu compte en juin, lors de la restitution des résultats que certains étaient interpellants, « notamment pour un enfant dont le taux était très élevé. Nous avons refait des tests durant l’été pour comprendre les causes de l’incertitude. Fin août nous avons commencé à avoir la confirmation de la sous-estimation. »

Une erreur du laboratoire

La cause de cette sous-estimation a été identifiée, il s’agit d’une erreur du laboratoire indépendant dans la conservation des échantillons de sang. « Normalement, lorsque le tube de sang est prélevé chez nous, l’échantillon arrive dans le laboratoire dans les 24h et il est centrifugé, pour séparer les différents éléments du sang, dont le sérum où se dosent les PFAS. Ce sérum est alors mis dans un autre tube, c’est la phase d’aliquotage. On congèle ensuite l’échantillon avant le dosage des PFAS. Ce qui s’est passé, c’est que la phase d’aliquotage n’a pas été faite, les échantillons ont été congelés directement. » L’hypothèse est que les globules rouges se sont détruits (c’est l’hémolyse). En éclatant, ils se sont en partie diffusés dans le sérum.

Quelles sont les conséquences de cette sous-estimation du taux de PFAS? « En-dessous de 2 micro-gramme (zone A), il n’y a pas d’effets néfastes attendus, mais dans la zone B (être 2-20) le risque est accru, au-dessus de 20 (zone C), il n’y a pas plus d’impact attendu. Si on se trouvait dans la zone A, on passera probablement dans la B, et de la B dans la C », précise Ingrid Ruthy.

Cinq dates prévues sur Ath, Chièvres et Leuze

Une nouvelle campagne de prélèvements va donc être menée. «  Elle est ouverte à tous les participants, plusieurs lieux de prélèvements seront ouverts. Les inscriptions se feront en ligne. Cinq dates sont actuellement proposées. » Ces 5 dates sont : le 24 octobre et le 14 novembre entre 12h et 20h à la salle Spoculo à Ormeignies, Le 29 octobre entre 12 et 20h à la salle Touchabli à Leuze et le 30 octobre et 5 novembre entre 12 et 20h au Domissart à Chièvres.

Un soutien psychosocial avec l’AViQ

Un nouveau partenaire était présent ce mardi soir, l’AViQ. « Cette situation peut générer du stress, des problèmes pour dormir,… Ce genre d’informations qui arrivent en permanence ne rassurent pas », précise Lara Kotlar, porte-parole de l’AViQ. Des dispositifs existent déjà. « Le numéro d’appel 107: c’est une écoute 24h/24. On peut y trouver une oreille attentive qui peut rediriger les personnes si on estime que l’on a besoin de soutien. Il y a aussi le site trouverdusoutien.be. : c’est un dispositif mis en place au moment du covid. Cela permet de trouver le professionnel dont on a besoin, avec un onglet dédié aux PFAS. » Un dispositif spécifique a également été mis en place: le numéro d’appel le 1718. « Vous allez tomber sur un opérateur. Il peut répondre, ou renvoyer si besoin d’un accompagnement vers un répondeur. Dans les 72h maximum, un professionnel vous recontactera. »

Vers un fonds d’indemnisation

Yves Coppieters et le gouvernement wallon vont prendre prochainement des mesures afin que les examens réalisés dans le cadre de cette pollution aux PFAS soient remboursés. « Et à plus long terme, nous allons voir avec les différents niveaux de pouvoir pour mettre en place un fonds d’indemnisation PFAS. »


S.L.


ST