Voeux de la ville de Tournai : l'emploi avant tout

Plusieurs centaines d'employés communaux se sont rassemblés ce mercredi midi au hall des sports de Tournai pour les voeux du collège et du CPAS.
En tenue sportive, ou affublés des couleurs de leur club préféré, les élus tournaisiens étaient heureux de présenter leurs voeux au personnel communal, à commencer par le bourgmestre Paul-Olivier Delannois, content de revenir à la tradition après les années covid : "Exit les vœux en juin, le carnaval en septembre. Avec le covid, on perdait le sens de la raison. On en aurait presque fêté le lundi perdu un vendredi et remplacé le lapin par… une abeille géante ou encore fêter Noël un 21 juillet."
Le ton de l'humour n'empêche pas d'aborder les grands dossiers et les problèmes actuels. La situation financière est de plus en plus compliquée pour les communes et la priorité est de ne pas licencier assure le bourgmestre. "Voici quelques mois, le directeur général est entré dans mon bureau pour me montrer les premières estimations budgétaires en vue de confectionner le budget 2023. Heureusement qu’il n’avait déjà plus un poil sur le caillou car s’il avait été hippie en rentrant, il serait ressorti avec la tête d’un nouveau-né. Je le dis sous la forme de l’humour mais je peux vous assurer que ce jour-là, on ne rigolait pas. On devait aller au CRAC en essayant de trouver des économies de l’ordre de 12 millions d’euros, ce qui en termes d’emplois, pouvait avoisiner 250 à 300 emplois. Réponse simple à un problème épineux, licenciez et vous aurez les félicitations du jury des organes de tutelle. Ce choix-là, nous l’avons écarté, nous, le collège et la tête de l’administration. Cependant, il ne faut pas croire au miracle, et cela ne se fait pas sans rigueur. Il n’y a donc pas 36 solutions que ce soit à la ville ou ailleurs, il faudra se réinventer sans tabou. Cela passera certainement par des cris mais on fera tout pour éviter les grincements de dents dès lors que mon objectif premier, notre objectif premier est que nous ne toucherons pas à l’emploi. Faire aussi bien avec moins c’est notre obligation et nous avons déjà dû prendre des engagements auprès du CRAC cela nécessitera une mobilisation de tous les instants et une volonté de se réinventer à chaque instant."
Et tout cela sans oublier ce que certains qualifient de non essentiel, une expression qu'exècre le maïeur : la culture, le sport, le folklore, l'associatif. Il se réjouit que Tournai accueille le carnaval, le Ramdam, le jazz, ou encore des piscines, mais ils regrette que sa ville soit la seule à payer pour des manifestations ou des endroits qui attirent des personnes bien au delà des frontières de son entité.
CPAS : ah si on avait l'argent de Ronaldo !
Du côté du CPAS et de sa présidente Laetitia Liénard, même constat au niveau du budget et de la difficulté de faire face à la crise. "Durant les vacances d’hiver, j’ai, entre autres, retenu ceci : 200 millions d’€ par an ! 200 millions d’€ ! C’est le salaire annuel que va toucher le footballeur Cristiano Ronaldo pour son transfert à Al-Nassr, un club d’Arabie saoudite. 200 millions d’€, ce n’est même pas les budgets annuels réunis de la Ville de Tournai et du CPAS. 200 millions d’€ : cela représente 8 maisons de repos flambant neuves ; c’est 50 nouveaux centres d’hébergement pour femmes victimes de violences ; c’est aussi 8.000 logements rénovés entièrement par le service des biens et travaux ; c’est enfin 66 halls des sports de Kain ; 200 millions d’€ pour une seule et unique personne, aussi talentueuse soit-elle dans le domaine qui est le sien, c’est tout simplement indécent !"
La présidente reste cependant optimiste et confiante en ses équipes. "En dépit d’un contexte difficile, de circonstances pénibles, nous ne devons pas renoncer à nos valeurs, à nos missions, au cap que nous nous sommes fixés. Nous pouvons et nous allons nous en sortir. Vous êtes une équipe qui, sur le terrain, mouille son maillot. Au CPAS de Tournai, notre cap est clair. Avec deux objectifs prioritaires : l’emploi et le logement."
Les discours du bourgmestre et de la présidente du CPAS se sont clôturés par un hommage vibrant à Olivier Vandecasteele qui vit un calvaire en Iran, avant que le personnel ne profite d'un repas et d'activités sportives à plusieurs endroits du hall des sports.
Gaëtan Lebailly