Nandy Gennotte, une plaque et beaucoup de souvenirs
Le numéro 12 de la Chaussée à Moustier rappelle beaucoup de souvenirs chez certains. C’est là qu’habitait Fernand Gennotte, plus connu sous le nom de Nandy Gennotte.
Ce 6 juin 2017, à hauteur de la petite maison blanche, les amis de la chapelle, et la fanfare de Moustier en collaboration avec l’administration communale, ont inauguré une plaque en hommage au résistant. Celle-ci sera apposée sur la façade de la maison, une maison restée dans la famille. Une aire d’autoroute porte également le nom du héros à Braffe, le long de la E42.
Il y a 73 ans, c’était le 6 juin 1944. La grande Histoire retient ce jour à jamais comme celui du débarquement. Mais à Moustier, chacun sait que c’est ce jour-là (ou plus précisément la nuit du 5 au 6 juin) que la trajectoire de Nandy changera de cap à jamais. Il est fils d’officier de carrière. (Son père le Major Gennotte est resté en captivité pendant presque toute la guerre) Il a à peine 21 ans, a déjà été déporté. A son retour, il s’est engagé dans la résistance au sein du groupe des Partisans Armés de Péruwelz. En ces temps incertains, hormis la probabilité des risques réels qu’il prend, il semble promis à un bel avenir. Il a commencé des études de médecine.
Ce jour-là, donc, il essaye de dégager un container resté accroché à un arbre à Braffe (Péruwelz). C’est le jour du débarquement, on l’a dit, et l’armée a parachuté des munitions pendant la nuit. Malheureusement, c’est l’accident. Dans sa chute, le container brisera la colonne vertébrale du jeune résistant.
D’opérations en opérations, il comprendra très vite ce que lui réserve son destin. Nandy restera paralysé à vie, sans espoir de rémission.
Ce héros, décoré, reçu la visite de l’aide de camp de Montgomery, du roi Baudouin et du Pape Paul VI en personne restera très entouré par sa famille, ses nombreux frères et soeurs et ses amis, qui le font voyager à l’étranger, dans sa Dodge, toujours immobilisé dans sa civière. L’un ou l’autre l’emmène voir des matchs au Racing à Tournai. Alors que les médecins ont prédit son décès, suite à la chute, il survivra ainsi pendant 17 ans avant de s’éteindre à la fin de l’année 1961.
Des héros de la guerre, certes, il en existe. Mais pourquoi un attachement encore si brûlant alors qu’il a disparu il y a plus de cinquante ans?
La tragédie, bien sûr, d’un beau jeune homme et valeureux fauché en pleine jeunesse. Son charisme. Son attitude décidée face à la souffrance : on dit encore qu’il ne se plaignait jamais. Une empreinte indissoluble au sein de sa famille et de ses amis. Sans doute était-il convaincu qu’il n’avait pas été blessé stupidement. Il avait certainement mesuré les risques qu’il prenait cette nuit-là afin de garantir la victoire des alliés contre le nazisme.
Ecoutez le discours de son neveu, ce 6 juin 2017. Un grand hommage est prévu le 6 juin 2019 à Moustier, pour les 75 ans de la grande et de la petite Histoire.