Jours blancs : lettre ouverte des directeurs de l'enseignement secondaire libre

Des directeurs de l'enseignement secondaire libre de Mouscron en ont marre de l’accusation récurrente qui leur est faite de laisser les élèves à la rue dès la fin des examens. Ils ont décidé d’adresser une lettre ouverte. La voici :
Avec le mois de mai, commencent à se profiler la fin de l'année scolaire et la période particulière pour les élèves des examens de fin d'année. Ce moment qui déterminera la suite de leur parcours scolaire ou professionnel. Les vraies vacances, celles qui leur permettront de souffler et de reprendre force et courage pour l'année suivante, démarrent officiellement le 1er juillet. Entre-temps, il y a une série d'actes pédagogico-administratifs qui doivent impérativement se dérouler : en vrac et dans le désordre, passage et correction des CE1D, CESS, épreuves de qualifications, délibérations de fin d'année, mise en ordre des archives, bulletins, réunions de parents, aide à l'orientation, éventuellement lancement d'une procédure de recours, bref, un travail un peu différent du reste de l'année scolaire mais bien cadré officiellement par la loi sur l'obligation scolaire. Chaque établissement organise donc durant les "jours blancs", avec les moyens dont il dispose, un encadrement des élèves pour atteindre ce double objectif de présence maximale à l'école et de nécessaire temps de réunions de professeurs pour clôturer l'année en cours.
Mais, comme chaque année et comme désormais chaque semaine qui précède ou suit une période de congé scolaire, un nombre de plus en plus important de familles décident de programmer leurs vacances en dehors des périodes légales de congés. Le motif souvent invoqué est l'aspect économique, les réservations, locations et autres billets coûtent moins cher le 23 juin que le 1er juillet !
Alors que faire ?
Que répondre aux élèves qui nous disent l'œil un brin provocateur qu'ils ne viendront plus à partir du 23 juin ?
Que dire à la jeune fille qui nous remet un certificat médical en avouant sans aucune gêne qu'il couvre son absence qui a suivi les vacances de Pâques, temps qu'elle a passé en Espagne ?
Que dire à ce garçon qui estime qu'on ne peut pas l'obliger à participer à une activité collective encadrée par les profs et qui a pour but de partager un moment de convivialité, temps qui contribue aussi à apprendre ce fameux "vivre ensemble" dont il est question dans tous les débats de société aujourd'hui ?
Comment réagir aux demandes des clubs de foot qui nous informent que tel ou tel élève sera absent deux jours avant le début d'un congé parce que le club va jouer un tournoi à Bordeaux ou à Foufni-les Berdouilles dès le vendredi après-midi ?
Comment expliquer à un jeune qui nous informe déjà aujourd'hui que ses parents vont couvrir ses absences de fin juin par un faux en écriture qui nous inventera une grand-mère décédée pour la troisième fois ?
Qui est honnête ? Qui fait bien son travail ? Qui se pose la question de l'impact sur les adolescents de ce type de double message : sois honnête, mon fils, mais pas tout le temps, pas quand ça ne m'arrange pas, pas quand tu n'as pas envie !
Et tout ça, sur fond des éternels articles dans les médias - des marronniers cela s'appelle paraît-il (les marronniers, tiens ? Les arbres qui trônaient dans les cours de récréations de notre jeunesse) - sur le scandale des institutions scolaires qui laissent les jeunes à la rue après les examens !
Que celui qui a la réponse à la question "Comment gérer la fin de l'année scolaire, en respectant le prescrit légal, mais en intégrant les petits arrangements avec cette loi ?" nous fasse un signe ! Nous sommes preneurs !
Un ensemble de directeurs des écoles secondaires libres de Mouscron