«Il ne faut exclure aucune piste» : la ministre Valérie Lescrenier veut créer 5.000 nouvelles places d'accueil pour la petite enfance d'ici 2030

1.700 places d'accueil ont disparu ces cinq dernières années en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les milieux non-subventionnés sont en souffrance.
Ce mardi soir, l'émission Place publique a mis en lumière la problématique de l'accueil de la petite enfance.
En 2024, la Wallonie picarde comptait 3369 places d'accueil, soit un taux de couverture de 43,2 %. C'est mieux que le taux de couverture en province de Hainaut, qui s'élève seulement à 31,7 %, un chiffre inférieur au seuil minimal européen de 33 %.
Il existe des disparités entre les 23 communes de notre région. Le meilleur élève est, de loin, Enghien, avec un taux de 61,6 % et 207 places d'accueil, ce qui signifie qu'il y a deux places pour trois enfants. Brugelette (54,6 %) et Tournai (52,3 %) complètent le top 3.
En revanche, Mont-de-l'Enclus arrive en dernière position avec seulement 8 places d'accueil et un taux de 8,8 %. Ellezelles (20 %) et Lessines (22,8 %) ferment également la marche.
Nous avons perdu 1700 places ces cinq dernières années, principalement dans les milieux d'accueil non subventionnés. Il ne faut pas en perdre de nouvelles.
Notre région n'est pas la plus critique, mais la difficulté pour les parents de trouver un lieu d'accueil est bien réelle.
"Le constat est sans appel : il manque des places en milieu d'accueil en Fédération Wallonie-Bruxelles. C'est une des priorités du gouvernement. Nous ambitionnons d'autoriser 5000 nouvelles places durant la législature. C'est un enjeu prioritaire depuis mon entrée en fonction. C'est un enjeu pour la société, pour les familles, pour les enfants et pour le marché de l'emploi", a indiqué la ministre de la Petite Enfance, Valérie Lescrenier (Les Engagés).
Le gouvernement va devoir inverser la tendance.
"Nous avons perdu 1700 places ces cinq dernières années, principalement dans les milieux d'accueil non subventionnés. Il ne faut pas en perdre de nouvelles, a souligné la ministre. Nous avons apporté des réponses pour soulager les frais de fonctionnement de ces lieux d'accueil non subventionnés. La création de 3100 places est prévue via le plan Équilibre. Les porteurs de projets rencontraient de gros freins, notamment liés à l'envolée des prix des chantiers et aux délais de finalisation. Là où c'était possible, nous avons prolongé l'échéance. Nous avons fait passer l'aide par place de 41000 euros à 51000 euros. Nous allons aussi travailler à un nouvel appel à projets, qui sera lancé à partir de 2026."
Depuis l'an 2000, plusieurs plans Cigogne ont vu le jour pour augmenter l'offre.
"Il y a 30 ans, nous étions à la moitié du nombre de places, a précisé de son côté la présidente de l'ONE, Violaine Herbaux. Depuis 30 ans, nous créons de nouvelles places, mais il y a malheureusement une forte perte dans l'accueil familial, ce qu'on appelait avant les conventionnées, mais aussi chez les accueillantes à domicile indépendantes. Nous voyons que le collectif ne parvient pas encore à compenser suffisamment cette perte de places. Nous devons continuer à investir."
"Les crèches non subventionnées sont en faillite virtuelle"
Les milieux d'accueil non subventionnés sont en grande difficulté financière.
"1000 places dans des milieux subventionnés ont été créées au cours des quatre dernières années. 2700 places ont été perdues dans les crèches non subventionnées ou chez des accueillantes indépendantes. Ces crèches et accueillantes sont en souffrance, constate Philippe Van Ophem, cofondateur de l'asbl Impactoo. Même si cela coûte cher pour les parents, les rentrées financières ne couvrent pas les coûts de fonctionnement. Elles sont en faillite virtuelle. Une crèche non subventionnée dispose d'un budget de 10000 euros par place et par an pour fonctionner. Une crèche communale dispose de 23200 euros. Ce qui explique qu'elles débranchent la prise."
"On veut élargir le champ des possibles"
Élisabeth Degryse, ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles en charge du budget, a annoncé une diminution de 3,5 millions d'euros des moyens alloués à l'ONE.
"Il faut ouvrir les yeux sur la réalité budgétaire. Un effort est demandé à l'ONE sur un budget de 700 millions d'euros. Il n'y a pas que la mission d'accueil. Je souhaite que les budgets soient affectés aux missions prioritaires de l'ONE", a réagi Valérie Lescrenier sur notre plateau.
Un bureau d'études va travailler sur la problématique de l'accueil de la petite enfance dans le cadre du prochain appel à projets de 2026.
"Il ne faut exclure aucune piste, il faut étudier l'ensemble de l'offre en veillant à la qualité et à l'accessibilité. Je suis obsédée par la viabilité économique des milieux d'accueil. Fonds publics ou privés, lorsqu'on investit dans un projet, c'est pour qu'il porte ses fruits. On veut élargir le champ des possibles au niveau de la sélection des modèles, notamment le co-accueil. Il faut aussi regarder dans les pays voisins pour, peut-être, y chercher des solutions innovantes. On doit travailler ensemble, public et privé. Il n'y a pas une seule réponse", a ajouté la ministre.
J.C.