Enghien est la commune de la zone de police Sylle et Dendre la plus touchée par la criminalité

Enghien est la commune de la zone de police Sylle et Dendre la plus touchée par la criminalité

Enghien est la commune de la zone de police Sylle et Dendre la plus touchée par la criminalité

La zone de police Sylle et Dendre a fait son bilan pour 2024 : la criminalité est stable, mais les effectifs sont en diminution.

Ce lundi, la Zone de police Sylle et Dendre a fait le point sur l'année 2024 et présenté les défis qui l'attendent pour les prochaines années. Le chef de corps, Thierry Dierick, a notamment expliqué les difficultés de recruter du personnel. " Je suis arrivé dans la zone en 2019, l'objectif à l'époque était clair : il fallait recruter de l'opérationnel. En 2022, nous avions atteint l'objectif avec 91 personnes. Mais depuis, il y a eu des départs à la pension et des départs "mobilité", nous avons 5 personnes en moins ", explique le chef de corps. Une situation qui s'explique par le nouveau processus de recrutement. " Il faut environ deux ans pour recruter quelqu'un. S'il réussit au terme de la formation Une autre difficulté, c'est le taux d'absentéisme qui est assez élevé. Pourquoi ? Une nouvelle culture se met en place. Et puis, quand on est moins nombreux, cela a aussi un impact sur le personnel. " Autre tendance remarquée au niveau du personnel : il se féminise. " On compte aujourd'hui 33 % de femmes au niveau opérationnel, principalement à la proximité. "

Ces dernières années, la ZP Sylle et Dendre a mené un projet de mutualisation avec les zones des Collines, d'Ath et de Beloeil-Leuze. " On s'est rapprochés pour collaborer et être plus efficients. Nous avons d'abord travaillé avec la zone des Collines et, depuis septembre 2023, nous avons mis en place la surveillance mutualisée des personnes privées de liberté. Nous mutualisons aussi la protection des données personnelles : un collaborateur est dédié à cela au profit de quatre zones. Depuis 2024, chaque zone de police a un enquêteur rappelable. Si on a besoin de moyens supplémentaires, on peut ainsi rappeler les enquêteurs des 3 autres zones. Ce fut le cas pour l'enfant qui a disparu à Brugelette. " Les zones ont également un gradé de permanence tous les jours entre 14h et 7h. " Il peut être sollicité à tout moment. "

Commissariat de Brugelette/Chièvres : construction ou rénovation ? Toujours pas tranché

Au niveau des infrastructures, la zone a aussi évolué ces dernières années avec la construction du commissariat de Silly, le déménagement de la proximité à Enghien. Mais il reste toujours la question du commissariat de proximité pour Chièvres et Brugelette. En 2024, la proximité de Brugelette a fermé et déménagé à Chièvres, car les bâtiments n'étaient plus conformes. " La réflexion pour Chièvres-Brugelette est toujours en cours. Nous avons signé une convention avec Ipalle pour la construction d'un commissariat adjacent au recyparc. Une réunion avec Ipalle et l'architecte est prévue prochainement pour présenter le projet et voir les incidences budgétaires. Nous avons aussi demandé à Ipalle d'estimer le coût de la rénovation des bâtiments de Chièvres. En fonction de la décision du collège de police, une présentation pourrait être faite au conseil le 11 juin ", précise Thierry Dierick. Une nouvelle visite des actuels bâtiments est prévue prochainement pour que tous les acteurs puissent avoir tous les éléments en main avant de se prononcer. " Les syndicats nous ont donné un an pour trouver une solution ", rappelle Zoé Delhaye, bourgmestre de Chièvres.

Dans ce dossier, ce sont les finances qui guideront sans doute le choix du nouveau collège de police. Car la situation financière de la zone reste préoccupante. " En 2015, notre budget était de 7,2 millions d'euros. En 2024, on avoisine les 12 millions. Les crises Covid et la guerre en Ukraine ont eu un gros impact. Pour rappel, les dépenses de personnel représentent 85 à 86 % du budget. L'intervention du fédéral est de 48 %, et 45 % viennent des dotations communales. "

Malgré tout, la zone a investi ces dernières années dans de nouveaux équipements et de nouveaux véhicules. En 2022, il y a donc eu le nouveau commissariat de Silly, avec son mobilier, ses armoires intelligentes (pour les armes, les clés de véhicules,), son local d'audition vidéofilmée. En 2023, de nouveaux gilets pare-balles ont été achetés, ainsi que des bodycams, du matériel radar, une moto et six véhicules.

Des caméras, une priorité pour Enghien

En 2024, le 101 a reçu environ 9.000 appels. Les interventions ont augmenté avec 6.128 en 2024. Par contre, au niveau de la criminalité enregistrée, " on a une stabilisation depuis plusieurs années avec environ 2.300 faits. Mais cela fluctue au niveau des communes. En 2024, cela a augmenté à Lens et Silly, mais diminué dans les autres communes. " La commune avec le plus haut taux de criminalité est Enghien, " c'est normal avec près de 15.000 habitants et la présence de la gare, du collège, de l'athénée. " Jurbise est la deuxième commune en termes de criminalité sur la zone, " mais cela baisse depuis 2020. " Grâce aux caméras ? " C'est difficile à dire ", estime le chef de corps. Les caméras sont en effet utilisées par la police pour les aider dans les enquêtes plutôt que pour le côté dissuasif. " Mais dans certains cas, cela peut avoir un impact. " La commune d'Enghien réfléchit d'ailleurs à l'installation de caméras, c'est l'une des priorités du bourgmestre Marc Vanderstichelen. " J'en ai encore parlé tout récemment avec notre directeur général. La criminalité à Enghien est surtout due à la gare. Les gens viennent de Bruxelles, commettent des délits et repartent via la gare ", explique le bourgmestre. Des caméras pourraient donc être installées dans le quartier de la gare. Du côté de Chièvres, Zoé Delhaye explique " qu'une réflexion est en cours " également.

Au niveau de la criminalité, la zone de police Sylle et Dendre avait fait des cambriolages dans les habitations l'une de ses priorités. " En 2016, on avait 387 faits, il y en a eu 178 en 2024. Cela a bien diminué, mais cela ne diminue plus maintenant. Nous devrons poursuivre nos efforts dans le prochain plan zonal de sécurité. À noter que 50 % des faits sont des tentatives de vol, les voleurs n'ont pas su rentrer. Il est donc important de se sécuriser. "

La criminalité informatique et les fraudes sont par contre en forte augmentation. Les chiffres ont doublé entre 2018 et 2024, " et nous n'avons connaissance que d'une partie, on estime que seuls 10 % portent plainte. Nous devons travailler sur la prévention. "

Les chiffres de 2024 pour la sécurité routière ne sont pas encore complets, mais il y a eu plus d'excès de vitesse en 2024, " puisqu'il y a une augmentation du nombre de radars. On en compte 8 sur la zone et deux sont encore en attente. " Augmentation aussi des infractions GSM au volant, là aussi à cause d'un plus grand nombre de contrôles. Par contre, les accidents avec lésions corporelles ont tendance à baisser. " C'est à la baisse depuis 10 ans. Mais sur les 3 dernières années, cela ne diminue plus. Par contre, les séquelles sont moindres grâce à des véhicules de plus en plus sécurisés. "

Parmi les autres types de criminalité, notons que les vols par ruse sont de moins en moins fréquents. Les stupéfiants sont également en diminution, " mais c'est au regard de l'action policière : si on contrôle plus, on aura plus de faits. Nous mettrons d'ailleurs un accent là-dessus dans les prochaines années, notamment aux abords de la gare d'Enghien. " Les chiffres des violences intrafamiliales sont par contre toujours inquiétants. " Il y en a tous les jours. " Grosse augmentation aussi des faits liés aux médias sociaux comme le harcèlement ou l'atteinte à l'honneur avec presque 70 % d'augmentation de ce type de faits depuis 2018.

Le nombre de PV dressés est en augmentation. " On en comptait 5.500 en 2022, il y en a eu plus de 7.000 en 2024, avec moins de policiers. " Les plaintes au commissariat augmentent également. " Mais la possibilité de faire des plaintes en ligne n'est pas encore fort utilisée. " Les sanctions administratives communales (dépôts sauvages, voitures mal garées,) sont également en augmentation.

Dans son travail, la police peut compter sur des innovations technologiques. " Nous avons pas mal travaillé cette année avec une application développée par la police d'Anvers. Via une tablette, on peut consulter des bases de données, prendre des photos pour les constats, dresser des PV, " La zone travaille aussi avec Wocodo, une base de données des domiciliations des communes. " Et puis nous avons aussi les armoires intelligentes qui permettent d'être plus efficaces et d'éliminer des abonnements radio grâce à la mutualisation. Les bodycams marchent pas mal. Et la prise de rendez-vous en ligne a été mise en place en 2023, son utilisation est croissante. "

La zone met aussi l'accent sur la prévention et la communication. Elle a ainsi une page Facebook très animée. Et elle a été primée pour ses campagnes avec le personnage d'Hortense Padup, mise sur pied avec les citoyens des partenariats locaux de prévention. " Cela nous a valu d'être présents au village policier le 21 juillet. "

Un débat à lancer sur la fusion des zones

Dans ses perspectives, la zone de police doit sortir son nouveau plan zonal de sécurité d'ici le mois d'octobre. Et puis, le chef de corps veut lancer le débat sur la fusion des zones de police. C'est en effet dans l'accord de gouvernement. " Il vaut mieux anticiper que subir. Nous allons lancer le débat pour voir les avantages, les inconvénients. Si on fusionne, avec quoi ? Nous avons un territoire un peu particulier avec des communes de Wallonie picarde et du bassin montois. Le collège de police précédent ne voulait pas de la fusion. Qu'en sera-t-il de l'actuel ? Il faut lancer le débat. "

Autre défi, le défi budgétaire. " Ce sera un débat difficile. Jusqu'ici, nous avions un boni cumulé, mais il s'estompe, il va donc falloir se positionner, optimiser les ressources et parler de refinancement. "

Il y a aussi le défi technologique : " l'intelligence artificielle peut être un outil d'aide, mais aussi amener de nouvelles formes de criminalité. Il faudra faire attention à la fracture numérique, tant pour le personnel que pour le citoyen. " Et puis, il faudra aussi travailler à la simplification administrative : " on a des gens qui ne sont presque qu'au bureau pour des tâches administratives, alors que le citoyen veut voir le policier sur le terrain. "

De son côté, le bourgmestre d'Enghien, Marc Vanderstichelen, voit aussi une autre priorité : " Il est temps que la Région prenne le problème des gens du voyage à bras-le-corps. Elle doit investir dans des terrains appropriés. " Il n'est en effet pas rare que des gens du voyage s'installent à Enghien, soit sur les parkings de Nautisport, soit sur les voiries du zoning Qualitis. " Et la police est assez démunie face à cela, puisqu'elle doit faire appel à la Justice de Paix. " Enghien doit aussi faire face à beaucoup de plaintes de nuisances concernant des jeunes qui font du rodéo urbain. " Mais cela concerne un nombre limité de personnes ", précise le chef de corps.


S.L.