«Je préfère voir une personne valide râler qu'une personne à mobilité réduite souffrir» : la place de la personne handicapée s'invite à la table du conseil communal d'Ath

«Je préfère voir une personne valide râler qu'une personne à mobilité réduite souffrir» : la place de la personne handicapée s'invite à la table du conseil communal d'Ath

Le débat a découlé d'un point inscrit à l'ordre du jour concernant le règlement relatif au stationnement.

Lors du conseil communal de ce jeudi soir, les élus athois étaient invité à voter le règlement relatif aux réservations de stationnement pour les personnes handicapées. "Vous savez qu'on est régulièrement interpellé par des citoyens pour la création d'emplacements PMR. Il y a une réglementation très claire qui existe sur certains aspects, mais notre service a voulu un peu clarifier davantage la question", a détaillé le président de séance, Bruno Lefèbvre. Purement technique, ce point n'a suscité aucune remarque à proprement parler, mais a plutôt permis d'ouvrir la réflexion sur l'accessibilité du centre-ville aux personnes en situation de handicap.

Stéphane Delfosse, conseiller d'opposition et lui-même titulaire d'une carte PMR, a pris la parole pour exprimer ses difficultés personnelles face à la configuration actuelle des emplacements. "Quand je me gare sur la Grand-place, l'espace réservé est vraiment limite. Comment une personne en chaise roulante ou avec des béquilles peut-elle sortir aisément de son véhicule ?", a-t-il questionné.

L'élu a appelé à un réexamen des dimensions des places PMR, quitte à sacrifier quelques places de stationnement pour les valides. "Je préfère voir une personne valide râler qu'une personne à mobilité réduite souffrir", a-t-il ajouté.

De son côté, Ysaline Rémy, échevine en charge des personnes handicapées et des PMR, a reconnu les difficultés rencontrées, en rappelant que le caractère historique du centre-ville posait des contraintes structurelles. "Mais cela ne doit pas nous empêcher d'améliorer la situation", a-t-elle assuré, en promettant une réflexion conjointe avec les échevins de l'Égalité des chances et de la Mobilité.

Laurent Postiau a rappelé que ce problème n'était pas nouveau : "Cela fait sûrement dix ans que j'en parle au conseil." Il a illustré les difficultés rencontrées par les personnes en chaise roulante, en particulier sur la Grand-place, où certaines places PMR obligent les usagers à traverser la rue dans des conditions périlleuses. Il a aussi suggéré d'ajouter une place de stationnement dans la rue de Brantignies, estimant qu'un tel aménagement ne poserait pas de problème majeur en termes de disponibilités.

La culture moins accessible aux personnes handicapées ?

En fin de séance, Valentin Vigneron (MR) a interpellé le collège sur l'accès à la culture pour les personnes en situation de handicap. Si des avancées ont été réalisées en matière d'accessibilité, le conseiller déplore un manque de visibilité des dispositifs existants et une reconnaissance insuffisante de la carte d'inclusion européenne.

Dans les communes voisines comme Lessines ou Brugelette, la carte "European Disability Card" est reconnue et permet de bénéficier notamment d'entrée gratuite ou de réduction tarifaire dans des sites tels que l'Hôpital Notre-Dame à la Rose ou encore Pairi Daiza. "Á Ath, aucune initiative similaire ne semble avoir été mise en place, ou, si elles existent, elles sont probablement insuffisamment relayées par les supports d'information" précise le conseiller libéral. Celui-ci a aussi pointé une incohérence tarifaire dans certains établissements, citant l'exemple de la Maison des Géants, où la réduction pour les personnes à mobilité réduite ne s'élève qu'à un euro. Il plaide ainsi pour une politique culturelle plus inclusive et équitable pour tous.

Ludivine Gauthier, échevine de la Culture, a, de son côté aussi, reconnu l'importance de l'inclusion culturelle tout en rappelant que la Maison culturelle proposait déjà des tarifs réduits bien avant la mise en place de la carte européenne en 2015. Elle a également mis en avant d'autres initiatives locales telles que l'article 27, qui permet aux bénéficiaires sociaux d'accéder à des activités culturelles pour un tarif symbolique de 1,25€, ainsi que les " tickets suspendus. "C'est une action solidaire qui vise à offrir un billet à quelqu'un", a-t-elle précisé.

L'échevine de la Culture a également insisté sur les projets concernant l'accès physique aux personnes à mobilité réduite : accompagnement personnalisé lors de certains événements (Sortilèges, visite d'expositions, etc), sièges spécifiques prévus au cinéma et à la salle de spectacle "le Palace", présence d'une référente Culture pour tous et collaboration avec des homes pour faciliter les déplacements des résidents.

"La Maison culturelle d'Ath est donc très attentive à rendre la culture accessible à tous, que ce soit financièrement, géographiquement, physiquement ou symboliquement", a ajouté Ludivine Gauthier (PS).


A.D.