Suzanne Prédour, une Leuzoise aux 1000 idées : «Il y a en moi une joie de vivre»

Suzanne Prédour est installée à Grandmetz depuis des décennies. Cette artiste textile connue sous le pseudonyme de Zon a aussi développé l'art de tisser des liens multiples dans la cité bonnetière. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle affectueusement "Mme 1000 idées".
C'est au Congo que naît Suzanne il y a un peu plus de 80 ans : son papa s'occupe d'une plantation et sa maman qui est secrétaire fait preuve de créativité pour améliorer le quotidien: elle fabrique rideaux et meubles, vend ses oeufs de poule et les oeillets de son magnifique jardin. "La végétation et l'accueil de la population" m'ont laissé un souvenir impérissable. Alors qu'elle a 14 ans la famille rentre après un voyage jusqu'en Afrique du Sud.
Retour à Bruxelles
C'est une vie bien différente qui attend Suzanne en Belgique, "l'horreur de l'uniforme et des classes sociales". La jeune fille hésite entre les mathématiques ou le dessin. Elle optera pour le second. "A Bruxelles, je sors au cinéma, aux concerts, je vais voir Béjart et je fais du théâtre avec Francis Delperée".
Elle enseignera le dessin scientifique brièvement à Huy puis toute sa carrière à Namur.
L'âme voyageuse...
Le virus du voyage la pousse à participer aux caravanes de la jeunesse dans un kibboutz en Israël et en Tunisie. C'est là qu'elle rencontre celui qui deviendra son mari, un professeur d'horticulture breton: "on voyageait en 4L et on échangeait nos jeans conte des pierres". En 1973, les français ne sont plus les bienvenus en Tunisie, le couple rentre et achète en 1976 un maison à Grandmetz. "Plus de 20 ans de restauration". Dans ce nouveau village, le contact s'établit grâce aux 3 enfants qui fréquentent l'école maternelle.
... et la solidarité chevillée au corps
En 1973 au Chili, un coup d'état mène au pouvoir le sinistre Augusto Pinochet. Suzanne participe à la création de l'antenne d' Amnesty International à Namur puis à Leuze. Le combat de l'association plus tard contre les violences faites aux femmes en Belgique la pousse à initier le collectif des femmes leuzoises, la "Commission Pluri'elles".
En 1996, alors que l'heure de la retraite sonne, Suzanne se lance dans ses activités artistiques liées au fil et au textile et c'est comme cela que dans la cité bonnetière naissent plusieurs collectifs comme les "Fil'Leuzes" et les "Froufrouleuzes" qui mettent en valeur la passé de Leuze ou revalorisent les vêtements de seconde main.
Suzanne Prédour est également impliquée dans le mouvement "Leuze en transition". Elle tricote aujourd'hui de la layette pour les nouveaux-nés de Bukavu et participe aux activités des équipes sociales et solidaires pour sensibiliser à l'accès au logement ou aux soins de santé et offrir un goûter de Noël aux plus démunis.
Et de conclure: "Il y a en moi une joie de vivre", un beau moteur inspirant.
Aniko Ozorai