L'agence du Patrimoine réagit à l'enlèvement de la tête de gorille à Tournai : «Nous ne l’avons jamais demandé»

Cette fameuse tête de gorille marque décidément le changement de mandature à Tournai. Paul-Olivier Delannois (PS) avait précipité les choses en installant l'oeuvre dans le parc Georges Brassens, quelques jours avant de quitter le mayorat. Et l'une des toutes premières décisions de Marie Christine Marghem (MR) aura été de déboulonner une statue qui, dit-elle, n'avait pas été autorisée par l'agence wallonne du patrimoine.

Elle n'avait pas été autorisée, mais elle n'avait pas été refusée non plus, a confirmé l'Awap ce mercredi. " Nous n'avions aucun souci particulier avec l'installation de cette statue à cet endroit et nous avions marqué un accord de principe, explique l'AWAP. Nous aurions préféré qu'on respecte les procédures et qu'on attende l'obtention du permis d'urbanisme, mais nous n'avons en aucun cas demandé l'enlèvement de cette tête de gorille, qui s'inscrit dans le fil conducteur de l'aménagement de ce parc. "

Une demande auprès de l'agence wallonne a été introduite dès janvier 2022 et une première réunion de " certificat de patrimoine " s'est tenue en présence de représentants de l'AWAP le 16 juin de cette année. D'autres réunions ont ensuite permis de préciser l'emplacement exact de l'oeuvre dans le parc et les recommandations pour le socle destiné à l'accueillir.

Pourquoi ne pas avoir attendu quelques semaines encore pour faire les choses totalement dans les règles ? " Je savais que si j'attendais l'installation du nouveau collège, cela ne se ferait pas, répond Paul-Olivier Delannois. Marie Christine Marghem m'a toujours dit qu'elle ne supportait pas Brassens. Comme j'avais l'accord de principe de l'AWAP, j'ai avancé. "

La tête de gorille n'est pas le seul élément installé sur un site classé à Tournai sans en avoir l'autorisation. Aucune demande n'a été introduite pour les lettres géantes TOURNAI dans la cour de l'hôtel de ville. " Cela aurait au moins dû faire l'objet d'une concertation préalable et nous l'avons signifié à la Ville ", concède l'AWAP. A notre connaissance, il n'y a cependant aucune velléité de les déplacer.

Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? " Nous sommes dans le domaine du personnel et je pense aussi du philosophique, reprend Paul-Olivier Delannois. 43 ans après sa mort, Brassens représente toujours une série de principes contraires à ceux de la grande bourgeoisie tournaisienne, bien représentée dans ce collège. Pour paraphraser Brassens, ce collège ne brille ni pas le goût ni par l'esprit, aurais-je envie de dire. Ce déboulonnage de statue, ce n'est pas du Clochemerle : quand un dictateur s'installe, la première chose qu'il fait, c'est retirer tout ce qui fait référence au passé."