ING refuse de financer le plan Oxygène d'Ath : «Je pense qu'on a la capacité d'amortir le choc un maximum»

Ath fait partie des 7 villes wallonnes exclues par la banque sur base du ratio d'endettement défini par ING.
La Région wallonne avait lancé un appel à projet dans le cadre du Plan Oxygène, visant à aider les communes en difficulté financière. Ce plan prévoyait de lever 350 millions d’euros en 2024, par le biais d’un emprunt auprès des banques. Seule la banque ING a répondu à l’appel à projet, mais avec des conditions strictes, et pour un montant bien en deçà des attentes, soit 82 millions d’euros.
Selon les révélations des journalistes de L'Echo, ING a refusé de financer plusieurs villes. Aux côtés de Liège et Charleroi, déjà exclues du financement en 2023, s'ajoutent désormais Mons, Namur, La Louvière, Verviers, et Ath. Pour ces villes, la situation devient particulièrement préoccupante.
Florent Botte, directeur financier de la ville d'Ath, explique que cette exclusion a été établie sur base du ratio d'endettement des communes, un critère imposé par ING pour décider des bénéficiaires du financement. "Malgré nos efforts significatifs, avec une réduction de 25% de notre dette historique au cours de cette mandature, ce n'est pas encore suffisant pour rentrer dans des ratios intéressants pour ING", déplore-t-il.
La ville d'Ath, qui a durement travaillé pour améliorer ses finances, se retrouve malgré tout sur la liste noire de la banque. Cette exclusion place la commune dans une situation financière délicate. "Cette aide est indispensable. Nous avons encore assez de trésorerie pour tenir jusqu'à la fin de l'année, mais si nous n'obtenons pas d'aide en 2024, cela risque de poser un réel problème", a alerté le directeur financier.
Une lueur d'espoir
Pour autant, Florent Botte se veut confiant et optimiste pour 2024. Selon les informations que le directeur financier a pu obtenir, la banque Belfius pourrait se montrer plus souple, en participant au plan sans imposer les mêmes restrictions qu'ING. "En 2024, nous devrions bénéficier de l'aide. D'après ce que j'ai entendu, Belfius a remis prix sans imposer d'exclusive", a-t-il affirmé.
De plus, la ville d'Ath n'a pas attendu pour réagir. "Nous travaillons activement avec le directeur général, le directeur général adjoint et le collège communal pour trouver des pistes afin d'amortir la dette au maximum", a poursuivi Florent Botte. Parmi les mesures envisagées, il évoque des départs à la retraite anticipés et d'autres stratégies de gestion budgétaire pour alléger le fardeau financier de la commune.
Le défi principal réside dans les années à venir, notamment 2025 et 2026. "Est-ce qu'il y aura encore des banques prêtes à prêter de l'argent aux communes ?", se demande Florent Botte. Le désengagement de certaines banques, couplé à des conditions de plus en plus strictes, pourrait rendre la situation des villes wallonnes encore plus difficile à gérer à moyen terme.
Et dans le pire des cas ?
Selon Florent Botte, si la ville d'Ath ne bénéficie pas du Plan Oxygène en 2024, le scénario pourrait devenir beaucoup plus sombre. "Dans le pire des cas, nous pourrions faire face à un manque de trésorerie de 3 à 4 millions d'euros dès 2025", a-t-il averti. Une telle situation obligerait la commune à prendre des mesures drastiques.
"Tout est fait pour éviter les licenciements, mais si nous n'obtenons pas l'aide, le personnel risque de devenir une variable d'ajustement inévitable", a-t-il expliqué. Le directeur financier souligne toutefois que les efforts sont concentrés sur la recherche de solutions alternatives pour éviter cette issue. "Nous devrons anticiper davantage notre plan de gestion et mettre en place des mesures qui permettront de redresser la barre de manière structurelle", ajoute-t-il.
"Mais je pense qu'on a la capacité d'amortir le choc un maximum" conclut Florent Botte.
A.D.