Pollution aux PFAS : Céline Tellier réclame la mise en place d’un Master plan interfédéral

Une semaine après la divulgation des résultats du biomonitoring PFAS réalisé sur 1836 habitants de la région de Chièvres, la ministre de l'Environnement Céline Tellier (Ecolo), a de nouveau été entendue lors de la commission environnement du parlement wallon. Une audition qui fait suite à une demande des partis politiques Les Engagés, MR et PTB. "Je ne m'attendais pas à siéger encore au sein de cette commission en tant que ministre de l'Environnement alors que l'assemblée parlementaire a été renouvelée au profit d'une nouvelle majorité. Mais comme le veut apparemment le jeu politique, je répondrai à nouveau à vos questions, bien que nos échanges aient été abondants, réguliers et très nourris sur le dossier des PFAS depuis de nombreux mois", a d'emblée précisé Celine Tellier.

La ministre sortante a ensuite plaidé pour la mise en place d'un Master plan interfédéral. "Il s'agira de mettre en place un plan PFAS impliquant l'ensemble des différents niveaux de pouvoir, en ce compris le niveau européen et les différents ministères, dont ceux de la Santé et de l'Économie, pour éradiquer ces substances à la source et tenter de dépolluer notre environnement de ces polluants éternels dans toutes leurs sources d'exposition" a-t-elle étayé. Ce plan prévoit aussi "d'appliquer le principe du pollueur-payeur pour aider à indemniser les victimes de ces pollutions". La ministre de l'Environnement a également rappelé que le problème devait se combattre à la source : "vu la présence massive de ces polluants dans notre environnement, je reste persuadée que la seule et unique manière de mettre un terme à l'exposition de nos concitoyens est de tarir à la source leur diffusion, en retirant les PFAS des substances chimiques autorisées sur le sol européen. Notre industrie chimique doit se réinventer et notre rôle est de l'y mener pour mieux protéger la santé de nos concitoyens et d'arrêter de jouer à l'apprenti sorcier".

Un travail de deux ans réalisé en 6 mois

Lors de cette audition, Celine Tellier a aussi tenu à s'expliquer sur les délais d'obtention des résultats, jugés trop longs par certains, mais obtenus en un temps record pour la ministre: "Six mois, alors que la réalisation d'un travail de cette ampleur prend généralement deux ans, et ce, encore, malgré la pression médiatique et politique extrême exercée par certains partis". Pour Céline Tellier, "il était jugé impensable pour un sujet aussi sensible et surexposé médiatiquement de laisser les citoyens seuls face à des chiffres complexes à interpréter. Il ne s'agissait pas de restituer simplement de simples tests de prise de sang, mais bien les résultats d'une étude scientifique comparative éclairée par la comparaison avec des valeurs-santé pertinentes, mais aussi en comparaison avec l'ensemble des résultats de la population wallonne".

Si de nombreuses substances chimiques sont présentes dans l'environnement depuis des décennies, la connaissance sur les PFAS est encore récente même si elle tend à s'améliorer. "En 5 ans, nous avons fait réaliser 3 biomonitoring complets pour enfin regarder cette réalité en face et non plus se mettre des oeillères face à la présence de ces polluants dans notre environnement", a expliqué la ministre. Le premier biomonitoring a été effectué sur la population wallonne et a permis de mettre en lumière des valeurs de référence. Le second s'est focalisé sur les riverains des broyeurs à métaux et a mis en évidence l'imprégnation de certaines substances dans le sang. Enfin, le dernier biomonitoring concerne les PFAS.

"Je plaide pour que les résultats présentés la semaine dernière ne soient pas la conclusion, mais bien l'impulsion pour que tous les acteurs publics prennent la mesure de l'ampleur du chantier qui est devant nous" a aussi lancé Céline Tellier.