Boni de 583 000 euros pour le compte de Chièvres : «Heureusement qu'il y a un effet d'opportunité grâce aux recettes de transfert, sinon, la situation aurait été catastrophique»

Boni de 583 000 euros pour le compte de Chièvres : «Heureusement qu'il y a un effet d'opportunité grâce aux recettes de transfert, sinon, la situation aurait été catastrophique»

L'opposition continue de s'inquiéter pour les finances de la ville de Chièvres. Pour le directeur financier, il faut absolument changer la méthodologie et la manière de fonctionner pour avoir des prévisions beaucoup plus réalistes.

Boni de 583 000 euros pour le compte de Chièvres : «Heureusement qu'il y a un effet d'opportunité grâce aux recettes de transfert, sinon, la situation aurait été catastrophique»

Arrivé il y a 4 mois au sein de l’administration communale, Olivier Gago y Mantero, le nouveau directeur financier a présenté pour la première fois les comptes de la ville de Chièvres ce mercredi soir lors du conseil communal. Si le boni à l’ordinaire s’élève à quelque 583 000 euros, le directeur financier met en garde : "c’est un peu anormal que Chièvres dégage un tel boni quand on voit que toutes les communes sont en difficulté". Rappelons que pour l'exercice 2022, le résultat comptable se soldait avec un déficit de près de 400 000 euros.

Le Directeur financier a alors analysé les différentes recettes et dépenses afin d'expliquer la situation financière actuelle. Si les dépenses ont globalement augmenté, c'est principalement au niveau des frais de fonctionnement que la hausse est la plus élevée (+ 20 %). Cela s'explique en grande majorité par l'inflation d'une part, mais aussi la crise énergétique. "Quand on regarde l'augmentation des dépenses pour la ville, c'est 40 000 euros de dépenses nettes en plus sur l'exercice par rapport à 2022. C'est colossal pour un budget communal", souligne Olivier Gago y Mantero.

On n'a pas les moyens de suivre le rythme des dépenses que l'on a actuellement

Par ailleurs, les recettes ont elles aussi fortement augmenté. Pour comprendre ce résultat, il faut principalement s'intéresser aux recettes de transfert (+21 %) et principalement au produit de la fiscalité. "Il y a un effet one shot de la recette de l'impôt sur les personnes physiques. En 2023, on a quatorze mois puisqu'il y a eu un rattrapage du rythme d'enrôlement. Et donc, on a eu plus d'un million de recettes complémentaires" détaille Olivier Gago Y Mantero. Cette recette exceptionnelle n'arrivera qu'une seule fois, raison pour laquelle le Directeur financier met en garde : "Sans cette recette, on aurait plus que probablement été en déficit à nouveau cette année, comme en 2022. Donc ça veut dire aussi qu'en fait, on n'a pas les moyens de suivre le rythme des dépenses que l'on a actuellement". Le boni dégagé par ce résultat comptable sera alloué au fonds de réserve ordinaire.

Mais le Directeur financier pointe également des problèmes dans les taux de réalisation extrêmement bas. Alors que l'idéal est d'atteindre 98 %, certains postes peine à atteindre les 80 % de taux de réalisation. "On a un vrai souci de prévision. Cela veut dire qu'on alloue des moyens qui ne sont pas mis en œuvre pour différentes raisons, soit pour des marges de sécurité ou parce que nous ne disposons pas des moyens humains nécessaires pour réaliser ces dépenses" explique le Directeur financier.

Changement de méthode pour des budgets plus réalistes

Pour le directeur financier, le constat est clair : "il faut absolument changer de méthodologie. La manière dont on fonctionnait, c'est la manière de fonctionner des villes et communes wallonnes il y a encore 10 ans. On ne peut plus se permettre de fonctionner de cette manière-là". C'est donc un nouveau mode de fonctionnement, impliquant davantage les différents services en interne qui commencent à se mettre en place afin "d'avoir des budgets qui soient plus réalistes et plus en phase avec les projets de chacun".

Didier Lebailly, échevin Ecolo s'inquiète d'ailleurs de certains constats effectués par le Directeur financier. "Certains termes comme "prévisions budgétaires inexactes", "manquement du suivi administratif" ou encore "part d'incertitude au niveau de certains postes" m'interpelle. En tant qu'élus, on a de quoi s'inquiéter, nous qui nous reposons entièrement sur une administration".

En tant qu'élus, on a de quoi s'inquiéter, nous qui nous reposons entièrement sur une administration

Du côté de l'opposition, si on a salué le travail effectué par le nouveau Directeur financier ainsi que la nouvelle méthodologie qui se dessine, la situation continue aussi de susciter des craintes. "Ce qui est inquiétant, c'est que la vision stratégique de long terme demandée par l'opposition depuis plusieurs années n'a toujours pas été mise en place", déplore la conseillère d'opposition Zoé Delhaye. Mais pour l'échevine des Finances, Valérie Voronine (PS), engager un Directeur financier local fait bien partie d'une stratégie à long terme. "Ce n'est pas monsieur le Directeur financier qui, seul, décide de changer les méthodes. C'est en parfaite harmonie avec les mandataires" a-t-elle répliqué.

Malgré un règlement de compte personnel entre l'actuelle échevine des Finances et l'ancienne élue en charge du budget, tous partage au moins une envie commune : avoir des finances saines pour continuer à vivre sereinement.


A.D.