Frasnes : le bugdet 2024 recalé par l'opposition

Frasnes : le bugdet 2024 recalé par l'opposition

Frasnes : le bugdet 2024 recalé par l'opposition

Les conseillers de l'opposition s'inquiètent pour l'avenir de la commune et n'ont pas mâché leurs mots.

Après l'avoir présenté vendredi dernier à la presse, Sébastien Dorchy, l'échevin des Finances (MR) a détaillé le budget 2024 de Frasnes-lez-Anvaing ce lundi soir lors du conseil communal. Un budget qui présente à l'ordinaire un boni de 14.025,42 € à l'exercice propre et un boni général de 213.212,21 €. A l'extraordinaire, 67 projets d'investissements pour un montant de 16.922.512,13 €, subsidiés à 45%, sont prévus.

Pas suffisamment de choix opérés

"En présentant ce budget, ne prenez-vous pas les conseillers et la population pour des naïfs ?", questionne Didier Verdoncq (Ecolo). Le conseiller vert étaie son interrogation en reprenant l'avis du directeur financier : "La situation financière de la commune me préoccupe grandement. Si l'équilibre est atteint, le boni à l'exercice propre est seulement de 14.000 €. Les perspectives sont particulièrement inquiétantes étant donné qu'elles laissent apparaître un potentiel déficit chronique à partir de 2025. Par ailleurs, la charge d'emprunt risque de devenir insoutenable."

Didier Verdoncq regrette qu'aucun choix n'ait été fait au niveau des projets, remarque également énoncée par le conseiller indépendant Jacques Dupire, qui évoque une fois encore son inquiétude pour l'avenir. "Nous avons longtemps eu une fiscalité modérée et des finances saines. On sent une évolution depuis des années et plusieurs éléments laissent craindre les prises difficultés. Je l'ai signalé dès 2020, mais vous m'avez écouté avec cynisme, pas sérieusement."

L'ex-échevin des Finances, fustige ainsi des inscriptions qui "embellissent le budget mais ne sont pas crédibles", regrette notamment l'absence d'initiative en faveur du tourisme et du patrimoine ou l'augmentation de certaines taxes. S'il note quelques initiatives intéressantes comme l'achat d'un bus scolaire, Jacques Dupire s'interroge sur des inscriptions moins prioritaires (le caniparc ou le parc à vélo de l'ancienne gare), le plan communal de mobilité ou la cotisation de responsabilisation.

La dette, encore et toujours

Faisant référence à son premier mandat de conseiller communal, Jean-Paul Doeraene (Ecolo), met l'accent sur l'évolution de la dette. "Rien n'a changé depuis 20 ans, la dette de la commune est trop grande. Elle a stagné un certain temps autour de 20 millions, mais est à présent de près de 27 millions. Comme il y a 20 ans, j'entends dire que la charge de la dette est supportable. Comme il y a 20 ans encore, tout est obtenu grâce au rééchelonnement de la dette."

Il termine son intervention en demandant à la majorité MR-PS si "elle est encore à la tête de la commune, elle compte maintenir l'iPP à 7% ?".

"Un budget irréaliste et électoraliste"

Pour sa part, Michel Delitte (Horizon Citoyen) pointe la cotisation de responsabilisation qui explose, la réserve de 300.000 € pour la dotation à la Zone de police ou encore la retransmission des conseils communaux pour laquelle rien n'est prévu. La situation financière préoccupe aussi le Moustinois : "Le résultat de l'exercice propre est à peine positif alors que toutes les techniques ont été utilisées pour parvenir à l'équilibre. Au final, toutes les réserves sont consommées par la gestion communale actuelle."

Se penchant sur le budget extraordinaire, Michel Delitte et ses colistiers "pensaient halluciner : avec 17 millions d'euros, c'est plus du double du budget 2023 et une fois et demie plus qu'en 2018. S'il y a des projets qui nous tiennent à coeur, restons réalistes, concentrons-nous sur quelques projets dans les limites financières de la commune et finalisons les projets à la traîne depuis des années." Il termine son intervention en émettant un cinglant "Ce budget est tout simplement irréaliste et électoraliste."

Le budget communal 2024 est voté majorité contre opposition.

Une gestion en bon père de famille

Pour sa défense, Sébastien Dorchy mentionne que "ce n'est pas parce qu'on budgète qu'on dépense. Ne pas mettre les projets essentiels pour les Frasnois dans le budget serait une erreur." Avant de reconnaître : "Je suis pleinement conscient qu'il y aura des choix à faire, qu'il y aura des projets qu'on ne fera peut-être pas, mais il faut continuer à travailler dessus."

La bourgmestre Carine De Saint Martin (MR) monte elle aussi au créneau : "L'année passée, on nous a dit qu'on manquait d'ambitions. Ici, on est prévoyants, on a mis les voies et moyens pour permettre aux projets d'évoluer et on nous le reproche. Si autant de projets ont été initiés, c'est qu'il y avait une demande." Et de défendre son échevin des Finances : "Il est le premier à dire qu'il faut faire attention aux finances communales et qu'il faut les gérer en bon père de famille."

Le chef de file libéral Vincent Duchâteau prend de la hauteur, évoquant être, à tous niveaux de pouvoir, "au bout de la façon de confectionner des budgets. Il faudra faire des choix et avoir des vues pluriannuelles." Il conclut en énonçant un voeu : "Je souhaite que toutes les parties travaillent ensemble sur des projets. Main dans la main, majorité et opposition."

La fragilité des communes

Pour le partenaire socialiste, Myriam Polet se félicite de l'emploi garanti, des nombreux et divers services assurés à la population et de l'importante dotation (1.900.000 €) accordée au CPAS. Elle note toutefois la fragilité de la situation financière de la commune, "comme dans la plupart des communes wallonnes. Les charges inhérentes aux pouvoirs supérieurs, Région et Fédéral, sont de plus en plus reportées sur le dos des communes et mettent gravement à mal leur équilibre budgétaire."


Frédérique Thiébaut