Jean-Philippe Rivière durant sa plaidoirie: «Nous ne contesterons pas l'incontestable»

Jean-Philippe Rivière durant sa plaidoirie: «Nous ne contesterons pas l'incontestable»

Jean-Philippe Rivière durant sa plaidoirie: «Nous ne contesterons pas l'incontestable»

Après Jean-Philippe Mayence, avocat des parties civiles et Ingrid Godart, avocat général, c'était au tour de Jean-Philippe Rivière, avocat de l'accusé, de plaider durant la matinée de cette 4e journée du procès de Nathan Duponcheel.

Il n'aura fallu que 12 minutes et 38 secondes à Jean-Philippe Rivière, avocat de l'accusé, pour plaider la cause de son client. Comme il le rappelle, et malgré ce qu'a un jour écrit un journaliste en comparant ce procès à un match entre les deux avocats aux prénoms similaires, ce procès "n'était pas un jeu, ni un film".

"Les photos horribles que nous avons vues durant ce procès, ce n'était pas les rushes d'un film. Les gens qui sont là sur ce banc depuis le début, ce ne sont pas des figurants. Ce sont des vraies victimes. Alors, on ne va pas jouer. Et ce n'est pas moi qui vais commencer. Surtout et particulièrement dans ce dossier-ci."

"Je vais faire une entorse à la profession"

L'avocat est contraint de respecter une série importante de règles dans le cadre de sa profession. Or, Jean-Philippe Rivière a fait une entorse à ce règlement durant sa plaidoirie. Une entorse volontaire. "Je vais en faire une, et je suis sûr que personne ne m'en tiendra rigueur. Je vais faire une entorse aux règles parce que je connaissais Alfred Gadenne. J'ai été amené à le côtoyer lorsqu'il a été question de la fermeture des établissements de cafés à une certaine heure dans l'entité de Mouscron. Je l'ai aussi croisé lors d'un tournoi d'éloquence pour lequel je figurais dans le jury. Alors moi aussi j'aurais pu témoigner. C'était un homme remarquable, facile d'accès et avec qui on pouvait parler en toute simplicité. Un homme avec qui il était possible de discuter dans des dossiers difficiles. Tous les témoins sont venus témoigner de cette personnalité et je sais d'expérience que c'est totalement vrai."

Le droit d'être défendu

Les avocats de la défense l'affirment. "Maitre Moulin (Joséphine) et moi, nous n'allons jamais contester l'incontestable. C'est à dire l'horreur des faits. Jamais. Mais ce n'est pas une raison pour s'assoir et dire qu'il n'y a rien à dire. Dans le box, là, il y a un gamin de 20 ans. Il avait 18 ans quand il a commis les faits. Dans un pays démocratique et civilisé, il est normal, souhaitable, indispensable, que des gens se lèvent pour dire "vous allez le condamner, vous allez le punir". Mais écoutez moi un instant..."

L'accusé est-il coupable? L'acte était-il prémédité? L'accusé portait-il ou transportait-il des objets lui permettant de les utiliser aux fins de menacer ou de blesser physiquement des personnes? Voici les trois questions auxquelles devront répondre les membres du jury lors de la délibération. Pour l'avocat de l'accusé, les réponses aux deux premières questions ne peuvent être contestées. Ce qui n'est pas le cas de la troisième. "Cette troisième question n'a plus rien à voir directement avec le décès du malheureux Monsieur Gadenne. Nathan a-t-il transporté un couteau? Oui, c'est manifeste. Mais ça, ce n'est pas interdit."

Pour rappel, lorsqu'il avait arraché son bracelet le 7 mars 2018, Nathan Duponcheel s'était rendu chez sa meilleure amie après avoir appris qu'elle entretenait une relation sentimentale avec son meilleur ami. "Dans le cas qui nous occupe, Nathan nous explique qu'il avait pris ce couteau pour se suicider. Madame l'avocat général et maitre Mayence vous disent que non. Ils prétendent que s'il s'est dirigé vers Kathleen, c'est nécessairement pour la menacer, voire pire. Alors, on ne joue pas. Moi je ne joue pas. Je ne vais pas vous dire que ce qui vous a été plaidé ne tient pas la route. Je ne vais pas dire qu'il faut croire Nathan Duponcheel sur parole. Mais moi, je ne sais pas. Et quand je ne sais pas, je ne dis rien. Le massacre commis sur Alfred Gadenne est incontestable. Vous répondrez surement oui aux deux premières questions. Quant à la troisième..."

S.Li.