Jean-Philippe Mayence durant sa plaidoirie: «J'ai appris à découvrir un homme exceptionnel»

Jean-Philippe Mayence durant sa plaidoirie: «J'ai appris à découvrir un homme exceptionnel»

Jean-Philippe Mayence durant sa plaidoirie: «J'ai appris à découvrir un homme exceptionnel»

Le 4e jour du procès de Nathan Duponcheel est marqué par les différentes plaidoiries. La parole a tout d'abord été donnée à la défense de la partie civile, représentée par l'avocat Jean-Philippe Mayence. Il s'est exprimé durant 1 heure et 40 minutes.

Avant de s'adresser aux membres du jury, Jean-Philippe Mayence, avocat de la partie civile, s'est tourné vers Agnès Gadenne et lui a adressé quelques mots, à elle ainsi qu'à d'autres membres de la famille d'Alfred Gadenne. "Comment vous dire à quel point je suis triste. Je suis malheureux de ne pas pouvoir vous donner probablement ce que vous attendez. Si triste de voir votre regard vide avec toujours votre sourire, Madame Gadenne, vous qui me regardez en me plaignant de ma charge."

Je sais qu'une douleur immense vous submerge. Dans votre désarroi, dans votre malheur, vous pensez encore aux autres. Les autres sont encore le centre du monde. Comment vous dire? Vous me donnez envie de croire en l'être humain. Pourtant, nous exerçons un métier qui, parfois, nous fait douter. Douter du monde dans lequel nous vivons. Sachez que vous me donnez espoir."

"J'ai été fier d'être le porte-parole de celui qui vous était si cher"

Comme il l'indique, Jean-Philippe Mayence ne connaissait Alfred Gadenne que de nom. Il a, durant ce procès, appris "des choses incroyables". "J'ai appris à découvrir un homme véritablement exceptionnel. Comment ne pas être humble devant un parcours comme celui-là. Un parcours fait de droiture. Un parcours fait d'humilité et d'humanité. Comment pouvoir accepter que tout ce dont on rêve, toute cette vie, cet avenir qui vous était destiné, s'achève aussi injustement? Je crains que monsieur Duponcheel n'ait pris la mesure de son geste, ni l'extrême douleur qu'il vous a infligée à vous, aux siens et à un homme. Alors, que lui se plaint de sa propre douleur.

La quête de la vérité, c'est peu de dire que vous la méritez. Je vous admire. Ce n'est pas une phrase. C'est une vérité. Je vous admire et je m'incline devant la vie que vous avez eue au service des autres. Je voudrais tellement vous souhaiter le meilleur mais je sais que c'est impossible. Vous l'aimiez tant. Si fort. Et je ne sais pas trop comment expliquer à quel point aujourd'hui il vous manque. Vous étiez un. Et la moitié de un, ça n'existe que pour subsister. (...) Je sais qu'il est dans votre coeur. Et là, personne n'ira le chercher pour vous en priver."

"Au milieu de ce drame, il y a la justice"

Après s'être adressé à Agnès Gadenne et sa famille, et après avoir pris le soin de rappeler les innombrables bons côtés de l'homme qu'était Alfred Gadenne, l'avocat de la partie civile a développé sa plaidoirie aux membres du jury. "Mesdames, messieurs les jurés. On vous a sortis de votre quotidien. L'oeuvre de rendre justice va rester en vous. On vous a plongés dans un effroyable drame. Un homme merveilleux, assassiné dans des conditions atroces par un adolescent qui pleure sur son sort et qui vous demande de le comprendre. Au milieu de ça, il y a la justice.

Mais même quand on a commis un crime aussi atroce, chez nous, ce n'est ni la lapidation ni la peine de mort. C'est un procès. C'est le temps de se pencher sur ce garçon. D'entendre ses proches et les victimes. Monsieur Duponcheel, vous qui soi-disant vouliez lutter contre l'injustice, Che Guevara (c'était le surnom donné à Nathan). Vous vous êtes permis d'exécuter une sentence de manière irrévocable. Une sentence que vous aviez décidé."

Se croire un justicier, mais de quelle justice ? De quelle justice parle-t-on ? La justice de vos chimères, monsieur Duponcheel !"

Des réponses évidentes

Les membres du jury seront amenés ce jeudi à répondre à trois questions. L'accusé est-il coupable? L'acte était-il prémédité? l'accusé portait-il ou transportait-il des objets lui permettant de les utiliser aux fins de menacer ou de blesser physiquement des personnes? Trois questions aux réponses évidentes pour Jean-Philippe Mayence qui indique aux jurés que "tous les cas ne sont pas aussi simples que celui-ci".

"Demain, il y aura un autre débat. Quel est le prix à payer pour l'acte qui a été commis? Il se fait que dans ce débat, dans notre démocratie, le législateur considère que la partie civile n'a pas droit à la parole. Parce qu'on considère que ce serait la vengeance. Ce débat limité au ministère public et à la défense.

Je vous demande votre attention, parce que je ne serai plus là après. Je vous demande de ne pas être naïfs. Je vous demande de bien comprendre l'enjeu du débat qui est le notre aujourd'hui. Alors, il n'y a qu'un enjeu. C'est la peine. Il n'y a que cet enjeu puisque la culpabilité n'est pas contestée. Et de cet enjeu, de ce débat, je serai absent. Pour les parties civiles, il n'y a qu'une chose qui compte. Quel est le prix à payer pour l'acte qui a été commis? Je ne vous donnerai pas mon avis. Rien dans la loi ne m'y empêche mais je ne le ferai pas. Je vais vous donner les pistes de ce que je considère moi être la réalité de ce dossier. Et puis, ce sera votre rôle."

S.Li.